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  • « On est fait pour s’entendre », une délicieuse comédie inspirante sur le thème de la perte auditive | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine « On est fait pour s’entendre », une délicieuse comédie inspirante sur le thème de la perte auditive 2 novembre 2021 Publié le : Sortie cinéma : « On est fait pour s’entendre » raconte avec tendresse et humour les difficultés de la condition de malentendant. Et pour cause : son réalisateur et acteur principal Pascal Elbé souffre lui-même de déficience auditive. Sortie en salles le 17 novembre et en avant-première le 12 à Genève et le 17 à Yverdon. C’est un film tendre drôle et délicat comme seuls les Français savent en faire. Un film bourré de quiproquos d’humour et bien sûr d’amour. Antoine est professeur d’histoire et un tantinet gaffeur. Un beau métier certes mais qui devient de plus en plus difficile à exercer lorsqu’il se rend compte que peu à peu il perd son audition. Alors évidemment, ses relations avec ses élèves deviennent plutôt compliquées. Sans compter Claire sa jolie voisine de palier, veuve, déjantée et à la limite de la névrose, qui ne supporte pas un bruit et avec laquelle les choses semblent bien mal parties. Adaptation et acceptation Parce que c’est un fait : Antoine a mal à son audition et il n’accepte pas de la perdre, d’autant plus qu’il découvre peu à peu le côté infantilisant de la condition de malentendant. Quand après avoir fait longtemps « comme si », il finit par se résoudre – enfin – à se faire appareiller, commence un long processus d’adaptation que tous les malentendants connaissent bien : amplifiés, tous les bruits l’agressent : le tic-tac de l’horloge, les bruits de pas, le pigeon qui roucoule, le bruit de la pluie, tout l’insupporte… C’est qu’il les déteste ces appareils qui coûtent si cher, mais il les déteste aussi d’en avoir autant besoin : « C’est un enfer s’écrie-t-il dans le film, mais si je ne les mets pas, c’est le monde du silence. Et entre l’enfer et le silence je préfère encore l’enfer ». Heureusement dans l’enfer des appareils, il finira – évidemment, romance oblige -par trouver l’amour grâce à l’entremise de la petite fille de Claire, elle-même muette et pourtant tellement capable de comprendre ceux qui n’entendent pas… « Il y avait d’abord l’envie, après être passé par le drame et le polar, de renouer avec mes premiers amours et d’écrire une comédie… » lance l’acteur Pascal Elbé, lui-même malentendant et qui joue avec brio le rôle d’Antoine. « Le sujet ? Ce sont mes enfants qui m’ont dit qu’il était sous mon nez : la malentendance, ma malentendance. Je n’avais jamais pensé qu’un élément de ma vie pourrait un jour donner un film. J’ai été d’abord hésitant. C’est la lecture du livre de David Lodge – La vie en sourdine – qui a fini par me convaincre que cela avait du sens. Toute la gageure consistait à trouver une histoire qui ne conduise pas à ne faire qu’un état des lieux clinique de la vie d’un malentendant ». Malentendus Et d’ajouter : « au début, le film s’appelait « Les malentendus ». Ce handicap est très ingrat parce que c’est agaçant de faire en permanence répéter à son interlocuteur ce qu’il vient de dire. Donc, vient le moment où l’on en a marre de demander et où l’on baisse les bras. On fait alors semblant de comprendre ce qui se passe. Il faut donner le change. Ou pas: on décide de ne plus participer. On s’exclut. Et parfois, on passe pour un con ». « On est fait pour s’entendre », un film de et avec Pascal Elbé, Sandrine Kimberlain. Sortie en avant-première à Genève le 12 novembre à 18h15 au cinéma Cinélux (Boulevard de Saint-Georges 8, Genève) et le 17 novembre à 18h30 au Cinéma Bel-Air d’Yverdon. (Pl. Bel-Air 6). A Genève et Yverdon, l’avant-première sera suivie d’un débat public. Sortie en salles le 17 novembre. SUIVANT PRECEDENT

  • Révision de l’AI: un optimisme prudent | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Révision de l’AI: un optimisme prudent 15 janvier 2013 Publié le : Parfois, il arrive que la politique réserve de divines surprises. Parti sur une orientation très préjudiciable aux personnes handicapées, le projet de révision 6b de l’AI a finalement fait l’objet d’une inflexion encourageante au Conseil national en décembre dernier. Sauf que rien n’est joué, et les organisations pour personnes handicapées doivent maintenir la pression. Il y a encore six mois, l’inquiétude était perceptible. Aujourd’hui règne, pour reprendre les termes du communiqué de la DOK, la Conférence des organisations faîtières de l'aide privée aux personnes handicapées, « un optimisme prudent ». Il faut dire que l’inquiétude des dernières semaines se justifiait amplement. La réforme 6b de l’AI, dans les orientations proposées par le Conseil fédéral, ne promettait rien de bon aux personnes handicapées, dont les droits acquis étaient clairement remis en question (lire le numéro 59 du magazine aux écoutes ). Depuis quelques semaines cependant, les événements ont pris un tour plus favorable. Le premier signal positif est venu du nouveau Conseiller fédéral en charge du dossier, le socialiste Alain Berset qui, dans une interview donnée le 11 novembre dernier au Matin Dimanche, annonçait renoncer aux coupes prévues, dans les rentes pour enfants de personnes handicapées, estimant qu’il était « inutile de tirer trop fort sur la corde ». Fort heureusement, la « corde » vient même d’obtenir un peu de lest supplémentaire, avec les dernières décisions prises en décembre dernier par le Conseil national. La chambre basse du parlement fait mieux que renoncer à diminuer les rentes pour enfants, puisqu’elle abandonne également l’idée de durcir l’accès à la rente, ainsi que le projet de limiter les frais de voyage pour personnes handicapées. Eviter le pire Et il y a encore mieux, puisque le Conseil national, sur proposition du PDC Christian Lohr, épargne les personnes dont le degré d’invalidité dépasse les 70%, qui devraient désormais avoir droit à une rente complète. « Tous ces changements sont une belle surprise, même si le système tel qu’il se profile, est loin d’être parfait, résume Mélanie Sauvain, membre du comité de l’association « Non au démantèlement de l’AI ». Avec la proposition Lohr, on a au moins évité les pires cas de rigueur pour les personnes les plus handicapées. Et puis, c’est la philosophie même du projet qui a pris une meilleure direction. Désormais, la révision 6b vise la neutralité des coûts, plutôt que des économies à tout prix, et c’est déjà ça ». De nombreux facteurs, rationnels et moins rationnels, concourent à expliquer ce changement d’orientation, alors qu’il y a quelques mois encore, c’était bel et bien un objectif « d’économies à la hache » qui était dans le viseur des autorités politiques. Il y a bien sûr, l’arrivée à la tête du Département fédéral de l’intérieur, d’un Conseiller fédéral socialiste, Alain Berset pour lequel il aurait été politiquement difficilement défendable de maintenir le dossier dans l’état où l’avait laissé son prédécesseur Didier Burkhalter, désormais aux affaires étrangères. Chiffres noirs Il y a aussi les chiffres de l’AI qui se sont considérablement améliorés, fruit, comme l’avaient déjà souligné avec véhémence les associations pour personnes handicapées, des précédentes réformes. Désormais, l’assurance invalidité affiche près d’un demi-milliard (!) de francs de bénéfices, alors que le nombre de nouvelles rentes a été divisé par deux en moins de 10 ans. Des résultats qui ne rendent donc ni urgent, ni même indispensable, un nouveau tour de vis dans la législation en vigueur. Troisième élément, méconnu mais qui a dû jouer un rôle certain: le poids des cantons qui ont fait, discrètement mais efficacement connaître leur désapprobation face aux orientations précédentes. Et pour cause: comme nous l’avions écrit dans une précédente édition, ce sont eux qui auraient tout simplement dû passer à la caisse pour permettre aux personnes lâchées par l’AI d’échapper à l’indigence. « C’est certain, reconnaît ainsi mezza vocce un responsable cantonal romand en charge des affaires sociales. Si la réforme était passée en l’état, elle se serait soldée par un report de charges sur les cantons. A se demander d’ailleurs à quoi servait encore une assurance fédérale, censée incarner une certaine solidarité nationale ! » Mobilisation Et puis enfin, il y a incontestablement la mobilisation des personnes handicapées, représentées par l’association « Non au démantèlement de l’AI ». Celle-ci fédère, et c’est une grande première, une cinquantaine d’organisations d’aide et de soutien aux personnes handicapées, et forom écoute en fait partie en tant que membre de soutien. « Le fait que nous ayons pu nous unir et prendre position d’une seule voix est incontestablement un gage de crédibilité et nous a donné un poids que nous n’avions pas, observe Mélanie Sauvain. Sans compter la menace de référendum qui se profilait. C’est donc bien la preuve que la mobilisation compte ! » Le dernier élément qui a fait pencher la balance est à la fois politique, symbolique et fortement émotionnel. Né sans bras et avec des jambes malformées, le Conseiller national thurgovien Christian Lohr qui s’est longuement exprimé devant les parlementaires, est lui-même handicapé. « C’est clair, ma présence a dû jouer un rôle pour convaincre les autres parlementaires, explique-t-il, car quand je me suis exprimé, j’ai senti une réelle émotion. Mais il n’y avait pas que de l’émotionnel, j’ai également développé des arguments rationnels, qu’il s’agisse des finances ou du vécu des personnes handicapées. Expliquer qu’il n’était pas possible d’accepter une réduction des prestations pour les handicapés les plus graves n’est pas qu’un succès pour moi, ou pour les personnes handicapées. C’est important pour la Suisse et pour l’ensemble de la société ! » Un essai à confirmer Reste que les derniers développements ne représentent qu’une étape intermédiaire dans le processus législatif, et l’affaire est loin d’être définitivement gagnée. En mars prochain, après les travaux en commissions, c’est le Conseil des Etats qui devra statuer sur les dernières propositions. « Tout encore ouvert, le combat n’est pas terminé et le changement de direction amorcé doit être confirmé, avertit Mélanie Sauvain, membre du comité de l’association « Non au démantèlement de l’AI ». Des rebondissements sont toujours possibles et il est vraiment important que notre détermination et notre mobilisation demeurent intactes ! » ChA SUIVANT PRECEDENT

  • En voyage de noces… 20 ans après | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine En voyage de noces… 20 ans après 15 novembre 2015 Publié le : 20 ans après leur mariage, Valérie Adatte, malentendante jurassienne et son mari Serge, s’envolent vers la Grèce pour un voyage de noces aussi tardif que romantique. Par voyage de noces, entendez surtout un voyage en amoureux et… sans enfants. Récit d’un petit séjour sympathique, entre farniente et découvertes. En matière d’amour, comme pour tout le reste d’ailleurs, il n’est jamais trop tard pour bien faire ! La preuve ? C’est 20 ans après leur mariage que Valérie Adatte, malentendante jurassienne bien connue de nos lecteurs (nous avions relaté dans nos colonnes son parcours très atypique de clown relationnelle et d’assistance socio-éducative), et son mari Serge, se sont enfin décidés à faire… leur voyage de noces. Non pas que l’envie ait manqué jusque-là, mais comme souvent, les couples au moment de convoler, sont plutôt jeunes et… sans-le-sou. Alors voilà : pour fêter ses 20 ans de mariage, Valérie et Serge décident de rattraper le coup et s’envolent depuis l’aéroport de Zurich le 15 juillet dernier. Destination : la Grèce. « On avait envie de partir en amoureux depuis un bon moment, mais c 'est Serge mon mari qui a tout choisi, car il voulait absolument me faire une surprise , raconte Valérie. Il m'a juste informée de la destination: Santorin. Comme il sait que j'adore le soleil, la mer, la bonne cuisine et que notre précédent voyage en Grèce m'avait laissé un souvenir impérissable, le choix fut vite fait! D’autant plus que lui-même est passionné par les "vieux cailloux", autrement dit, les vestiges de civilisations anciennes. Du coup, la Grèce était une destination idéale pour nous satisfaire tous deux. » Nombreux voyages Tous les deux ! Il faut dire que jusque-là, de nombreux voyages avaient été effectués, mais toujours en famille. Agréable et sympathique bien sûr, mais pas très romantique. « Nous avons beaucoup voyagé, en France, en Suisse, et dans bien d’autres pays : la Hongrie - ce fut mon baptême de l’air -, l’Egypte, la Grèce déjà et la Turquie où nous venons de retourner car j’ai adoré Istanbul, son atmosphère, la gentillesse des gens. Mais en dehors de Budapest, où nous étions partis en tête-à-tête, nous avons toujours voyagé avec nos enfants, en particulier notre fils Axel aujourd’hui âgé de 12 ans ». Santorin donc. Appelée aussi Théra, cette île grecque située en mer Egée est le vestige d’une île ancienne détruite par une éruption volcanique près de deux siècles avant J.C. L’hôtel y est magnifique avec de superbes bougainvilliers et surtout très confortable et doté d’une magnifique piscine semi-privée. Sitôt arrivés, Valérie et Serge louent une voiture et décident de sillonner les lieux. C’est donc la découverte de la ville d’Akrotiri, recouverte par la lave et partiellement exhumée, mais aussi de la montagne de Théra, également très riche en vestiges. « Là-bas, il y avait un vent à vraiment décorner les bœufs, si fort qu'un de mes appareils acoustiques s'est presque enlevé tout seul, rigole Valérie. Comme je suis assez trouillarde et qu'en plus j'ai le vertige, mon mari est allé visiter tout seul, et je l'ai attendu sagement à l'abri, entamant une conversation avec une dame qui avait elle aussi le vertige... et qui attendait également que son mari ait fini sa visite. » Et Serge et Valérie, qui ont tout de même consacré un peu de temps au farniente, ne se contentent pas que de « vieilles pierres ». Ils visitent également Fira, ville très branchée riche de commerces et de bars, et aussi la très touristique ville d’Oia, construite à flanc de falaise. « C’était magnifique, mais franchement, nous avons préféré les petits endroits pittoresques où nous sommes allés nous perdre volontairement. Nous avons fait une excursion en bateau jusqu'à l’île de Ios et avons pu admirer le coucher de soleil en rentrant sur le bateau. Mais pour moi, le plus bel endroit reste le célèbre village de Mégalochori: typique et authentique, il a vraiment conservé son âme et on a l’impression d’y faire un bond dans le passé ». Haut-parleurs Evidemment, la malentendance n’est jamais très loin, et comme toujours, Valérie s’y adapte avec son humour et son sens coutumier de l’autodérision. « J'avais le chic, aux restaurants, de systématiquement m’asseoir juste à côté des haut-parleurs qui diffusaient de la musique, ce qui n'était pas très compatible avec mes appareils auditifs, raconte-t-elle. Le soir de notre anniversaire, on a choisi un beau petit resto, et la première chose que j’ai cherchée c’était ces maudits haut-parleurs. Je demande à Serge où ils sont. Lui me regarde en se marrant... "Mais quoi? répond-il. Quels haut-parleurs? Tu ne vas pas me dire que tu ne les a pas vus?"... En guise de haut-parleur, il y avait deux messieurs qui jouaient de la guitare à deux mètres de moi et je ne les avais pas vus !» Après une semaine de repos, de découvertes, de repas et de balades romantiques, sonne l’heure du retour vers la maison et la vie familiale. « C’était vraiment un voyage de rêve, conclut Valérie. Tout était très bien et magnifique. Le dernier soir, nous sommes allés admirer le coucher de soleil tout au bout de l'île, près du phare. Au crépuscule, nous nous sommes embrassés en nous disant qu'on n'attendrait pas dix ans pour renouveler l'expérience d'un voyage en amoureux. » ChA SUIVANT PRECEDENT

  • « La surdité d’un enfant provoque, en écho, une surdité équivalente chez ceux qui s’en occupent» | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine « La surdité d’un enfant provoque, en écho, une surdité équivalente chez ceux qui s’en occupent» 5 janvier 2022 Publié le : Psychologue clinicien, le Lyonnais Jean-Louis Dorey était intervenu en 2014 lors du congrès annuel de forom écoute. Dans un passionnant ouvrage intitulé « A l’écoute de l’enfant sourd » à paraître le mois prochain, il explique à quel point c’est à la famille et aux soignants qu’il appartient d’écouter l’enfant sourd. Dans votre livre, vous évoquez l’existence d’une réelle "surdité" dont font l’objet les enfants malentendants et sourds. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Ce phénomène de surdité aussi bien de la part des équipes institutionnelles que de celui des familles existe depuis toujours. Chacun sait bien qu’en raison de leur handicap, les enfants sourds et malentendants se trouvent habituellement plus ou moins empêchés pour oraliser. Ils rencontrent de ce fait, d’une part des difficultés à se dire pour se faire comprendre de leur entourage et d’autre part, à en être entendus en retour. Ainsi, la surdité d’un enfant provoque, en écho, une surdité équivalente chez ceux qui s’en occupent. La relation avec les enfants déficients auditifs se trouve de fait toujours plus ou moins parasitée par une zone fluctuante faites de trous et de flou du sens. Comment cette zone faite de « flou du sens » se manifeste-t-elle? Le flou ressenti déstabilise les protagonistes impliqués dans le lien et génère une angoisse diffuse renvoyant chacun à l’expérience pénible d’un manque à être dans la relation. Ce malaise engendre, en écho, chez les différents intervenants, un ensemble de processus défensifs inconscients. Comment s’exprime selon vous cette « surdité » de la part de l’entourage ? La surdité de l’entourage se manifeste par une écoute insuffisante de ce qui vient de l’enfant. La mère et par extension, toute la famille n’accorde pas assez d’attention à la façon dont l’enfant manifeste sa demande. Elle ne propose pas à l’enfant un espace suffisant d’écoute en se laissant guider par lui, au lieu de lui imposer des schémas. Le plus souvent, les éducateurs, les parents, les orthophonistes, les enseignants etc., ne se sentent pas, eux-mêmes suffisamment entendus par les enfants qu’ils accompagnent et ont l’impression que ces derniers leur échappent. Ils cherchent alors, pour se rassurer, plutôt à les cadrer et à les faire parler au lieu de les écouter. Et chez l’enfant, comment cette écoute insuffisante s’exprime-t-elle? Lorsque la dimension de l’écoute n’est pas au rendez-vous, les enfants déficients auditifs souffrent, de façon intense, d’un sentiment d’inexistence qu’ils vivent au quotidien et à long terme, à la fois dans leur famille et auprès des équipes. Pour faire face au vécu de vide qu’ils ressentent, ils s’adaptent en faisant « comme s’ils comprenaient » ce qui se passe autour d’eux et dans les échanges, ce qui leur permet alors de masquer leur vécu d’inexistence tout en se protégeant contre la culpabilité, puisqu’ils ont le sentiment de décevoir en permanence l’attente de leurs parents et de leur entourage. C’est une attitude défensive qui les conduira à une passivité qui se dévoile souvent à l’adolescence. Au point, expliquez-vous, que certains enfants refusent même de parler ? Oui, parce que les attitudes en « comme si » les installent aussi dans le mensonge et masquent leur vérité profonde, dans la mesure où elles laissent croire aux autres précisément ce qu’ils ne sont pas, au point en effet que certains enfants préfèrent se défendre en refusant de parler pour manifester dans l’opposition ou dans la passivité leur désir d’exister dans la relation. D’autres, enfin, plus rares, découragés, se mettent carrément dans une position de repli autistique d’où il devient souvent bien difficile les tirer. Comment sortir de cela ? Souvent, les professionnels s’identifient trop aux attentes de la famille ou à l’inverse, devenus sensibles à la souffrance de l’enfant, le soutiennent sans s’en rendre compte contre ses parents, ce qui place ce dernier dans des enjeux de fidélité parfois insurmontables. Il faut donc soutenir les familles en les accompagnant très tôt et aussi longtemps qu’il faut pour les aider à mieux entendre leur enfant au niveau de la communication. Avec quel résultat ? On observe au cours du processus thérapeutique, que si on crée un espace d’écoute, l’enfant vient y déposer ce qu’il a besoin d’exprimer. Il devient alors davantage possible pour les proches de comprendre les messages reçus en provenance de leur enfant, de leur attribuer du sens et de lui en restituer ainsi quelque chose en retour. Seule une position de réceptivité permettra de recevoir, de reconnaitre et de décoder ce qui vient des enfants à travers tous les moyens d’expression dont ils disposent. A partir de là, l’enfant expérimente alors progressivement qu’il existe dans le retour de l’autre, ce qui lui permet de découvrir à la fois ce qu’il est et mais aussi ce qu’il dit. Tout cela passe par un nouvel état d’esprit et par une coopération plus souple entre les professionnels et les familles et mon livre propose plusieurs pistes auxquels le lecteur pourra se référer. Comment selon vous faut-il procéder pour insuffler ce nouvel état d’esprit ? En fait, les équipes pluridisciplinaires devraient pouvoir bénéficier, dans leur institution, d'un temps spécifique régulier de relecture en groupe de leurs pratiques. Ce temps permet d'aider d'une part chacun, à travers sa propre médiation (éducative, pédagogique, rééducative, psychomotrice, langue des signes, etc.) à mieux entendre l'enfant sourd là où il parle à sa façon et, d'autre part à faire des liens au niveau de l'accompagnement familial grâce à ce qui aura été identifié durant ce temps spécifique. Car les obstacles qui bloquent la communication dans la famille se rejouent toujours à bas bruit, dans l'institution, entre les intervenants. Un livre pour tous les acteurs de l'audition Ce livre s’adresse à tous les acteurs concernés par l’éducation, la rééducation et la pédagogie spécialisée et/ou inclusive des enfants et des adolescents porteurs d’une déficience auditive. Il vise à permettre l’amélioration de l’écoute de ces sujets à la fois dans leurs familles et dans les différents dispositifs qui les entourent au niveau de l’éducation précoce, celui des établissements spécialisés et celui de l’inclusion scolaire. Il présente, en effet, une nouvelle façon de prendre en compte l’écoute relationnelle de l’enfant sourd envisagée sous l’angle individuel et groupal. L’approche individuelle et groupale proposée révèle étonnamment l’existence d’une réelle surdité à l’endroit de ces enfants tant dans leurs familles que dans les équipes spécialisées ou qu’en situation d’intégration scolaire. Elle montre, notamment, que l’ampleur considérable des soins rééducatifs et pédagogiques dont ces jeunes sont l’objet en vient à recouvrir la dimension fondamentale de leur écoute. « A l’écoute de l’enfant sourd » Jean-Louis Dorey, Editions Chronique Sociale, à paraître au premier trimestre 2022. SUIVANT PRECEDENT

  • AI: les chiffres de l'année 2016 montrent une stabilité des rentes | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine AI: les chiffres de l'année 2016 montrent une stabilité des rentes 24 mai 2017 Publié le : Le nombre de nouvelles rentes AI reste stable et se situe autour de 14 000 rentes pour l'année 2016. Il concrétise les efforts de l’OFAS dans la lutte contre les abus, et la transformation de l'AI en dispositif de réadaptation. En 2016, le nombre de rentes pondérées nouvellement octroyées (en Suisse et à l’étranger) s’est établi à 14 100. Par rapport à 2003, où le nombre de nouvelles rentes pondérées se chiffrait à 28 200, cet indicateur a diminué de 50 %. Il s’est stabilisé autour de 14 000 depuis 2012. En janvier 2017, le nombre de rentes AI en cours était de 219 100. Par rapport à janvier 2016, cela correspond à une baisse de 2900 rentes pondérées (-1,3 %). En comparaison du niveau record atteint en janvier 2006, la baisse est de 15 %. Résultats du monitoring de l’insertion professionnelle Entre 2003 et 2012, le nombre de nouvelles rentes AI a diminué de moitié, tandis que le nombre de mesures visant la réadaptation professionnelle augmente nettement depuis 2008 (+4 % de 2015 à 2016). Ces chiffres reflètent la transformation de l’AI d’une assurance de rentes en une assurance de réadaptation. Le monitoring de l’insertion professionnelle permet d’étudier sur une période prolongée le parcours des assurés ayant bénéficié de mesures de réadaptation de l’AI, s’agissant de l’exercice d’une activité lucrative, du revenu et du recours aux prestations de l’AI, de l’assurance-chômage ou de l’aide sociale. Il est ainsi possible de faire des déductions sur l’effet des mesures de réadaptation visant l’insertion professionnelle, à défaut de pouvoir en tirer une évaluation complète et définitive. Lutte contre les abus efficace En 2016, l’AI a bouclé 1950 enquêtes ouvertes pour soupçon d’abus, lequel a été confirmé dans 650 cas, ce qui a conduit l’assurance à réduire ou à supprimer la prestation de rente en cours ou à renoncer à octroyer une rente. Il en résulte pour l’AI, par extrapolation, des économies totales de l’ordre de 178 millions de francs, pour des coûts d’environ 8 millions de francs. C’est en août 2008 que les offices AI cantonaux ont commencé à mettre en place une structure de lutte professionnelle et uniforme contre les abus. Les chiffres des dernières années montrent que les mécanismes sont bien implantés et les procédures établies. (Source: Office fédéral des assurances sociales) SUIVANT PRECEDENT

  • « no Billag » un an après | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine « no Billag » un an après 19 mars 2019 Publié le : Un an après le rejet de l’initiative « no Billag », la première édition de « l’International Public media Conference », était l’occasion pour les médias de service public suisse et européen de faire le point. Rappelez-vous, 71,6% des votants suisses balayaient l’initiative contre la redevance radio-TV il y a tout juste un an ; celle-ci aurait porté préjudice aux personnes subissant un handicap auditif et pour lesquelles la SSR diffuse 50% de ses programmes sous-titrés et/ou signés. Ceci représente quelque 30’000 heures de programmes. Elle prévoit d’étendre cette offre à 45’000 heures, qui équivaudra à 80% de son temps d’antenne et 1000 heures en langue des signes, LSF, d’ici à 2022 ; un pas important vers l'accès sans barrière aux programmes de la SSR. L'effort financier passera ainsi de 9,5 millions en 2016 à quelque 17 millions de francs en 2022. Lors de la journée « International Public media Conference » du 4 mars dernier à Berne, la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a rappelé l’importance des médias pour la démocratie. La conférence qui s’est tenue un an après la votation « No Billag», était l’occasion de dresser un état des lieux des principaux défis qui attendent les médias de service public partout en Europe. Parmi les différents débats, le directeur de la SSR, Gilles Marchand, indiquait : « le service public ne choisit pas son public : nous ne considérons pas que certains sont plus intéressants que d’autres et nous essayons de toucher tout le monde ». En ne dépendant pas uniquement des recettes commerciales, les médias de service public sont les seuls à pouvoir proposer des offres spécifiques aux différents types de public en fonction de leurs besoins. D’aucuns ont relevé que les géants d’internet investissent très peu dans le contenu et ne fournissent que peu d’informations locales ou de contenus adaptés aux besoins spécifiques de certains publics. A souligner également la volonté des médias de service public d’intensifier le dialogue avec tous leurs différents publics. En ce sens, Christophe Chaudet, Directeur de l’Actualité de la RTS, a présenté le projet « info Verso », qui permet à celles et ceux qui le souhaitent de réagir sur Facebook et dialoguer avec le département de l’actualité, tant sur le traitement des sujets que sur des questions plus générales. L’administrateur général de la RTBF, Jean-Paul Philippot, a, quant à lui, indiqué que la politique RH de l’entreprise devait pouvoir garantir la diversité, tout comme le font les programmes. Pour Karen Donders, cheffe de l'unité Média du centre de recherche imec-SMIT de la Vrije Universiteit Brussels, « le service public doit revenir à ses origines, soit contribuer au bien-être de la société et à la démocratie, défendre la citoyenneté culturelle, civique ou politique ». L’ensemble des interventions du 4 mars était signé en français, à l’attention des personnes sourdes présentes dans la salle. Plus d’infos : https://www.srgssr.ch/fr/accueil/ Copyright: swissinfo.ch/Jonathan Liechti SUIVANT PRECEDENT

  • Elsa Gabriel : « Les livres, ma grande passion ! » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Elsa Gabriel : « Les livres, ma grande passion ! » 15 avril 2022 Publié le : Âgée de 18 ans Elsa Gabriel habite à Grancy (VD). Pour cette « sourde-malentendante » de naissance, qui souhaite devenir bibliothécaire, la lecture a été une véritable planche de salut. Rencontre avec une jeune fille qui a su surmonter les épreuves de la vie. Es-tu sourde ou malentendante ? Bonne question ! Mes parents m’ont toujours dit que j’étais sourde-malentendante et je trouve cela plutôt juste. Car je suis sourde, mais avec mes appareils, j’entends (rires) ! Depuis quand es-tu « sourde-malentendante » ? Depuis la naissance ! Au départ les médecins qui ont testé mon audition ont dit que j’étais entendante. Mais vers 6-7 mois, mes parents ont constaté que je ne réagissais pas quand on m’appelait. Les médecins ont alors confirmé que j’étais sourde profonde et c’était un choc pour mes parents… Connait-on la cause de cette surdité ? Vu que j’ai une cousine qui est également sourde, on m’a dit qu’il y avait une chance sur 4 que ce soit d’origine génétique… Alors du coup, cela t’inquiète-t-il si tu devais avoir des enfants ? J’y ai pensé bien sûr. Mais on m’a dit que cette probabilité était plutôt faible ! De toutes façons, je me dis que si mon enfant venait à être sourd, je saurais comment l’aider (rires) ! Es-tu appareillée ou implantée ? Implantée, à Berne. Une oreille à l’âge d’un an et demi, l’autre à 3 ans. Mes parents ne voulaient pas tout faire en même temps ! Et comment s’est déroulée ta scolarité ? J’ai commencé à l’ECES (Ecole cantonale pour enfants sourds, ndlr), puis intégré une garderie et une école normales, comme tous les autres enfants, même si j’ai eu le soutien d’une enseignante spécialisée et de codeuses. J’ai eu beaucoup de retard par rapport aux autres, et mes parents ont dû beaucoup me faire travailler pour que je puisse apprendre à parler et lire. Heureusement, j’adore lire, et cela m’a beaucoup aidée à rattraper mon retard en français… D’où te vient cette passion pour la lecture ? De mon père qui est un grand amoureux des livres et qui me l’a transmise ! J’adore la science-fiction, les livres fantastiques, les policiers… Je dois dire que les livres m’ont d’une certaine manière sauvée, j’y ai trouvé des amis, surtout dans la période où je subissais du harcèlement à l’école ! Du harcèlement ? Oui, beaucoup et pendant longtemps. J’étais mise à l’écart d’autant que je ne comprenais pas toujours ce que les autres enfants se disaient entre eux… Cela a pris fin quand enfin, on m’a fait changer de classe et surtout quand je suis arrivée au gymnase, où les élèves sont bien plus matures. Donc tu as fait le gymnase, malgré toutes les difficultés ? Mais oui, j’y suis encore, et cela se passe bien, même si cela me demande énormément de travail ! Tu vises donc une maturité ? Plus maintenant ! Même si j’ai de bonnes notes, j’ai décidé de faire un apprentissage de bibliothécaire, parce que je me suis rendu compte que c’est vraiment cela qui me plait ! Je suis donc à la recherche de stages (rires) ! Ne crains-tu pas que ton handicap auditif soit un obstacle pour ce métier ? A un moment de mon parcours, je voulais devenir journaliste. Mais j’ai eu trop peur de ne pas être capable de comprendre mes interlocuteurs pour les interviewer. Pour être bibliothécaire, je ne crois pas en revanche que cela puisse être un problème. D’autant qu’il n’y a pas beaucoup de bruit dans une bibliothèque (rires) ! Quels sont tes principaux loisirs ? En dehors de la lecture, j’aime écrire et comme je suis très ouverte à beaucoup de choses, je joue de la guitare et fais du taekwondo. J’aime beaucoup voyager aussi ! Comment te vois-tu dans dix ans ? Je m’espère plus mature, plus confiante en moi-même et j’espère avoir réussi à m’accepter encore plus avec ma différence et mon handicap… Et puis surtout, j’espère vivre de mes passions ! SUIVANT PRECEDENT

  • Rome, spirituelle et éternelle… | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Rome, spirituelle et éternelle… 15 janvier 2016 Publié le : En septembre dernier, Ginny Siegrist, vice-présidente de forom écoute prend la route en car avec un groupe de 65 personnes, à destination de Rome. L’origine de son voyage ? Une admiration sincère pour la personne du pape François, qui rayonne par sa simplicité et son humilité. Découverte de la Ville éternelle, entre spiritualité et vestiges antiques. Certains voyages sont marqués du sceau de la spiritualité. C’est en effet inspirée par la personnalité du pape François, que Ginny Siegrist, malentendante, vice-présidente de forom écoute et présidente sortante de l’Association des Malentendants du Jura et environs, s’est rendue à Rome au mois de septembre dernier. « Mes enfants avaient déjà été à Rome, mais moi, jamais, raconte-t-elle. Aller découvrir cette ville était important pour moi car ce nouveau pape m’attirait. Son charisme, sa personnalité, son humilité et sa simplicité, bref tout ce que j’entends sur lui m’a poussée à découvrir la Ville éternelle et le Vatican » . Tout à commencé en fait sur une proposition de Ginny, il y a plus d’une année, lorsqu’à l’Association des Sacristains du Jura, qui cherchait une destination pour son traditionnel pèlerinage, elle proposa spontanément la capitale italienne. Seulement voilà : lorsque le projet se concrétise, il n’est malheureusement plus question pour Ginny de se joindre au groupe, faute de moyens financiers. « Cela m’a beaucoup touchée, raconte-t-elle, car le Président de l’association voulait absolument que je vienne, d’autant que c’était mon idée. Alors, il a beaucoup insisté ! » . Résultat : la solidarité joue à plein, et les différents membres de l’association se cotisent pour offrir le voyage à Ginny, évidemment émue et ravie. Long voyage Dans la matinée du 24 septembre dernier, c’est donc avec un groupe de 65 « pèlerins » que Ginny quitte la Suisse, pour un long voyage en car à destination de Rome. « Le voyage était long, c’est vrai, mais il s’est très bien déroulé. J’ai beaucoup dormi pour me reposer et puis le reste du temps j’ai pu admirer les magnifiques paysages d’Italie qui défilaient ». Sur place en revanche, le séjour n’est pas de tout repos. Dès tôt le matin, c’est pour l’ensemble du groupe, accompagné par un guide particulièrement érudit, la découverte de la ville et de ses monuments, et même un peu à l’extérieur de Rome, puisque le lieu de villégiature estival du Pape, Castel Gandolfo a même été visité. « Nous partions tôt le matin, et rentrions tard le soir, se souvient Ginny. Alors autant dire que c’était plutôt épuisant, surtout qu’il fallait souvent rester debout plusieurs heures avant de pouvoir visiter les monuments ! » Heureusement, la magie de la Ville éternelle opère. Et surtout bien sûr, le pape François, entrevu lors de sa messe publique sur la célèbre Place Saint-Pierre. « Avant le départ, on m’avait beaucoup chicanée, rigole Ginny, en me disant : tu verras, il va te garder avec lui… Mais franchement, nous avons eu le privilège de le voir passer à deux reprises, dont une dans sa Papamobile. Et rien que de l’apercevoir, on est pris par une incroyable émotion, qui ne peut se raconter, mais seulement se vivre. C’est quand même autre chose que de le voir à la télévision !» Une émotion unique, malgré l’omniprésence des services de sécurité, les nerfs à vif et vraiment sur les dents. « Incroyable en effet. La sécurité était aux aguets, demandant à toute personne y compris enfants et personnes âgées de s’éloigner… Notre guide nous a indiqué que le risque d’attentat était bien réel, malheureusement ! » Basilique Saint-Paul-hors-les-murs Au-delà du Vatican, de ses jardins et de ses célèbres gardes suisses « un bout de chez nous là bas », le séjour a été consacré à la visite des grands édifices religieux de Rome, toujours émouvants à découvrir. « Nous en avons visité beaucoup, mais j’ai été particulièrement impressionnée et émue par la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, l’une des quatre grandes basiliques de Rome. Bien que gigantesque, on y trouve moins de monde qu’ailleurs et il y règne une incroyable et revigorante sensation de sérénité. » Et puis, bien sûr, Rome ne serait pas Rome sans son incroyable richesse en vestiges antiques : le Colisée bien sûr, mais aussi le Cirque maxime, le Capitole, le Forum romain et bien d’autres encore. « Ces ruines sont tout simplement incroyables ! Et tout aussi incroyable est le fait qu’elles aient traversé le temps pour arriver jusqu’à nous dans un tel état de conservation ! » Après une semaine de découvertes, le groupe prend enfin le chemin du retour. « J’ai beaucoup aimé ce voyage, conclut Ginny. Surtout la partie spirituelle avec le Vatican et la richesse architecturale et historique de Rome » . Et d’ajouter dans un grand rire : « en revanche, j’ai quand même été bien contente de rentrer : c’était épuisant, et je n’en pouvais plus de manger des pâtes tous les jours ! Et puis, l’intense circulation automobile de cette grande ville est très stressante, et les passages-piéton n’y sont pas beaucoup respectés. Alors j’étais bien contente de retrouver le calme de mon chez moi ! » ChA SUIVANT PRECEDENT

  • Le coronavirus peut déclencher ou aggraver les acouphènes | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Le coronavirus peut déclencher ou aggraver les acouphènes 3 février 2021 Publié le : Attention, si vous souffrez d’acouphènes, contracter le virus du covid-19 pourrait bien les aggraver et les rendre bien plus gênants. Pire encore, l’infection pourrait même les faire apparaître chez des personnes qui n’en ont jamais souffert. Décidément, le coronavirus, à l’origine d’une pandémie mondiale, ne cesse de dévoiler ses méfaits. Après des soupçons d’incidence sur l’acuité auditive , voilà qu’une étude menée par la Anglia Ruskin University (à Cambridge, en Angleterre), pointe du doigt le fait qu’il pourrait bien aussi exacerber les acouphènes chez les personnes qui en souffrent. Intitulée « Changements dans les expériences d'acouphènes pendant la pandémie de COVID-19 », cette étude a été publiée dans la revue Frontiers in Public Health le 5 novembre dernier, et a examiné les données collectées via une enquête en ligne auprès de 3000 personnes environ, originaires de près de 50 pays et souffrant d'acouphènes. La plupart des participants venaient d'Amérique du Nord (49%) et d'Europe (47%). Le recrutement s'est fait principalement via les médias sociaux des organisations de patients. Sur cet échantillon, 8% ont été infectés par le Covid-19. Parmi ces derniers, l’étude a révélé que les symptômes du COVID-19 exacerbaient les acouphènes chez 40% des participants, n'apportaient aucun changement chez 54% et amélioraient les acouphènes chez 6% d’entre eux. Quelle explication ? Une fois ce constat posé, reste à trouver l’explication de ce phénomène. Celui-ci est-il en lien avec un éventuel trouble sensoriel objectivé, ou plutôt avec l’état psychique des personnes interrogées ? Une question d’autant plus ardue que l'étude a en effet révélé que les acouphènes préexistants étaient considérablement exacerbés surtout chez les personnes qui s'isolaient, vivaient dans la solitude, dormaient mal et faisaient peu d'exercice. L'augmentation de la dépression, de l'anxiété, de l'irritabilité et des soucis financiers a également contribué de manière significative à ce que les acouphènes soient plus gênants pendant la période pandémique. A contrario, un élément en faveur d’une atteinte sensorielle est le fait que les scientifiques ont également observé que, dans certains cas, les acouphènes apparaissaient en parallèle des symptômes du Covid-19 chez les patients n'ayant jamais eu d'acouphènes auparavant. Ce qui suggérerait que les acouphènes pourraient constituer un symptôme du « covid persistant », non lié à l’état psychique antérieur de la personne... Dans tous les cas, la prise en charge de ceux-ci demeure impérative pour la santé de ceux qui en souffrent. David Stockdale, coauteur de l’étude, tient ainsi à rappeler que «des acouphènes sévères peuvent avoir un énorme impact sur la santé mentale. Alors que la seconde vague de Covid-19 est là, le système de santé doit s’assurer que toute personne qui développe des acouphènes ou subit une aggravation de ceux-ci puisse accéder le plus rapidement possible à la prise en charge dont il a besoin.» SUIVANT PRECEDENT

  • Harmonie Rochat : « On m’appelle la campagnarde ! » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Harmonie Rochat : « On m’appelle la campagnarde ! » 15 juillet 2014 Publié le : Une vraie fille de la campagne, et très fière de l’être ! Âgée de 16 ans, Harmonie Rochat la bien-prénommée a grandi dans sa ferme familiale à Mauraz, dans le canton de Vaud. Rencontre avec une jeune malentendante épanouie qui a les pieds bien sur terre et le cœur… dans sa famille ! Tout d’abord, d’où vous vient ce magnifique prénom ? En fait, mon nom de famille est très courant. Donc mes parents ont souhaité que nous ayons tous des prénoms originaux, d’où le « Harmonie », et en français pour qu’il sonne bien (rires) ! Depuis quand êtes-vous malentendante ? C’est un petit peu compliqué ! En fait, vers l’âge de 12 ans, j’ai contracté une méchante pneumonie, et quasiment du jour au lendemain, j’ai perdu l’ouïe, une expérience très angoissante et très traumatisante pour moi et pour toute ma famille ! Le médecin qui m’a examinée, m’a dit qu’il fallait attendre un peu et que ça allait revenir… Et ? Eh bien, ça n’est jamais revenu ! Deux mois après, nous avons consulté un ORL, qui nous a annoncé que j’avais une importante perte auditive au niveau des deux oreilles, et que c’était définitif ! Et c’est à ce moment-là qu’on a pris conscience que mes soucis d’audition dataient en fait d’avant la pneumonie. Comme on le dit dans ma famille, j’ai commencé à faire preuve d’humour dès lors que j’ai été appareillée ! C’est bien la preuve que tout ne tournait pas rond avant (rires) ! En dehors de l’humour, les appareils ont-ils changé quelque chose au niveau de l’école ? Oui, clairement, avant j’étais plutôt solitaire, je parlais peu, j’avais de la peine à m’intégrer ! Avec les appareils, mes notes se sont améliorées, même si, au niveau scolaire, j’ai dû suivre la filière VSO (Voie secondaire à options, ndlr) et que j’ai terminée en juin 2013 ! C’est d’ailleurs à ce moment-là que vous avez reçu le Prix aux élèves malentendants décerné par forom écoute ! Oui et c’est mon prof qui me l’a annoncé, en me proposant de me le remettre devant tout le monde lors des promotions ! J’étais vraiment contente ! Et aujourd’hui, où en êtes-vous de vos études ? Comme je n’avais pas réussi à intégrer la VSG (Voie secondaire générale, ndlr), je fais actuellement un raccordement pour y arriver. Je suis très contente d’avoir la possibilité de rattraper le retard dû à la malaudition ! Et ensuite ? J’habite une ferme et j’adore les animaux, d’ailleurs à l’école, on m’appelait « la campagnarde » ou « la bucheronne » (rires). Alors petite, je voulais devenir vétérinaire… Mais un stage m’en a dissuadée : je n’aime vraiment pas voir les animaux souffrir ! Comme je n’ai pas envie de faire le gymnase, je me destine à devenir assistante médicale. Mais ce n’est vraiment pas facile de trouver une place d’apprentissage dans la région ! Au pire, il y a aussi l’école d’agriculture de Marcelin, à Morges ! Que faites-vous, en dehors de l’école ? D’abord, je participe à la vie de la ferme en aidant mon père, et j’adore ça, même si ça prend pas mal de temps! D’ailleurs si mon grand frère ne s’y destinait pas, j’aurais adoré en reprendre l’exploitation plus tard ! Sinon, je sors, je fais du théâtre, etc… Je voyage peu, en dehors des vacances avec ma famille en Espagne. Au fond, je me sens bien dans ma vie, dans ma ferme, et dans ma famille à laquelle je suis très attachée. Je suis une fille de la terre et j’aime ça ! Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Genève: Une association au service des malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Genève: Une association au service des malentendants 16 mars 2015 Publié le : Fondée dans les années 20, l’Association Genevoise des Malentendants (AGM), qui au départ n’était qu’une amicale, est dirigée depuis l’année dernière par le Dr Pierre Liard, président et par Yolande Bosshard, vice-présidente. Rencontre avec un tandem déterminé et à la bonne entente manifeste. Comment vous êtes-vous retrouvés à la tête de l’AGM ? PL : J’ai une première fois fait partie du comité de l’association dans les années 80. Puis dans les années 2000, j’en ai même occupé la vice-présidence, malgré mes activités de médecin ORL. L’année dernière, quand le président sortant a souhaité passer la main après plusieurs années de présidence, le comité s’est tourné vers moi. Retraité, j’ai dit oui, mais à la condition expresse que Yolande Bosshard devienne la vice-présidente (rires) ! YB : Nous nous connaissons depuis très longtemps et nous nous entendons très bien. Il était donc normal que je me joigne à Pierre ! Le statut d’association est très important pour vous… Oui, car nous ne sommes pas une amicale ! Pour nous, il ne s’agit pas seulement d’offrir des occasions de rencontres pour les malentendants, mais bel et bien de mettre des prestations très concrètes à leur service. Quel type de prestations offrez-vous ? L’action de notre service social, particulièrement actif, est pour nous primordiale. Les personnes souffrant de surdité sont très précarisées, elles ont donc besoin d’un conseil et d’un soutien particulier. L’association emploie 4 personnes dont trois assistants sociaux qui reçoivent les malentendants pour tenter de répondre au mieux à leurs besoins, qu’il s’agisse de leur vie quotidienne ou professionnelle. En outre, une conseillère en aides auditives se consacre à des visites dans les EMS afin d’aider les malentendants âgés à régler et gérer leurs appareils auditifs, une prestation rendue indispensable depuis que la 2ème expertise de contrôle pratiquée par l’ORL a été supprimée par l’OFAS. Quelles autres services assurez-vous ? Chaque jeudi, Yolande Bosshard assiste au colloque de notre personnel afin de faire le lien avec le comité de l’association. En outre, nous adressons dix fois par an à nos membres une newsletter contenant des informations liées à la malentendance. Enfin, pour mieux vérifier qu’ils répondent à leurs besoins, les malentendants peuvent venir dans nos locaux tester divers appareils téléphoniques avant d’en faire l’acquisition. Comment est financée l’AGM ? Essentiellement par Pro Infirmis avec laquelle nous sommes liés par un contrat de prestations, ce qui au passage nous impose une lourde tâche administrative. Nous sommes également soutenus par la Ville, certaines communes genevoises, ainsi que des fondations qui nous aident de manière régulière. Le principal enjeu est de garantir notre financement, qui n’est de loin pas acquis, puisque par exemple, Pro Infirmis a, cette année, diminué son allocation de 20%. Le défi est d’arriver à maintenir, voire d’augmenter, nos prestations de service social, alors que nous sommes clairement de plus en plus sollicités. Le nouveau régime de remboursement forfaitaire des appareils auditifs conduit de plus en plus de personnes à s’adresser à nous ! Et pour être complets, nous obtenons parfois des financements, mais très ponctuels et liés à des actions précises et limitées dans le temps. Combien de membres compte l’AGM ? Environ 200, un chiffre relativement stable malgré quelques fluctuations. En réalité, ce qui change, c’est que nos membres sont de plus en plus âgés. Cette évolution est dans l’air du temps, car en dehors des prestations et en raison de la nature même de ce handicap invisible, il est difficile d’offrir aux malentendants des prestations efficaces à 100%. Même l’appareillage ne résout pas tout, puisqu’un malentendant appareillé reste un malentendant ! Bref, tout cela fait que l’on a plus de mal à recruter des jeunes, qui souvent, attendent des réponses immédiates et concrètes ! Quels sont vos projets pour l’avenir ? Pérenniser coûte que coûte nos prestations ! Et une chose est sûre : si notre service social venait à disparaître, cela coûterait plus cher à la Ville et au canton de Genève que ce que nous leur coûtons aujourd’hui ! Nous devons également mieux faire connaître l’AGM et ses projets et continuer à soutenir le personnel de notre association, qui est très dynamique et motivé. En outre, nous projetons d’éditer un fascicule destiné aux malentendants qui résumera les principales problématiques qui les concernent, de la dimension psychologique de ce handicap, aux questions d’adaptation professionnelle, en passant par la famille, l’intégration scolaire etc. Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Berne : Un Palais fédéral accessible aux malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Berne : Un Palais fédéral accessible aux malentendants 12 janvier 2013 Publié le : Depuis 2008, l’édifice historique où siègent les chambres fédérales est accessible aux malentendants, via des boucles magnétiques et des installations sans fil. Pour l’architecte et expert biennois Max Meyer, qui a ausculté l’ensemble de l’infrastructure, le résultat est très satisfaisant. C’était en novembre 2008, il y a un peu plus de quatre ans. Après 36 mois de travaux, le Palais du Parlement fédéral, à Berne était inauguré officiellement, après que grues et échafaudages aient été remisés au placard. Il faut dire que l’édifice, centenaire, avait bien besoin d’une cure de rajeunissement. Et après le «Bernerhof» et l'aile ouest, c’était au tour du Palais du Parlement proprement dit de subir d’importants travaux. Le résultat a été à la hauteur des attentes, et les modifications nombreuses, puisqu’il s’agissait, selon le communiqué officiel, « d’offrir aux membres de l'Assemblée fédérale un environnement de travail représentatif et moderne ». Grande innovation, de nouveaux ascenseurs et rampes d’escaliers, répondant « aux exigences d’accessibilité pour les personnes handicapées », ont en outre été mis en place. Heureusement, les malentendants n’ont pas été oubliés dans l’opération et, dans la panoplie des nouveautés, figuraient de nombreuses installations à leur intention. Des infrastructures spécifiques qui ont coûté, selon les estimations fournies par Marius Perler, chef des constructions à l’Office fédéral des constructions et de la logistique, environ 90'000 francs, une paille devant les… 103 millions qui ont été alignés pour l’ensemble des travaux de rénovation. Motion Il faut dire que l’on partait de rien, ou si peu, c'est-à-dire, dans les salles du Conseil National et du Conseil des Etats, de prises pour écouteurs sur les pupitres des parlementaires et sur toutes les places des tribunes ouvertes au public. En 2002, constatant que les « installations techniques du Palais du Parlement et la configuration du bâtiment (limitaient) fortement les possibilités d’utilisation de ce dernier par les malentendants », le Conseiller national bernois Rudolf Joder déposait une motion intitulée « Rendre le Palais fédéral utilisable par les malentendants », demandant, en particulier, l’installation de boucles magnétiques. Dans sa réponse, le Conseil fédéral s’est aussitôt déclaré prêt à entrer en matière et à faire examiner la « possibilité de faire procéder à des améliorations de nature architecturale et technique en faveur des malentendants ». Résultat: les installations à l’intention des déficients auditifs ont été intégrées au projet global de restructuration et assainissement du bâtiment parlementaire, mis en œuvre en 2006-2008, et inauguré il y a quatre ans. Dans l’intervalle, en 2007, c’est un autre parlementaire, Marc Frédéric Suter qui préside aujourd’hui Intégration Handicap , la Fédération suisse pour l’intégration des handicapés, qui revient à la charge, par le biais d’une question au Conseil fédéral, demandant encore une fois l’installation de boucles magnétiques. « Je suis moi-même handicapé et me suis occupé des intérêts des personnes handicapées pendant 16 ans au Conseil national, se souvient-il. A l’époque, personne n’arrivait à me dire si des installations étaient prévues ou pas, d’où ma question ». Et de rappeler, un brin philosophe: « c’est la nature humaine, ce qu’on ne réalise pas soi-même, ce qu’on ne vit pas soi-même, n’existe pas. D’ailleurs, quand je suis arrivé pour la première fois au Palais fédéral, j’ai dû entrer comme un container, par une porte secondaire, car il n’y avait pas d’accès pour les personnes handicapées. » Solution sur mesure Toujours est- il qu’en 2008, est enfin livré un Palais entièrement rénové et modernisé, et doté d’équipements modernes pour les personnes malentendantes: désormais, « le bâtiment du Parlement dispose d’installations pour les malentendants dans les deux salles du parlement, sur toutes les tribunes des visiteurs et dans toutes les salles de conférences des commissions, explique ainsi Daniel Scheidegger, des Services du Parlement. Nous avons mis en place une solution sur mesure, qui consiste en l’installation de boucles magnétiques, de boucles magnétiques individuelles mais aussi d’installations sans fil sur la base d’émetteurs infrarouge ». Ces installations ont d’ailleurs été évaluées et testées par la commission « Boucles magnétiques » de forom écoute, et figurent sur la liste des lieux équipés, publiée et régulièrement mise à jour sur le site internet www.ecoute.ch . Spécialiste des questions techniques pour malentendants, l’architecte biennois Max Meyer connaît bien lui aussi les installations mises en place au niveau du Palais fédéral. En 2009, il a publié sur mandat de l’association suisse alémanique Sonos, un ouvrage intitulé « Construire pour les malentendants » et qui s’est fondée sur l’exemple de la restauration du Parlement fédéral. Satisfaisant « Le résultat final est très satisfaisant, observe-t-il. Au final, il y a un accès complet et total pour les personnes malentendantes, ce qui n’était pas évident quand on tient compte des contraintes architecturales de l’édifice, mais aussi des paramètres de sécurité et de confidentialité, importants dans un tel lieu. Bien sûr, des améliorations sont toujours possibles, en particulier dans les grandes salles. Mais dans les salles historiques, il sera difficile de faire mieux, en raison de l’absorption et de la réverbération des sons ». ChA SUIVANT PRECEDENT

  • Habitat: Construire pour des malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Habitat: Construire pour des malentendants 15 juillet 2015 Publié le : Le saviez-vous ? Tout comme on peut concevoir des habitations ou des bâtiments publics spécialement adaptés aux personnes à mobilité réduite ou aux personnes souffrant de troubles visuels, il est également tout à fait possible d’adapter les constructions aux sourds et malentendants. «Ce l a f a it tr ente ans que nous pa rl ons d ’ a r ch it ec t u r e adap t ée aux pe r sonnes en f au t eu il r ou l an t e t qu i n z e an s que l a con str uc ti on san s ob st ac l es pou r l es aveug l es e t m a l voyan t s es t un t hè m e . La construction pour les malentendants et sourds, elle a jusqu’ici été négligée », constate Joe Manser, directeur du Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, fondé en 1981 et dont le siège est à Zurich. « Il y a donc un g r and r e t a r d à r a ttr ape r e t une l acune m an if es t e , qu’il est important de combler ». Une lacune d’autant plus inexplicable que la Suisse compte presque un million de malentendants et sourds et que ce nombre ne cesse de croître, en raison notamment du vieillissement constant de la population. Directives techniques Pourtant, les malentendants, aussi bien que les personnes atteintes d‘une surdité acquise ou innée, sont confrontés à de nombreux obstacles architecturaux et techniques qui représentent pour eux, un handicap supplémentaire en matière d‘autonomie et de communication. Alors comment, sur le plan architectural, peut-on adapter une construction au handicap de personnes souffrant de déficience auditive ? Un ouvrage dénommé « La construction adaptée aux malentendants et sourds », publié en mai dernier par le Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, avec l’appui entre autres partenaires, de forom écoute, détaille les directives techniques à respecter pour atteindre cet objectif. Ces directives sont fondées en partie sur la mise en application d’un concept novateur, intitulé « principe des deux sens », selon lequel il faut construire de manière à ce que les facultés altérées d’un sens, puissent être compensées par un autre sens. C’est d’ailleurs ce principe qui veut que, par exemple dans un ascenseur, les informations acoustiques doivent également être transmises par des messages visuels, la vue venant ainsi compenser la perte auditive. Compensation De fait, ce que le malentendant ne peut pas comprendre par l’ouïe, il le percevra donc par la vue, en compensation, ou même par le toucher, par exemple en percevant l’impulsion d'ouverture (vibrations matérielles) d’une porte, générée par une télécommande. Ecrans, projecteurs, moniteurs, alarmes visuelles, pictogrammes, éclairage optimal, organisation spatiale des lieux, vitrage des ascenseurs représentent ainsi un échantillon, parmi bien d’autres, des mesures qui peuvent être retenues par les concepteurs de bâtiments. L’autre grand axe de construction est bien entendu le respect de normes acoustiques qui permettent d’améliorer l’intelligibilité de la parole (élimination de bruits perturbateurs, utilisation de revêtements phonoabsorbants, etc.), sans compter l’installation dans les locaux, de boucles magnétiques ainsi que de dispositifs d‘écoute spécifiquement destinées aux porteurs d’appareils auditifs ou d’implants cochléaires. ChA [zone]Un outil pour les architectes et les décideurs Forte d’une trentaine de pages, la brochure « La construction adaptée aux malentendants et sourds – Exigences architecturales et techniques », a été publiée en mai dernier par le Centre suisse pour la construction adaptée aux handicapés, sous la direction des architectes Angelo Clerici et Joe Manser. Editée avec le soutien de la Confédération, de la Fédération Suisse des Sourds, de Sonos, de Pro Audito Suisse et bien entendu de forom écoute, la brochure est destinée aux architectes, aux maîtres d’ouvrage et aux autorités en charge des constructions pour les aider à mettre en pratique l’égalité de traitement pour les handicapés exigée par la Lhand, la loi sur l’égalité pour les personnes handicapées. Les directives qui y sont présentées se basent ainsi sur la norme «SIA 500 Constructions sans obstacle» qui reflète l’état actuel de la technique et définit les exigences minimales pour la construction sans obstacles en Suisse. Les principales recommandations de cet ouvrage ont d’ailleurs été présentées le 7 mai dernier au cours d’une journée d’études qui s’est tenue à l’Université de Lausanne, en présence d’Anne Grassi, représentante de forom écoute. La brochure peut être commandée gratuitement sur le site www.construction-adaptee.ch . Forom écoute a également édité une brochure intitulée « Boucles magnétiques, où les trouver, leur utilisation, leur maintenance », disponible sur simple demande auprès du secrétariat au 021.614.60.50.[/zone] [zone]Six exigences minimales Contrairement à une idée préconçue, les malentendants, les personnes atteintes d‘une surdité acquise et les sourds de naissance sont à l’instar d’autres handicapés, confrontés à de nombreux obstacles architecturaux et techniques. Si on veut leur garantir une qualité de vie équivalente au reste de la population, il y a lieu de satisfaire aux six exigences suivantes en matière de constructions et d’équipements adaptés aux personnes atteintes d’un handicap auditif: Structure spatiale des constructions et des équipements aisément identifiable, afin de faciliter l’orientation et d’accroître la sécurité, étant donné qu’une diminution de l’acuité auditive peut gêner l’orientation spatiale. Visualisation des informations acoustiques selon le principe des deux sens. Bonnes conditions d’éclairage pour la communication fondée sur le contact visuel (gestuelle, mimique, lecture labiale). Bonnes conditions acoustiques pour la communication orale. Installations de sonorisation permettant une bonne compréhension de la parole. Installations d'écoute pour porteurs d'appareils auditifs et pour porteurs d‘implants.[/zone] SUIVANT PRECEDENT

  • Kaleab Girma: « libre et autonome » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Kaleab Girma: « libre et autonome » 15 novembre 2011 Publié le : Suisse d’origine éthiopienne, né à Zurich, Kaleab Girma est malentendant profond et vient de terminer sa scolarité à l’Institut Saint-Joseph, école spécialisée pour les sourds et malentendants. Sa réussite, ce Fribourgeois d’adoption, aîné d’une famille de trois enfants, la doit à sa volonté et au soutien sans faille d’une maman aussi attentionnée que déterminée. Vous avez terminé votre scolarité et venez de recevoir le Prix aux élèves malentendants… J’en suis très content. C’est une reconnaissance et un véritable encouragement, car suivre une scolarité quand on est comme moi malentendant profond est un véritable parcours du combattant. Comment êtes vous devenu malentendant ? A l’âge de 2 ans, j’ai contracté une méchante méningite avec une très forte fièvre qui a duré 2 mois. J’ai perdu l’ouïe à ce moment là, et j’ai même eu des séquelles motrices au bras et à la jambe… On a essayé ensuite de m’appareiller pendant une année, mais malheureusement cela n’a rien donné. Les médecins ont même évoqué l’option de me placer un implant, mais là-aussi ils ont dû renoncer ! J’avais pourtant beaucoup d’espoir. Aujourd’hui, comment communiquez-vous ? La lecture labiale m’est très difficile. Je me base donc essentiellement sur la langue des signes que j’ai apprise à l’Institut Saint-Joseph de Fribourg. Mais c’est vrai que d’une manière générale pour moi, il est difficile de communiquer avec les personnes bien-entendantes, car celles-ci, dans la très grande majorité des cas, ne maîtrisent pas la langue des signes. Comment envisagez-vous la suite de votre parcours scolaire ? Je viens de terminer ma scolarité à l’Institut Saint-Joseph. J’ai cherché un peu partout des stages ou des places d’apprentissage et malgré mes efforts et l’aide de mon entourage, je n’ai pas réussi à trouver de point de chute. J’ai reçu de nombreuses réponses négatives, y compris de grandes entreprises comme Migros et Coop. Finalement, la fondation Effata (ndlr: fondation dont la mission est de contribuer à l’épanouissement et à l'intégration sociale et économique des sourds ou malentendants, à Forel Lavaux, VD), m’a accepté. J’ai passé des tests, pour savoir si je vais faire de la cuisine, de la mécanique ou de la menuiserie. J’attends les résultats. Et si vous aviez vraiment le choix, que souhaiteriez-vous vraiment faire ? Incontestablement de la mécanique. Depuis tout petit, je rêve de conduire des voitures, de les démonter et remonter. J’aime la liberté qu’elles procurent. D’ailleurs, à court terme, j’espère passer mon permis de conduire… En dehors de la mécanique, avez-vous d’autres passions ? Le football ! J’adore ce sport. Mais je n’ai pas trouvé d’endroit à Fribourg pour en faire. En revanche à Lausanne, j’ai fait la connaissance d’un groupe de sourds et je me réjouis de bientôt jouer avec eux ! Et puis, j’adore regarder la télévision. Je comprends très bien ce qui s’y passe, rien qu’en regardant les images, même sans langue des signes ! Comment vous voyez-vous dans dix ans ? Vivant seul ! Pour moi, il est très important d’être libre et autonome. Aujourd’hui, je prépare mon avenir, j’ai encore besoin de ma famille, de ma mère qui fait beaucoup pour moi et me soutient pour tout. Mais un jour, lorsque j’aurais un travail, lorsque ma vie sera bien organisée, je vivrai seul. Avant pourquoi pas, de rencontrer quelqu’un et fonder une famille… Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Pro Senectute lance une campagne pour l’audition des seniors | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Pro Senectute lance une campagne pour l’audition des seniors 8 novembre 2016 Publié le : Pro Senectute lance une campagne de sensibilisation intitulée « Entendez-vous la vie ? » pour inciter les seniors à pratiquer des tests d’audition. En Suisse, quelque 450 000 personnes de plus de 65 ans souffrent d’une perte d’audition. De nos jours, les personnes âgées souhaitent rester autonomes et vivre chez elles le plus longtemps possible. Mais pour ce faire, il est important qu’elles possèdent une bonne ouïe. Or les statistiques relatives au port d’appareils auditifs en Suisse montrent que 46% des plus de 65 ans n’entreprennent rien pour combattre leur perte d’audition. Pro Senectute estime qu’un retraité sur six souffrant de surdité a un appareil auditif. En d’autres termes, 380000 seniors ne font rien ou presque contre leur perte auditive. Plus grave encore : il s’écoule en moyenne sept à dix ans entre le moment où ils soupçonnent pour la première fois un problème et la décision de se soumettre à un test, un gaspillage de temps précieux. Car plus l’on repousse le traitement de la perte d’audition, plus il est difficile d’adapter correctement les appareils auditifs. Avec le temps, le cerveau perd en effet sa capacité à percevoir les signaux acoustiques et ne parvient plus à reconnaître les bruits. Afin de mieux sensibiliser les seniors à cette problématique, Pro Senectute a décidé de lancer la campagne « Entendez-vous la vie ? ». « Considérant que les pertes d’audition sont des phénomènes normaux liés à l’âge, de nombreux seniors ne font rien pour se soigner et ne portent que sporadiquement, voire jamais, leur appareil auditif », déplore Werner Schärer, directeur de Pro Senectute Suisse. Et de poursuivre : « C’est précisément sur ce point que notre campagne nationale de sensibilisation entend mettre l’accent. Car bien entendre améliore la qualité de vie. Nous voulons donc inciter les seniors à se soumettre le plus tôt possible à un test d’audition » Chargé par Pro Senectute d’examiner les études actuelles consacrées à la surdité des personnes âgées, le centre de compétence interdisciplinaire sur la vieillesse (IKOA) de la Haute école des sciences appliquées de Saint-Gall a montré que sur le plan physique, les pertes d’audition pouvaient provoquer un stress permanent et des symptômes tels qu’une élévation de la pression artérielle chez les seniors. On constate également que les seniors malentendants sont plus souvent victimes de chutes. Du point de vue psychique enfin, la surdité peut être associée à un sentiment de perte, d’angoisse et de dépression. Souvent, les malentendants se replient sur eux-mêmes, fatigués des quiproquos incessants et de la nécessité de toujours demander aux interlocuteurs de répéter leurs propos lorsqu’ils tentent de communiquer. Un guide, du matériel de sensibilisation et des conseils pratiques sont disponibles sur le site www.prosenectute.ch/entendre . SUIVANT PRECEDENT

  • Malentendants dans un monde d’entendants : quelles stratégies ? | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Malentendants dans un monde d’entendants : quelles stratégies ? 15 mai 2016 Publié le : Comment lorsque l’on est malentendant, trouver des stratégies, imaginer des passerelles pour réussir sa vie professionnelle et personnelle, dans un monde conçu par et pour les entendants ? C’est la passionnante question à laquelle tentera de répondre la Journée à thème organisée par forom écoute le 11 juin prochain à Lausanne. Olivier Jeannel, malentendant, chef d’entreprise et fondateur d’une startup prometteuse, Pierre Cole, médecin psychiatre aux Hôpitaux Universitaires de Genève, spécialisé dans le monde de la malentendance, Cathy-Jill Barraud, directrice de la fondation IPT-Vaud (Intégration Pour Tous) et Elisabeth Barillé, écrivain-journaliste malentendante viendront ainsi partager leur expérience, leur vécu et leur vision de cette problématique cruciale pour tous les malentendants. Nous vous les présentons ci-dessous. Olivier Jeannel : « deux clés pour réussir : la formation et l’acceptation de son handicap » Âgé de 35 ans, Olivier Jeannel souffre d’une surdité bilatérale sévère depuis son plus jeune âge. Né à Hollywood, diplômé de l’Université de Berkeley, ce franco-américain a réussi un parcours scolaire et professionnel sans faute. Il est en outre le fondateur et créateur de Roger Voice, une application pour smartphones qui permet aux sourds et malentendants de téléphoner. Depuis quand êtes-vous malentendant ? A peu près depuis l’âge de deux ans, des suites d’une fièvre dont l’origine n’est pas connue. Résultat : j’ai aujourd’hui une perte bilatérale profonde de 80%. Mais je suis appareillé depuis l’âge de 3 ans à peu près. Vous êtes né et avez grandi aux Etats-Unis. Quel parcours un malentendant peut-il faire là-bas ? J’ai suivi ma scolarité à l’école publique, en scolarité intégrée comme cela se fait aux Etats-Unis. Cela veut dire que les enfants handicapés sont toujours en école « normale », car on veut favoriser la mixité. Avez-vous bénéficié d’un appui scolaire ? Une orthophoniste m’était assignée. Elle expliquait tout aux profs, et pendant toute la scolarité, elle me suivait une ou deux fois par semaine pour des cours particuliers et m’expliquer ainsi les expressions, les mots que je ne comprenais pas. Elle m’aidait aussi pour certains devoirs de classe, etc. En fait, c’était l’idéal pour moi. Et vous n’avez pas subi de discriminations, de tracasseries ? Oh si, les enfants peuvent être cruels ! Mais personne n’est épargné et on finit par se dire que les enfants sont bêtes et que c’est dommage pour eux. Ça forge le caractère, mais surtout, j’avais la chance d’avoir des amis, des profs attentifs, et de nombreux frères et sœurs. A votre avis, quelle est la plus grande difficulté qui empêche aujourd’hui un sourd ou un malentendant de réussir dans la vie ? Pour moi, le facteur clé, c’est l’éducation. Celle qui encourage la lecture et l’écriture, qui crée des passerelles dans la communication et l’apprentissage du savoir. Quand j’ai appris qu’il y a des taux très bas d’écriture et lecture chez les sourds, cela a été un choc car j’imaginais que ce serait l‘inverse, que les sourds seraient les champions. L’autre facteur, c’est bien entendu les messages envoyés par les parents, les éducateurs et aussi la société en termes d’emploi et d’opportunités. Pour tous les enfants, handicapés ou non, l’accompagnement, l’écoute, le soutien jouent toujours un rôle déterminant. Il faut juste beaucoup plus de patience pour les enfants handicapés. En quoi votre éducation à l’américaine a-t-elle joué un rôle dans la réussite de votre parcours ? Aux USA, on encourage les gens à se prendre en charge, à ne pas dépendre des autres. On donne aux jeunes les outils, les moyens pour apprendre et travailler. Du coup, cela change tout dès le départ, car on se dit « Il va falloir me former !». Par la suite, une fois la scolarité réussie, on a confiance en soi et on est beaucoup plus libre dans ses choix de vie et de carrière. Mais bien entendu, tous les enfants handicapés ne réussissent pas de la même manière. Cela dépend du handicap, de leur état d’esprit… Le degré de handicap joue-t-il un rôle selon vous ? A mon avis, c’est le degré d’adaptation et d’acceptation qui compte, plus que le degré du handicap proprement dit ! Vous arrivez en France en 2002. Comment les choses s’y sont-elles déroulées ? J’ai eu de la chance, je suis venu en France sur invitation de Sciences Po Paris qui ouvrait ses portes aux étrangers, dans le but d’accroitre sa renommée. J’ai ensuite voulu me lancer dans l’entrepreneuriat, mais c’était difficile à l’époque en France. Le choc du monde du travail français m‘a plus amusé que frustré, il y avait encore des gens qui fumaient leur cigarette au bureau en 2006 ! Mais depuis, les choses se sont bien améliorées en matière d’intégration professionnelle des personnes handicapées. Il y a des « missions handicap » dans tous les grands groupes et de plus en plus de personnes handicapées rejoignent les entreprises. Propos recueillis par Charaf Abdessemed [zone]Une application sur mesure pour sourds et malentendants Olivier Jeannel est le fondateur et créateur de Roger Voice, une application smartphone qui permet aux sourds et malentendants de téléphoner. Lancé en 2013, le projet a pu devenir une réalité grâce au crowdfunding qui lui a permis de lever quelques dizaines de milliers de francs et de lancer l’application. Roger Voice est une application que l’on télécharge sur son smartphone, comme Skype ou Viber, etc. L’utilisateur sourd ou malentendant lance son appel et dès que l’interlocuteur répond, sa parole est retranscrite automatiquement et instantanément sur l’écran du téléphone. La conversation est donc littéralement lue et la personne sourde ou malentendante peut répondre soit à l’oral, soit également par écrit. « Avec les sms et autres logiciels de messagerie, téléphoner peut paraître « vieux », mais la réalité c’est que nombre de professionnels ne sont joignables que par téléphone , explique Olivier Jeannel, qui a travaillé de longues années dans les télécommunications. C’est comme ça qu’est née l’idée de Roger Voice, disponible d’ailleurs en plusieurs langues » . Aujourd’hui, l’application connaît un véritable succès : elle a été téléchargée plus de 5500 fois et compte 1300 utilisateurs actifs, avec 200 abonnés qui ont recours au forfait mensuel demandé, allant de 2,5 à 25 francs selon les prestations. L’application est disponible en Suisse.[/zone] Cathy-Jill Barraud : « lever les préjugés pour intégrer les personnes handicapées » Directrice de la Fondation IPT Vaud (Intégration pour tous) , Cathy-Jill Barraud œuvre depuis de nombreuses années à l’intégration professionnelle des personnes souffrant d’un handicap. Le crédo de son institution ? Travailler avec « la culture du possible ». Est-il plus difficile pour une personne souffrant dans sa santé de réussir son intégration professionnelle ? Oui, forcément, car il est évident que ceux qui souffrent d’un handicap doivent toujours consentir un effort supplémentaire ! Quel est votre objectif, avec ce type de public ? Chez IPT Vaud, la moyenne d’âge des personnes que nous prenons en charge est de 40-45 ans, et souvent en situation de reconversion professionnelle en raison d’un handicap ou d’un problème de santé. Notre crédo, c’est d’essayer de travailler sur ce qu’on appelle la « culture du possible », c’est-à-dire, quoi qu’il arrive, de regarder les ressources de la personne pour travailler avec elle sur ce qu’il est possible de faire. Souvent, dans le cadre d’une réinsertion professionnelle liée au handicap, il s’agit pour nous, quand c’est possible bien sûr, d’aider la personne à trouver un nouvel environnement où le handicap ne pose pas de problème. Vous traitez donc chaque cas de manière particulière ? Absolument. Chaque personne a son parcours, ses particularités, ses ressources, ses difficultés, etc. Parfois, des personnes qui ont des profils similaires ne vont pas se comporter de la même manière dans leur démarche de réinsertion. Quel est selon vous le paramètre le plus important pour réussir une intégration professionnelle ? Sans conteste, le degré de motivation de la personne, un critère qui selon moi passe même avant le degré de limitation de sa santé ou de ses capacités. La qualité et l’implication de l’environnement familial jouent également un rôle. Au final, certaines personnes handicapées parviennent à fonctionner avec leurs limites et savent se faire apprécier au travail. D’autres malgré un handicap moins important, ont plus de mal à avancer, et cumulent des problématiques diverses dont le trouble auditif fait aussi parti. Souvent, il peut également y avoir une composante psychique qui complique l’insertion professionnelle. Que faites-vous dans ce cas ? Notre mission n’est pas une mission de soin. Néanmoins, nous avons une psychologue qui gère un module de gestion du changement, qui permet entre autres, de travailler sur les émotions et d’essayer de développer une autre attitude vis à vis de son handicap. Qu’est-ce qu’une stratégie d’insertion réussie selon vous ? C’est à la personne elle-même d’identifier où elle en est, et où elle désire aller. Ensuite, nous voyons comment faire ce travail ensemble. Ainsi, même si nous rencontrons beaucoup d’attentes, notre rôle est de soutenir la personne dans sa démarche d’intégration, avec notre réseau d’entreprises, notre connaissance du marché du travail, etc. Mais l’essentiel du travail revient à la personne elle-même, bien sûr. Comment se comporte le marché du travail vis-à-vis de la question du handicap ? Je dirais que le marché du travail est plutôt ouvert, et je sens même une certaine bienveillance par rapport à cette question ! Bien sûr, certaines entreprises ne peuvent s’adapter pour accueillir tous les profils de handicap et il faut comprendre leur réalité, même s’il est vrai que parfois, la méconnaissance du handicap peut leur faire peur. C’est notre travail d’accompagner aussi bien les personnes en intégration que les entreprises à mieux se connaître pour lever les craintes. Les stages que nous proposons sont d’ailleurs un outil très précieux pour cela. Et cela se passe-t-il bien ? Oui, car en général et quels que soient les soucis de santé, si la personne parvient à faire correctement son travail, il n’y plus de problème. Le handicap peut même d’ailleurs parfois être un avantage. Je me rappelle d’une personne sourde que nous avions placée à la Poste et qui était hyper-efficace dans son travail car elle n’était pas sans cesse dérangée par le bruit. Quand elle a quitté son travail, la Poste nous a appelés pour nous informer qu’elle pouvait réserver ce poste à une nouvelle personne souffrant du même handicap ! Y a-t-il une spécificité du handicap auditif dans l’intégration professionnelle ? Souvent, les personnes sourdes ou malentendantes ont le sentiment d’être mises de côté, en raison de l’incompréhension qui peut régner entre les deux mondes. Et c’est normal, car il s’agit d’un handicap qui touche avant tout à la communication. Quel conseil donneriez-vous à un malentendant en recherche d’emploi ? Celui que je donne à tout le monde : ne pas envoyer de CV, mais aller sur place pour se présenter. Il n’y a pas de meilleure manière de lever les préjugés que de rencontrer une personne ! Propos recueillis par Charaf Abdessemed [zone]Plus de 40 ans au service de l’intégration professionnelle Une intégration réussie sur le marché de l’emploi profite non seulement à la personne qui retrouve l’estime d’elle-même, une place dans la société et un revenu, mais également à l’entreprise qui recrute une force de travail compétente et, plus largement, à la société qui renforce ainsi sa cohésion et progresse dans l’esprit de solidarité, tout en diminuant ses charges sociales. Fondée en 1972 sous l’impulsion d’entrepreneurs visionnaires, IPT est l'un des pionniers et spécialistes de la réinsertion professionnelle des personnes en difficulté face au marché du travail ou atteintes dans leur santé. D’utilité publique et sans but lucratif, cette fondation privée est active sur le plan national. Chaque année, quelque 2’500 personnes sont ainsi accompagnées dans une prise en charge individualisée vers un retour à l’emploi rapide et durable. [/zone] Pierre Cole : « la surdité est une maladie de la communication » Le docteur Pierre Cole interviendra lors de la Journée à Thème du 11 juin prochain. Entretien avec un psychiatre qui a développé une véritable expertise sur la déficience auditive et pour lequel il n’y a pas de « spécificité psychiatrique » liée à la surdité. Comment en êtes-vous venu, en tant que psychiatre, à vous intéresser aux problèmes liés à la déficience auditive ? Quand j’étais étudiant en médecine, on m’a demandé de m’intéresser à la reconnaissance musicale et faciale des émotions chez les personnes implantées cochléaires. Cela m’a permis de voir que les troubles auditifs étaient un sujet peu étudié en psychiatrie. Ce qui m’a frappé à ce moment-là, c’est que l’audition touche intimement à la question de la communication. Or cette dernière est au centre de mon travail en tant que psychiatre… Quelles sont les difficultés que rencontrent les malentendants dans leurs parcours social et professionnels ? Il n’y a pas de réponse unique. Car en fait, les difficultés interviennent en fonction de la manière dont les personnes sont atteintes et en fonction du type de surdité dont elles souffrent. Selon que les surdités soient progressives, ou qu’elles surviennent brusquement, selon qu’elles aient une cause décelable ou qu’elles surviennent en lien avec un évènement traumatique, ou encore qu’elles s’inscrivent dans une composante familiale, l’impact ne sera évidemment pas le même. De fait, une multitude de facteurs interviennent dans les difficultés que les malentendants peuvent rencontrer. Peut-on identifier cependant des points communs dans les difficultés rencontrées ? Oui : les questions liées à la communication, celles liées au deuil que l’on doit faire quant à un certain nombre d’activités sociales sont bien sûr des points communs. Vous soignez de nombreux malentendants et sourds dans votre consultation. Sont-ils plus vulnérables à certaines maladies que les normo-entendants ? A mon avis, le fait d’être malentendant n’est pas quelque chose de spécifique et on retrouve pour les malentendants les mêmes problématiques que pour les personnes entendantes. C’est un point de vue personnel, car la question de la spécificité des psychopathologies liées à la surdité agite de longue date le monde académique. Y a-t-il des pathologiques plus fréquentes chez les malentendants ? A mon sens non, on retrouve chez eux au premier plan les mêmes pathologies qui affectent la population générale, c’est à dire les troubles de l’humeur dépressifs, les troubles anxieux, les troubles de l’adaptation. Dans le cas des malentendants, la maladie peut néanmoins induire une dépréciation de soi, une vision négative des choses et une focalisation plus importante sur l’impact de l’audition dans la vie de tous les jours. Souvent, ce que l’on interprète chez le malentendant comme étant une dépression ou un repli sur soi n’est en réalité rien d’autre qu’un problème d’adaptation aux difficultés dans la communication. Selon moi, la malentendance est en premier lieu une maladie de la communication, au delà de la vision purement médicalisé du point de vue ORL. L’insertion dans la vie sociale et professionnelle reste une question cruciale à laquelle se heurtent de nombreux malentendants… Bien sûr, il y a un certain nombre de facteurs qui font que leur parcours peut être bien plus compliqué que pour les autres. Mais, et au fond, c’est une question universelle qui nous concerne tous, l’essentiel c’est le regard que l’on peut porter sur son handicap, les difficultés que l’on rencontre, et sur le monde en général. Comme pour tout le monde, il est bien plus facile de se focaliser sur ce que l’on n’a pas, que de voir ce qui est encore possible. La question est donc d’apprendre à tirer partie de son handicap, de mettre en perspective avec humour les difficultés du quotidien, sachant d’ailleurs que chacun d’entre nous a un handicap dans la vie. Ainsi, une de mes collègues qui a des soucis d’audition de longue date, a dû se résoudre à porter un appareil auditif. Elle est arrivée en disant : « j’ai une annonce à vous faire, il y a un nouveau collaborateur dans le service ! » C’était une manière drôle et intelligente d’annoncer la nouvelle, tout en prenant du recul. Quel rôle peut jouer l’entourage dans la vie d’un malentendant ? Bien sûr, le soutien familial permet de mieux vivre les choses, selon que l’entourage tient compte ou pas du handicap de la personne. Et dans certains moments plus difficiles, ce soutien peut même être déterminant. La compréhension, l’humour et un regard décalé au sein d’une famille rendent ainsi une adaptation bien plus facile ! A l’inverse, les choses peuvent beaucoup se compliquer si l’on ressent de l’incompréhension autour de soi. Le degré de perte auditive peut-il être un facteur de pronostic de la future insertion professionnelle d’une personne malentendante ? Selon mon expérience, je n’ai pas le sentiment qu’il y ait un lien entre les deux. D’autant qu’il y a bien d’autres facteurs : la famille bien sûr, mais la vision que le malentendant a de lui-même, les expériences personnelles de rejet qu’il a vécues ou pas. Pour moi, la question fondamentale est de savoir si la personne a réussi à acquérir une identité propre au sein de laquelle elle peut se retrouver. L’enjeu est donc d’apprendre à se situer par rapport aux autres. Encore une fois, c’est une question qui se pose à chacun d’entre nous, et plus particulièrement à ceux qui estiment souffrir d’une différence. Quels conseils pourriez-vous donner afin d’aider un malentendant à accomplir son parcours ? C’est compliqué de donner un conseil (rires) ! Ce qui est important pour celui qui éprouve des difficultés, c’est de travailler à reconstruire la manière dont il voit la vie, mais aussi ses propres faiblesses, ses capacités, ses forces. Lorsqu’on souffre d’un déficit, il y a des choses qu’on ne peut pas changer, comme retrouver son audition, retrouver toutes ses capacités sociales. A l’inverse, il a aussi des choses sur lesquelles on peut agir. Tout l’art est de trouver l’équilibre entre ce que l’on doit accepter et ce que l’on peut changer. D’ailleurs, le trouble auditif peut parfois être une force dans le travail, si on sait l’amener avec humour. Le trouble auditif peut donc être une richesse… Oui, bien sûr, mais c’est à la personne elle-même de trouver ce qui fait cette richesse ! Que vous ont appris les sourds et malentendants ? J’ai pu voir les difficultés qu’ils rencontrent mais aussi l’étendue de leurs ressources et la diversité des manières dont on peut se construire dans notre monde. Ils m’ont montré les capacités qu’a l’humain de changer et de grandir. [zone]Un intérêt ancien pour la déficience auditive Le docteur Pierre Cole est un des rares psychiatres dans le monde francophone à s’être intéressé de près aux questions de surdité. Il est actuellement Chef de clinique aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Dès 2009, il est stagiaire à l’hôpital Sainte-Anne de Paris, au Pôle «Surdité et souffrances psychiques» et obtient ensuite en 2011, à l’Université René Descartes de Paris, un Diplôme d’Université en Surdité et Santé mentale. Il est en outre l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur la problématique spécifique de la santé mentale et de la déficience auditive.[/zone] Elisabeth Barillé, « L’oreille d’or » Entendre, mais d’une seule oreille. Ne pas entendre comme il faudrait, donc, à l’école, en société, chez soi, mais entendre autre chose, souvent, entendre mieux, parfois. Dans « L’oreille d’or » un récit intime récemment publié aux éditions Grasset, Elisabeth Barillé évoque son handicap invisible, malédiction et trésor, qui l’isole mais lui accorde aussi le droit d’être absente, le droit à la rêverie, au retrait, à la rétention, voire au refus. « Merci mon oreille morte. En me poussant à fuir tout ce qui fait groupe, la surdité m’a condamnée à l’aventure de la profondeur… » Dans cet émouvant témoignage, la romancière revient sur son parcours de silence : sa vie d’enfant un peu à part, les refuges inventés, les accidents et les rencontres… De l’imperfection subie au « filon d’or pur », Elisabeth Barillé traverse l’histoire littéraire et musicale, dans une réflexion presque spirituelle. Née en 1960 à Paris d’un père français et d’une mère russe, Elisabeth Barillé est l’auteure de plusieurs romans, récits et biographies, parmi lesquels, chez Gallimard, Corps de jeune fille (1986), Exaucez-nous (1999, Prix de la Fondation de France), A ses pieds (2006). Et chez Grasset : Une légende russe (2012) et Un amour à l’aube (2014). SUIVANT PRECEDENT

  • De (bonnes) nouvelles de l'AI pour les jeunes en formation | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine De (bonnes) nouvelles de l'AI pour les jeunes en formation 3 décembre 2016 Publié le : Bonne nouvelle pour les jeunes qui bénéficient de l'AI: dès aujourd’hui, annonce l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), la formation professionnelle élémentaire octroyée aux jeunes assurés handicapés par l’assurance-invalidité dure en principe deux ans. Ainsi, l’AI adapte sa pratique à un récent arrêt du Tribunal fédéral. Jusqu’à présent, elle accordait généralement une année de formation, puis une année supplémentaire lorsqu’il apparaissait que la formation avait de bonnes chances de déboucher sur une amélioration des perspectives de travail de l’assuré dans le marché primaire de l’emploi. Étant donné qu’il n’était souvent pas possible de constater à l’issue de ces deux ans une réadaptation ayant une incidence sur la rente, l’AI limitait, dans un premier temps, l’octroi de ces formations à un an et décidait d’une prolongation éventuelle sur la base d’un bilan établi vers la fin de la première année et attestant de bonnes chances de capacités de gain futures sur le marché primaire du travail. Dans ces cas seulement, les formations étaient prolongées d’une deuxième année. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) abroge la lettre circulaire avec effet immédiat. Autrement dit, pour toutes les situations nouvelles ou en cours, le principe est désormais que la formation élémentaire de l’AI et les formations pratiques INSOS durent deux ans. Les conditions d’octroi seront vérifiées pour chaque cas en fonction des considérations de l’arrêt du Tribunal fédéral. SUIVANT PRECEDENT

  • Des cellules souches et une imprimante 3D pour fabriquer… une oreille ! | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Des cellules souches et une imprimante 3D pour fabriquer… une oreille ! 12 juillet 2022 Publié le : En juin dernier, une équipe américaine a mis au point et testé la greffe d’un implant d'oreille imprimé à partir de cellules humaines. Un grand espoir pour celles et ceux qui souffrent de malformation congénitale du pavillon. C’est un véritable exploit, encore impensable il y a quelques années. Le mois dernier, une équipe médicale américaine a annoncé avoir pour la première fois, greffé un implant d’oreille humaine. Mais il ne s’agit pas de n’importe quel implant, puisque la nouvelle oreille a été créée à partir des cellules de la patiente soignée et façonnée à l’aide… d’une imprimante 3D. Cette nouvelle technique s’adresse aux personnes souffrant de microtie, une malformation de naissance qui touche un enfant sur environ 15000 naissances. La microtie est une malformation congénitale de l'oreille externe, observée le plus souvent chez les garçons, survenant de manière sporadique ou héréditaire et qui se caractérise par un pavillon atrophié, et fréquemment associée à une perte auditive. Depuis très longtemps, de multiples techniques chirurgicales ont été développées dans le but de recréer la forme tridimensionnelle complexe du pavillon de l’oreille chez ces patients avec des résultats esthétiques divers. Radicalement nouvelle L’approche développée aux Etats-Unis, encore expérimentale, est radicalement nouvelle, puisqu’il s’agit de réaliser une empreinte 3D de l'autre oreille pleinement développée du patient, puis de collecter des cellules du cartilage de son oreille. Celles-ci sont ensuite mises en culture pour en obtenir une quantité suffisante, avant d’être mélangées à un hydrogel de collagène, utilisé pour imprimer le futur implant, et qui sera ensuite entouré par une coque imprimée et biodégradable destinée à le soutenir. Au fil du temps, l’implant devrait être absorbé par le corps du patient et l'oreille greffée est supposée à terme développer l'aspect et le toucher d'une oreille naturelle. « En tant que médecin ayant traité des milliers d’enfants atteints de microtie à travers le pays et le monde, je suis enthousiasmé par cette technologie et ce qu’elle pourrait signifier pour les patients et leurs familles », a déclaré Arturo Bonilla, chirurgien et fondateur d’un institut spécialisé dans le traitement de cette malformation, à San Antonio, au Texas. A l’avenir, 3DBio, la société à l’origine de cette avancée, souhaite développer des implants pour des formes plus sévères de microtie. Les implants imprimés en 3D pourraient également être utilisés pour d’autres affections impliquant du cartilage, notamment des défauts ou des blessures au nez, des reconstructions mammaires ou un ménisque endommagé au genou. SUIVANT PRECEDENT

  • Elvire Egger: « Dédramatiser pour bien vivre » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Elvire Egger: « Dédramatiser pour bien vivre » 18 juillet 2013 Publié le : Atypique et bien dégourdie, la Jurassienne Elvire Egger l’est certainement ! En première année d’université, cette malentendante de naissance espère devenir un jour climatologue. Ce qui n’empêche pas cette passionnée d’environnement de pratiquer à ses heures perdues… la flûte traversière. Et sans ses appareils, s’il vous plait ! Vous êtes en 1ère année d’université et avez reçu le Prix aux élèves malentendants en juin 2012… J’ai trouvé ça très gentil ! D’ailleurs, j’ai été très surprise quand le Principal m’a annoncé cette nouvelle… Et j’ai aussitôt accepté qu’il en parle publiquement lors de la remise des diplômes, car c’est une belle façon de montrer que ce n’est pas parce qu’on a un problème qu’on ne parvient pas à faire ce qu’on veut ! Depuis quand êtes-vous malentendante ? Depuis la naissance. Très tôt, j’ai montré des difficultés à parler, et ma maman s’est aperçue qu’il y avait un problème, dont on ignore exactement la cause… Peut-être est-ce d’origine génétique, même si je suis la seule dans la famille à être malentendante ! Êtes-vous appareillée ? Oui, bien sûr, j’ai été appareillée très tôt, ce qui m’a permis de suivre une scolarité normale depuis mon plus jeune âge. Avez-vous eu besoin d’une aide quelconque, comme une codeuse-interprète par exemple ? Non, car j’entends bien avec mes appareils. Mais bien sûr, j’ai toujours prévenu mes enseignants, qui veillaient alors à parler fort, à bien articuler… Après l’école obligatoire, j’ai d’ailleurs fait une maturité gymnasiale à la Chaux-de-Fonds. Au fond, la déficience auditive ne m’a posé aucun problème en termes de scolarité. D’ailleurs, je le vis très bien et, le plus souvent, j’oublie même que j’ai des appareils ! A vous entendre, cela a été facile… Je suis consciente que certains ont de la difficulté à s'adapter mais moi je n'en ai pas eu. En fait, cela a été facile de m'adapter car mes parents n'ont jamais dramatisé à propos de mon handicap. Et surtout à l'âge où j'ai été appareillée (école enfantine-première année obligatoire), on ne se rend pas vraiment compte de la différence… Et avec vos amis ? Ils oublient que je suis malentendante (rires) ! Et quand je le leur rappelle, ils sont toujours surpris… Pourtant, quand ils faisaient trop de bruit en classe, je ne me gênais pas pour leur rappeler de se calmer afin que je puisse entendre. Je dis franchement les choses ! Depuis septembre dernier, vous êtes désormais à l’Uni. Comment cela se passe-t-il ? A l’Uni, on est dans l’anonymat, car c’est grand ! Et on prend une claque, car c’est très différent du lycée, et aussi très exigeant au niveau intellectuel. Heureusement, les profs utilisent quasi-systématiquement un micro, donc je n’ai pas de problème pour suivre. En revanche, si j’oublie mes appareils, je n’ai plus qu’à rentrer à la maison ! (rires) Quelles études avez-vous choisies ? Je suis en 1ère année de bachelor environnement, car les questions de durabilité m’ont toujours passionnée. Il est probable que par la suite, je fasse un master à Genève. Mon but, c’est de devenir climatologue. Avec 8 mois de recul, la fac, c’est comment ? Pas facile. Comme pour la plupart des nouveaux étudiants, mes notes sont assez moyennes, mais pour une première expérience, c’est pas mal ! On verra bien par la suite, mais c’est sûr, il faut beaucoup travailler ! Vous reste-t-il du temps pour vous distraire, en dehors des études ? Pas beaucoup ! Mais quand, le week-end, je rentre chez moi dans le Jura, je revois mes amis et je joue de la flûte traversière, que je pratique depuis 8 ans. D’ailleurs, pour jouer, je ne mets jamais mes appareils auditifs, car dans ce cas je n’aime pas le son de ma flûte… Et puis, j’écoute beaucoup de musique, et même si ça surprend par rapport à la flûte traversière, j’adore le rock, le metal… Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Thomas Betschart : « Lève-toi et marche ! » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Thomas Betschart : « Lève-toi et marche ! » 15 janvier 2015 Publié le : Né il y a 28 ans à Genève, Thomas Betschart vit depuis 4 ans à Lausanne. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sourd profond implanté a toujours su ce qu’il voulait, et ne craint pas les difficultés. La preuve ? Il vient de s’installer comme graphiste et graveur indépendant, un audacieux pari sur l’avenir. Depuis combien de temps êtes-vous malentendant ? Je suis sourd profond de naissance, pour une raison inconnue, même si je dis parfois que je suis malentendant, car les gens ne font pas la différence. Êtes-vous appareillé ? Jusqu’à l’âge de 13 ans, j’ai porté des prothèses auditives. Puis, lorsque cette technologie s’est généralisée, on m’a posé un implant cochléaire, ce qui a bien amélioré la situation. Avant cela, j’étais bien moins réactif au bruit. Où avez-vous suivi votre scolarité ? Au début, j’ai fréquenté une école pour sourds, à Genève où je suis né et où j’ai grandi, en même temps que je commençais une école normale, selon le souhait de mes parents. Mes parents ne souhaitaient pas que je sois trop isolé dans un milieu pour sourds. Et comment se sont déroulées vos études ? J’ai bénéficié de la présence d’une codeuse-interprète LPC pour mes cours. Tout s’est donc bien passé la plupart du temps, même si parfois, à l’école, j’étais considéré comme quelqu’un de différent, puisque je ne rentrais pas dans le moule (rires) ! Et qu’avez-vous fait après votre scolarité obligatoire ? Depuis tout petit, je suis passionné de bande dessinée. La bande dessinée m’a d’ailleurs beaucoup apporté dans l’apprentissage des subtilités du français. Alors pour trouver un compromis, j’ai suivi un apprentissage en graphisme, le métier qui me rapprochait le plus de la BD. Cet apprentissage a-t-il été facile ? Oui et non. Là encore, l’apport des codeuses-interprètes a été déterminant. Mais ce qui est difficile, c’est de devoir toujours courir à droite et à gauche pour obtenir les informations dont on a besoin. Et là, la codeuse ne suffit pas, d’autant que mes collègues étudiants ne faisaient pas vraiment preuve d’esprit de solidarité, ce qui est légitime d’ailleurs, dans le sens où c’était à moi de communiquer mes besoins ! Heureusement, en tant que fils unique, j’ai très tôt appris à compter sur moi-même ! Vous obtenez votre diplôme de graphiste en 2005. Que faites-vous ensuite ? J’ai suivi pendant trois ans une autre formation dans une HES à Genève, cette fois en communication visuelle (rires). Ensuite, après avoir suivi de nombreux stages dans des entreprises, qui en général utilisent les stagiaires comme bouche-trous, j’ai fini par décrocher un contrat de graphiste en 2013, dans le canton de Vaud. Ce n’est pas rien, car en Suisse romande, chaque année 80 à 100 nouveaux graphistes arrivent sur le marché! Et comment s’est passée cette première expérience professionnelle ? Bien, si ce n’est qu’au bout de quelques temps, j’ai été licencié, hélas pour des raisons économiques. Ma surdité n’a joué aucun rôle dans ce dénouement. Que faites-vous alors pour rebondir ? J’ai décidé de me mettre à mon compte, comme indépendant. Cela correspond à mon caractère, de ne pas être dirigé, de faire les choses par moi-même et de pouvoir prendre des initiatives. Toute ma vie, qu’elle soit professionnelle ou sociale, j’ai toujours dû prendre des initiatives, pendant que les autres avançaient tranquillement. J’ai interprété cette citation de la Bible, « Lève-toi et marche », comme une invitation à faire les choses par moi-même. Et comment cela se passe-t-il ? Pas mal, même s’il faut beaucoup prospecter. Mais je ne regrette pas et j’entends bien continuer dans cette voie, même si, pour joindre les deux bouts, j’exerce aussi, toujours comme indépendant d’ailleurs, le métier de graveur sur étiquettes. J’ai très tôt appris à faire des compromis ! www.betscharthomas.ch Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

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