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  • Tests auditifs itinérants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Tests auditifs itinérants 9 juillet 2018 Publié le : Drôles d’escapades que celles de Marie-Aurore Smeyers, qui trace les routes pour réaliser des tests auditifs d’appareillage et nettoyages d’appareils à domicile. Un concept innovant en Suisse romande. Audioprothésiste diplômée, Marie-Aurore Smeyers a fondé NeoLife en février 2015. Une de ses assistantes et elle sillonnent individuellement les routes de Suisse romande en voiture, afin de rendre visite aux personnes malentendantes, faire passer des tests auditifs, appareiller, ainsi que nettoyer et entretenir leurs appareils. Dans la petite entreprise, dont le siège social est implanté à Morges, une audioprothésiste assistante complète la fine équipe. «Je peux me permettre de travailler hors des sentiers battus et d’organiser mon emploi du temps comme je le souhaite. Avec ma petite valise qui renferme tout le matériel nécessaire, j’entreprends des échappées belles plusieurs fois par semaine. Mon travail me procure un réel plaisir et une grande satisfaction, il est ponctué de rencontres et partages enrichissants, d’écoute, de bienveillance, de soins et de découvertes de lieux magnifiques qui constituent mon quotidien», s’enthousiasme-t-elle. «Entendre tout simplement» NeoLife est à l’écoute et appréhende les problèmes journaliers de personnes malentendantes. Les ORL de la région encouragent leurs patients à se tourner vers ce service exclusif à domicile, les retours sont très positifs et les demandes croissantes, notamment grâce au bouche à oreille. Après une prise de rendez-vous individuel, une des conseillères se déplace pour réaliser le contrôle auditif et le nettoyage régulier de l’équipement, à raison de deux ou trois fois par année, et pour répondre aux éventuelles questions en suspens. « Il y a un aspect très rassurant pour le patient et a contrario d’un passage éclair dans un magasin où il faut faire vite, nous prenons tout le temps nécessaire et évitons ainsi aux personnes souvent âgées de devoir se déplacer », détaille Marie-Aurore Smeyers, originaire de Belgique où elle a grandi, et pays dans lequel existait ce type de services auparavant. En route Lors d’une escapade dans le Gros-de-Vaud, la fondatrice de NeoLife rend visite à un couple charmant et accueillant. Décontractés autour de la table du salon, dans lequel les conditions sonores atteignent moins de 30db, les intervenants peuvent démarrer le nettoyage de l’appareil et les tests auditifs. « La désertification des campagnes engendre un manque réel de prestations et de services dans les villages. L’offre de NeoLife est vraiment bienvenue », explique Monsieur Curchod, avant de se concentrer pour répéter les mots qu’il perçoit dans le casque relié à l’audiomètre portable. Madame Curchod en profite pour réaliser son premier test. «Je sens que mon ouïe baisse et j’avoue que si je devais me déplacer pour en effectuer un, je n’irais pas. Le fait que NeoLife vienne ponctuellement voir mon mari m’a mis la puce à l’oreille et encouragée à faire le premier pas. Les résultats sont parlants et il ne sert à rien d’être dans le déni. Je profiterai de la prochaine escapade de NeoLife pour me faire poser un appareil», détaille-t-elle. Tests, un, deux... Lors des analyses informatisées en direct, les chiffres et les pourcentages d’audition s’affichent en un clic, puis sont transmis à l’ORL. Si la déficience atteint 25%, le port d’un appareil est conseillé. Les patients peuvent en tester gratuitement et sans engagement. « Si j’estime que la situation est urgente, je contacte moi-même l’ORL », précise l’audioprothésiste. L’empreinte de l’oreille est scannée et envoyée au laboratoire du prothésiste. Dans 85% des cas, on utilise des dômes silicone. « Mon rôle consiste à identifier un éventuel problème et à envoyer les patients vers l’ORL, qui va contrôler à son tour, vérifier qu’il n’y ait pas d’autres problèmes et prescrire l’appareillage si besoin », ajoute encore Marie-Aurore. A l’achat de l’appareil, le prix inclut les consultations de NeoLife, exceptés les piles, les filtres et les produits de nettoyage. Un contrôle minutieux sur l’état et le stock est réalisé lors de chaque rencontre. « Nous créons une relation de confiance et de proximité; les patients comme moi sommes gagnants à travers cette prestation et si je devais retourner travailler en magasin, ce serait réellement très difficile pour moi », conclut-elle. Processus des tests auditifs à découvrir en vidéo sur : www.neolife.ch SUIVANT PRECEDENT

  • Passage à l’âge de l’AVS : Comment garantir ses droits acquis | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Passage à l’âge de l’AVS : Comment garantir ses droits acquis 15 novembre 2010 Publié le : La loi suisse garantit à tout malentendant équipé d’un appareil auditif dans le cadre des moyens auxiliaires de l’AI, le maintien des prestations lorsqu’il passe à l’âge AVS. C’est ce qu’on appelle les droits acquis. Mais ces droits doivent impérativement être accordés avant l’entrée à l’âge de l’AVS, faute de quoi la personne malentendante devra passer à la caisse. Certaines mésaventures peuvent occasionner bien des désagréments. Pour Philippe* âgé de 66 ans et malentendant depuis plusieurs décennies, le passage à l’âge AVS aurait pu revêtir un goût amer. Préposé au guichet à la Poste, il est parvenu sans difficultés à poursuivre son activité professionnelle grâce à un appareil auditif de niveau 3 (lire encadré), financé en 1992 par l’AI dans le cadre des moyens auxiliaires. Seulement voilà, l’âge de la retraite a sonné l’heure des déconvenues, puisque suite à une recommandation de l’expert ORL, il se retrouve avec un nouvel appareil, classé de niveau 2, soit un dispositif nettement moins performant que celui dont il disposait durant son activité professionnelle. Heureusement, après quelques mois et suite à l’intervention du conseiller juridique de son association professionnelle, Philippe a pu être rétabli dans ses droits et bénéficier d’un équipement du même niveau que celui qu’il utilisait auparavant. Loin d’être isolé, le cas de Philippe illustre une problématique à laquelle sont confrontés de nombreux malentendants au moment de leur passage à la retraite: comment continuer à faire financer par l’Assurance Invalidité un appareillage de même qualité et de même niveau que celui dont ils disposaient en âge AI ? C’est la fameuse question du niveau d’adaptation audio-prothétique en droits acquis AVS/AI. Dispositions claires Pourtant, les dispositions législatives sont explicites puisque l’article 4 de l’OMAV (Ordonnance du 28 août 1978 concernant la remise de moyens auxiliaires par l'assurance-vieillesse) précise sans ambiguïté: « les bénéficiaires d’une rente de vieillesse domiciliés en Suisse qui bénéficient de moyens auxiliaires ou de contributions aux frais au sens des art.21 et 21 bis de la loi fédérale du 19 juin 1959 sur l’assurance-invalidité au moment où ils peuvent prétendre à une rente AVS, continuent d’avoir droit à ces prestations dans la même mesure, tant que les conditions qui présidaient à leur octroi sont remplies (…) » . De fait, il est clair qu’une personne malentendante bénéficiant de moyens auxiliaires AVANT son entrée à l’âge de l’AVS doit bénéficier au moins du même appareillage que celui dont elle disposait avant sa retraite, pour autant qu’elle en ait encore besoin. « Il ne s’agit en aucun cas de réduire ou de modifier les prestations dès lors que la personne est passée à l’AVS. Si une personne malentendante dispose d’un dossier à l’AI avant l’âge de ses 65 ans, la préservation de ses droits est valable d’office, explique Christian Valenzano, gestionnaire spécialisé dans les moyens auxiliaires AVS et droits acquis à l’Office AI du canton de Vaud. Une fois qu’elle passe à l’AVS, elle aura droit au même matériel et quand on devra remplacer celui-ci, on ressortira son dossier et les droits sont acquis d’office.» Restriction Seule restriction, quand l’assuré n’a plus besoin de son appareillage, lorsque par exemple, pour une raison ou une autre, sa déficience auditive évolue vers une surdité totale qui rendrait… tout appareillage inutile. « Les éléments qui amèneraient une modification des prestations sont en fait liés à l’évolution du handicap, confirme Christian Valenzano. Par exemple, l’adaptation d’une oreille qui a évolué vers la surdité absolue est contre indiquée car elle ne sert à rien. En revanche, lorsque l’appareil devient inutilisable ou lorsque le handicap s’aggrave, l’assuré a droit au moins au même appareil. Et s’il venait à avoir besoin d’un second appareil pour l’autre oreille, l’AI assure le droit acquis pour les deux côtés. » En théorie donc, aucune inquiétude à avoir lorsque l’on passe à l’âge AVS, puisque le droit garantit à tout assuré de bénéficier du même appareillage que celui dont il disposait en âge AI, ou même d’un appareillage plus performant si son handicap avait tendance à s’aggraver. La situation est tout autre en revanche, si une personne malentendante nécessitait de s’appareiller après l’âge de son entrée à l’AVS. Dans ce cas, il ne saurait être question de faire appel aux droits acquis et le rentier AVS bénéficiera de prestations très nettement moins avantageuses que celles dont il aurait disposé s’il avait été équipé avant son passage à la retraite. Car l’AVS n’apporte un soutien financier que pour l’appareillage d’un seul côté, et encore, à hauteur de 75% seulement (Article 2, alinéa 2 de l’OMAV). « L’explication est simple, avance Christian Valenzano. Contrairement à l’AI, l’AVS n’a pas pour vocation de réinsérer les personnes dans le milieu professionnel. L’assuré devra financer de sa poche 25% du prix de l’appareil qu’il va recevoir. En revanche, il en sera propriétaire, contrairement à ceux qui bénéficient du droit acquis, à qui l’AI ne fait que prêter le matériel audio-prothétique ! » Démarches précoces Résultat: il est indispensable, si quelqu’un soupçonne une perte de son acuité auditive, d’entamer les démarches pour se faire appareiller avant l’âge de sa retraite. Faute de quoi, il sera dans l’obligation de financer lui-même une part plus ou moins importante de son appareillage, lorsque celui-ci sera devenu incontournable. « Effectivement, il est plus facile pour le long terme d’avoir déjà eu ses premiers appareils avant l’âge de l’AVS, constate Daniel Hadorn, avocat à la Fédération suisse des sourds. Même si l’AI se prononce sur la base des données médicales de la personne malentendante qui doit remplir les conditions pour l’octroi d’un appareil, je conseillerais d’essayer de se faire appareiller avant la limite d’âge critique ! » Reste qu’il ne faut pas peindre le diable sur la muraille. Même si cela implique des démarches supplémentaires et des tracasseries administratives, une personne âgée qui aurait besoin d’un appareillage auditif sans bénéficier du droit acquis et sans pouvoir en financer elle-même le complément non pris en charge par l’AVS, ne resterait pas livrée à elle-même. « Les personnes dans ce cas de figure peuvent toujours faire appel aux prestations complémentaires de l’AVS, nous explique un conseiller juridique d’une association d’aide aux personnes âgées. La précarité ne doit pas être un prétexte à ne rien faire, et nous assistons volontiers les gens dans leurs démarches ». « Dans nos décisions, lorsque nous suspectons que quelqu’un est dans une situation économique difficile, rappelle Christian Valenzano, nous insérons une information très neutre pour lui ouvrir la possibilité d’avoir recours aux prestations complémentaires. » * Prénom fictif, identité connue de la rédaction Charaf Abdessemed [zone]Une seule exception Les droits acquis représentent une disposition claire et non équivoque de la législation suisse: un malentendant bénéficiaire de moyens auxiliaires continuera à en bénéficier une fois parvenu à l’âge AVS. Il existe néanmoins une exception à ce régime de protection sociale, et dans ce cas l’AI n’entre pas en matière lorsqu’il s’agit de droits acquis: c’est celle des frontaliers qui, travaillant en Suisse, ont bénéficié d’un appareil dans le cadre des moyens auxiliaires et qui, à l’âge de l’AVS ne sont plus assurés sur le sol suisse. « C’est un cas très rare, observe Christian Valenzano de l’Office AI du canton de Vaud. Mais dès l’instant où ces personnes sont retraitées sur le sol français par exemple, et où elles cessent de cotiser et n’entretiennent plus de rapports avec les assurances sociales suisses, elles perdent leur bénéfice aux droits acquis ! »[/zone] Trois niveaux d’adaptation Le fait de bénéficier des moyens auxiliaires ne garantit pas le financement complet de l’appareil auditif dont vous souhaiteriez être équipé ! Selon la nomenclature de l’AI, il existe trois niveaux d’adaptation prothétique. Après évaluation, le médecin expert attribue un certain nombre de points à la déficience auditive dont vous souffrez, points en fonction desquels l’AI déterminera le niveau d’adaptation: simple en dessous de 49 points, complexe entre 50 et 75 points, et très complexe au-dessus de 75 points. D’une manière générale, l’AI attribue pour chaque niveau un montant maximal de remboursement. En clair, si par exemple vous souffrez d’une déficience évaluée comme étant complexe et que pour une raison ou une autre (meilleure qualité d’écoute etc.), vous souhaitez un appareil plus performant, l’AI ne vous financera que le montant lié à votre niveau d’évaluation. Le solde sera à votre charge, pour des sommes qui peuvent parfois atteindre plusieurs centaines de francs. SUIVANT PRECEDENT

  • Remboursement des appareils auditifs: un bilan en demi-teinte | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Remboursement des appareils auditifs: un bilan en demi-teinte 19 septembre 2013 Publié le : Depuis le 1er janvier 2011, le remboursement des appareils auditifs se fait sur la base d’un montant forfaitaire. Deux ans après cette réforme voulue par l’OFAS, quel est le bilan des différentes mesures entrées en vigueur ? S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur la réduction des coûts escomptée, une chose est sûre: un certain nombre de malentendants sont laissés sur le carreau. C’était il y a un peu plus de deux ans. Le 1er juillet 2011 entrait en vigueur un nouveau système de remboursement des appareils auditifs. Une révolution pour des malentendants habitués à un ancien mode de remboursement beaucoup plus généreux, par lequel l’AI réglait directement à l’audioprothésiste le montant des appareils fournis aux malentendants. Depuis, changement de cap. L’AI concède désormais à chaque malentendant un montant forfaitaire de 840 francs pour un seul appareil, 1650 francs pour deux appareils. Tous les 6 ans, le malentendant se voit ainsi verser cette somme, et à charge pour lui de l’utiliser comme bon lui semble pour acquérir l’appareillage dont il a besoin, y compris à l’étranger s’il le souhaite, et rémunérer un audioprothésiste pour le réglage de ses appareils. Objectif annoncé de cette réforme: faire jouer la concurrence et surtout, faire baisser les coûts pour l’AI, comme l’annonçait en mars 2011, Yves Rossier, alors directeur de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Réserves Alors qu’à l’époque, malentendants, médecins ORL, audioprothésistes et forom écoute avaient fait part de leurs plus vives réserves face aux conséquences prévisibles de cette réforme, quels résultats a-t-on pu observer, deux ans après son entrée en vigueur ? Les objectifs en termes de coûts ont-ils été atteints par l’OFAS ? Le prix des appareils auditifs a-t-il, comme espéré, baissé sous le jeu de la concurrence ? Et enfin, et c’est le plus important, les malentendants ont-il pâti de cette baisse claire du soutien financier qui leur était alloué ? Sans surprise, l’introduction du nouveau système au 1er juillet 2011 s’est d’abord traduite par une véritable explosion des demandes au premier semestre de l’année 2011, la plupart des malentendants ayant très logiquement souhaité bénéficier de l’ancien système de remboursement, juste avant son abrogation. « A cette époque, on a à peu près appareillé tout le monde, constate Stéphane Fourreau, audioprothésiste indépendant et membre du Conseil de fondation de forom écoute. Evidemment, juste après, il y a eu un énorme creux ». Le résultat est simple: alors qu’en Suisse, on vendait au total une moyenne de 70'000 appareils auditifs chaque année, 2011 a connu un important pic, avec plus de 90'000 appareils qui ont trouvé acquéreur, pour la grande majorité au cours du 1er semestre. Evidemment, l’année suivante, en 2012 donc, seuls 50'000 appareils ont été vendus, tandis que les chiffres du 1er semestre 2013 font état de 30'000 appareils commercialisés, laissant augurer d’un progressif retour à la normale après le boom de 2011. Trop tôt Cette évolution très particulière fait qu’en réalité, il est encore trop tôt pour tirer un bilan fiable et définitif des implications de la réforme. « Nous estimons que 2013 sera l’année où la situation va se normaliser et qu’à partir du bilan 2014, nous pourrons suivre l’évolution du nouveau système, observe ainsi Harald Sohns, porte-parole de l’OFAS. L’évolution du nombre de nouvelles demandes reste inconnue ». Difficile de savoir donc si l’objectif de réduction des coûts affiché par l’OFAS semble en passe d’être atteint. Alors que l’enveloppe financière allouée par l’AI en 2010 était de 41 millions de francs, 34 millions ont été concédés pour chacune des années 2011 et 2012, nouveaux cas et cas de renouvellement confondus, comprenant des remboursements selon l’ancien et le nouveau système. A noter que ces chiffres comprennent également les dépenses pour frais complémentaires – réparation, remplacement d’accessoires, etc.-, qui continueront à être remboursés selon l’ancien tarif pendant 6 ans. Etudes en cours Afin d’y voir plus clair, l’OFAS a mandaté deux études pour évaluer la situation, l’une examinant la qualité de l’approvisionnement après l’introduction du nouveau système (résultats attendus en 2015), la seconde évaluant l’effet sur les prix des produits, dont les résultats sont attendus pour le début de l’année 2016. L’autre grande inconnue est en effet l’évolution du prix moyen des appareils auditifs en Suisse, censé être tiré vers le bas par une concurrence accrue. Pour Akustika, l’association faîtière qui fédère les audioprothésistes suisses, l’affaire est entendue: « les effets de la concurrence sont bien là, nous confirme ainsi Nathalie Farner-Harchambois, d’Akustika. Les prix ont baissé de 20 à 30% », un constat que ne partagent pas nombre d’audioprothésistes romands que nous avons contactés et qui affirment n’avoir à ce jour observé aucune diminution significative du prix des appareils commercialisés.[/zone] [zone]Des malentendants globalement insatisfaits Pour les malentendants, l’impact de la réforme de 2011 peut être évalué selon deux axes majeurs interdépendants. D’abord la qualité des prestations, de l’appareillage et des soins reçus, et ensuite bien sûr, selon un volet financier. Si l’on en croit, l’étude « EuroTrak Suisse 2012, L'audition en Suisse » réalisée sur mandat des HSM (Hearing Systems Manufacturers), l’Association suisse des fabricants d'aides auditives, le constat est clair: « les porteurs d’aides auditives se montrent plutôt critiques envers le nouveau système de remboursement, peut-on y lire. Les différentes mesures de réduction de coût sont jugées négativement par la plupart d'entre eux. » « Sans aucun doute, confirme Nathalie Farner-Harchambois, d’Akustika, les malentendants n’ont tiré aucun profit du nouveau système forfaitaire. Le nombre de malentendants pouvant bénéficier d’un remboursement a diminué de manière drastique. Ceci étant dû au relèvement du seuil d’entrée pour être un ayant droit, la perte auditive doit être plus élevée qu’auparavant en âge AI ou AVS. » Quant à ceux susceptibles de bénéficier d’un remboursement, la situation est contrastée. Les nouveaux malentendants à appareiller et qui se voient remboursés d’emblée selon le nouveau système n’ont pas connu autre chose. « On peut dire que ceux-là prennent ce qu’on leur donne, observe l’audioprothésiste Stéphane Fourreau. C’est pour ceux qui ont connu l’ancien mode de remboursement que la donne a changé. » Paradoxalement, certains vont même avoir tendance à mieux s’équiper. En raison de la pression financière, ils vont mieux évaluer leurs besoins, faire la chasse aux devis, et au final obtenir des prestations très en phase avec leur profil personnel. En revanche, ajoute M. Fourreau, « certaines personnes qui avaient l’habitude d’un système généreux vont exprimer leur frustration, faire durer leur équipement plus longtemps, s’adresser à des organisations d’aide comme Pro Infirmis ou Pro Senectute pour essayer d’avoir une aide financière, etc. » Si l’on s’en tient à l’observation stricte des chiffres, et au vu de la stabilité du nombre d’appareils auditifs vendus en Suisse (cf. article plus haut), un constat s’impose: sur le plan financier, la réforme de 2011 se traduit pour l’instant par un report de charges de l’AI/AVS sur le malentendant qui y va de sa poche pour compléter le forfait accordé et se maintenir un appareillage optimal. En clair, et à l’instar des lunettes même si n’atteignent pas des sommes aussi élevées, le pouvoir d’achat élevé des Suisses leur permet de garantir la qualité des prestations en matière d’appareillage. Mais c’est une moyenne. Car pour les personnes dont le revenu est faible, la réforme a en revanche un goût amer, et elles doivent souvent se contenter d’appareils dont les performances sont moyennes, ou inadaptées à leur situation particulière. « Certains malentendants s’orientent vers d’autres filières sauvages qui semblent financièrement plus intéressantes de prime abord, mais n’incluent aucune audiométrie tonale ou vocale, aucune adaptation audioprothétique de l’amplification et de la limitation, aucun suivi et contrôle de l’efficacité, déplore Nathalie Farner-Harchambois. Ces solutions s’avèrent plus onéreuses car non concluantes, non évolutives et dans des mains non compétentes qui peuvent se révéler dangereuses. » Au final, « l’impact de la réforme sur la qualité des prestations fournies aux malentendants est difficile à évaluer. Mais une chose est sûre: ceux qui ont peu de moyens ont tendance à se résigner avec ce qu’ils ont, confirme la doctoresse Dorothe Veraguth, présidente de la Commission d’audiologie et d’expertise de la Société Suisse d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie cervico-faciale. Et pour ceux qui présentent ce profil, la 2ème visite de contrôle de l’ORL prévue dans l’ancien système, et qui a été supprimée, aurait eu toute sa raison d’être ! » De son côté, Pro Infirmis Vaud confirme être de plus en plus sollicitée par des personnes malentendantes qui ne parviennent pas à payer leurs appareils. « Avant toute chose, nous encourageons les personnes à faire établir au moins deux devis. Beaucoup y sont réticents, mais nous leur rappelons que c’est le législateur qui l’a voulu ! », conseille Monique Richoz, la directrice de l’institution, qui ajoute: « ensuite, nous aidons les personnes qui le souhaitent à introduire des cas de rigueur (voir encadré NDLR), et en cas d’échec, nous entrons en matière pour chercher des financements via des donateurs privés. Des solutions existent ».[/zone] [zone]Des audioprothésistes désorientés S’il est une profession dont l’organisation, le mode d’exercice et même le quotidien ont été profondément modifiés par la réforme du remboursement des appareils auditifs, c’est bien celle des audioprothésistes. « Le paysage actuel dans le domaine de l’audioprothèse est déstabilisant à la fois pour notre clientèle et pour les audioprothésistes, constate Nathalie Farner-Harchambois, d’Akustika, l’association faîtière de la profession. Ces dernières années, beaucoup de magasins d’appareils auditifs ont ouvert et la situation est proche de la saturation, d’autant que les offres parallèles, sans être de véritables solutions, se rajoutent à l’offre globale. Ajouté à cela la baisse des prestations, tout cela crée un climat morose ». « Beaucoup de membres de notre profession ont l’impression d’être devenus des vendeurs, explique un audioprothésiste romand qui souhaite conserver l’anonymat. Avec cette réforme, les audioprothésistes sont tout simplement mis en concurrence et doivent sans cesse vendre leurs produits et leurs prestations. Ils doivent fournir une palette plus complète de services pour se démarquer les uns des autres, ce qui implique de se tenir vraiment à jour, car la clientèle, elle-même sous pression, est beaucoup plus exigeante ».[/zone] [zone]Les achats à l’étranger, plutôt rares C’était l’un des objectifs de la réforme. Faire jouer la concurrence, y compris en poussant les malentendants à aller s’approvisionner sur les marchés étrangers, à priori moins chers qu’en Suisse. Il semble néanmoins que ces cas soient rares, malgré la compétitivité des concurrents étrangers. Et pour cause: à l’instar des soins dentaires, le service après-vente en matière d’audioprothèse est d’une importance prépondérante. Difficile en effet de se précipiter sur le premier TGV en cas de panne, d’urgences, ou de dysfonctionnement de son appareil.[/zone] [zone]Un recours: les cas de rigueur Dans la majorité des situations, le forfait remboursé par l’AI ne permet pas de couvrir le coût de l’appareillage auditif et les services durant les six années requises. La personne malentendante qui exerce une activité lucrative, qui est en formation, en recherche d’emploi ou qui accomplit des « travaux habituels », (éducation d’un enfant et/ou les activités usuelles d’une vie à domicile) peut dans ce cas introduire un cas de rigueur auprès de l’AI. L’octroi d’une prestation pour « cas de rigueur » signifie que l’AI prendra en charge les coûts de l’appareillage qui dépassent le montant forfaitaire pour autant que l’appareillage reste « simple et adéquat ». La procédure est relativement complexe et volontairement décourageante. Résultat: jusqu’au 31 juillet dernier, seuls 41 cas de rigueur ont été remboursés par l’OFAS, selon les critères fixés par le nouveau système.[/zone] SUIVANT PRECEDENT

  • René Schwab, 35 ans au service des malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine René Schwab, 35 ans au service des malentendants 17 mars 2010 Publié le : Après plus de 30 ans de présidence, René Schwab quitte ses fonctions de président de l’Amicale des malentendants de Neuchâtel. Portrait d’un fils du peuple déterminé dont l’appétit de vivre n’a d’égal que sa générosité. A 82 ans, l’homme fait preuve d’une vivacité, d’un sens de l’humour et d’un appétit de vivre qui feraient pâlir d’envie bien des sexagénaires. Il faut dire que René Schwab est né sous une bonne étoile. Celle des bienheureux, toujours capables, malgré les vicissitudes de la vie, de privilégier le fameux « côté plein de la bouteille ». Pourtant, tout n’a pas été facile pour cet enfant d’une famille ouvrière, veuf depuis une trentaine d’années et entré aux CFF comme conducteur de locomotive en… 1949. « A l’époque, c’était un métier dangereux, se souvient-il. Heureusement tout s’est bien passé, malgré deux ou trois incidents. Mais je voulais absolument faire ce métier, il était pour moi synonyme d’indépendance et de découverte ! » Passion Très vite, après son apprentissage à Yverdon, le jeune René sillonne avec passion le réseau ferroviaire suisse, alors en plein développement. Horaires irréguliers, difficultés de la tâche, rien ne le décourage, puisqu’au final, il aura passé 41 ans au sein de l’ancienne régie fédérale, jusqu’à sa retraite en 1990. « J’aimais ce travail, et plus particulièrement les horaires irréguliers. C’était tellement extraordinaire de ne pas avoir de routine. Et si c’était à refaire, je n’hésiterais pas un instant », rappelle-t-il avec une lueur d’enthousiasme dans le regard. Dans l’intervalle, ce passionné de la vie, curieux de tout et des autres, a en outre trouvé le temps de fonder une famille et d’élever quatre enfants. Une progéniture qui a réussi au-delà de toute espérance et qui fait aujourd’hui la fierté de son géniteur, demeuré aujourd’hui encore très proche de ses enfants. « Mes deux filles sont musiciennes professionnelles, un de mes fils est ingénieur et l’autre est journaliste. Ce qui est fabuleux, c’est que malgré leur réussite, ils n’ont jamais pris de haut leur papa, moi qui n’étais que cheminot. Vous savez, cela ne va pas toujours de soi », se réjouit cet octogénaire, aujourd’hui dix fois grand-père et une fois arrière grand-père. Engagement Mais il y a mieux. Au-delà de son engagement de père et de conducteur de trains, René Schwab cache une deuxième vie, évoquée avec pudeur et discrétion. Celle d’un militant qui a bénévolement consacré de très longues décennies de son existence à l’engagement associatif. Pour les personnes âgées, puisque l’homme est encore aujourd’hui engagé au sein d’un club de loisirs du 3e âge, mais surtout en faveur des personnes souffrant de troubles de l’audition. Rien ne prédestinait pourtant cet homme à une telle vocation. Ni son milieu familial, ni son état de santé, lui-même ne souffrant d’aucun problème de ce type. Seulement voilà : « dans ma vie, évoque René Schwab, j’ai toujours eu la chance de rencontrer des personnes au bon moment et qui ont su m’orienter de manière déterminante. Ma fille jouait du violon. Comme son institutrice appartenait à l’Amicale des malentendants, elle est allée animer les Fêtes de Noël. Un jour, dans les années 70-75, la présidente de l’Amicale de Neuchâtel m’a sollicité pour entrer au comité ». Passionnant Et d’ajouter, dans un grand sourire : « Ma propre belle-mère souffrant de problèmes d’audition, je n’ai pas pu refuser. Ma femme me disait toujours que je ne savais pas dire non ! Heureusement, elle a su me mettre des limites, sinon j’aurais vraiment été de tous les comités et de toutes les combines !» Tout va ensuite très vite. A peine quelques années plus tard, il reprend la présidence de l’amicale, l’ancienne présidente, alors âgée de 84 ans, ayant souhaité se retirer. S’ensuivent alors trois décennies d’engagement déterminé en faveur des personnes malentendantes. « Vous savez, c’est inné, j’ai besoin de donner aux autres. D’ailleurs, en donnant, on récolte beaucoup plus que ce que l’on sème. Tout cela a été passionnant, j’aimais faire ça, organiser des sorties, des rencontres, cela m’a apporté tellement d’amitiés et de moments extraordinaires! Et puis, la malaudition est le plus ingrat des handicaps. Contrairement aux autres, il est caché et ne se voit pas ! » Déclin Après plus de trente ans de bons et loyaux services, René Schwab a décidé l’année dernière de démissionner de ses fonctions pour prendre un repos bien mérité. Avec une ombre au tableau : l’avenir très incertain de l’Amicale de Neuchâtel, pourtant fondée en… 1921. « Jusqu’à présent, personne ne s’est proposé pour reprendre la présidence, déplore-t-il. Cela témoigne du désintérêt général pour la vie associative, il n’y a plus de relève, le monde est devenu beaucoup plus individualiste. Sans compter que l’arrivée d’appareillages très sophistiqués et performants a aussi fait que les malentendants ressentent moins la nécessité de se regrouper ! Au départ, nous comptions plus de 80 membres. Aujourd’hui, il y en a à peine une trentaine, et encore, aux dernières rencontres nous n’étions plus que 5 ou 6. Ce déclin me peine vraiment!» Désormais, René Schwab entend consacrer son temps de retraité à ses hobbies : cinéma, voyages, mais aussi… informatique. « La seule chose qui m’enquiquine vraiment, c’est d’être aussi vieux, conclut-il avec l’enthousiasme qui le caractérise. Il y aurait encore tellement de choses à faire. Mais j’ai un arrière-fond chrétien. Et tous les soirs, je suis reconnaissant d’avoir pu faire tout ce que j’ai fait dans la journée ! » Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Rencontre Associations Romandes 2017 | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Rencontre Associations Romandes 2017 3 novembre 2017 Publié le : La rencontre des Associations Romandes 2017 s’est déroulée à Fribourg le 23 septembre dernier. Une journée ensoleillée et riche en échanges. L’Association fribourgeoise des Malentendants, AFM, a organisé cette rencontre dans le but d’échanger sur les activités de chaque association représentant la cause des malentendants. Le président Christophe Lesimple s’est prêté au jeu des questions- réponses. Pour quelle raison, ce type de rencontres est-il important ? Nous avons organisé une journée conviviale et intéressante pour tous les membres des associations et amicales et avons voulu faire découvrir la ville de Fribourg ainsi que nos traditions en partageant le repas de la Bénichon. Ce type de rencontres doit aussi permettre de créer des liens entre les différentes associations locales, ainsi qu’avec forom écoute qui est notre organisation faitière, pour s’intéresser à ce que chacun fait tout au long de l’année. Je pense que c’est important. Quelles sont les démarches concrètes qu’entreprend l’association fribourgeoise? Nous organisons, par exemple, des sorties et animations, nous promouvons et vérifions les boucles magnétiques, encourageons les cours de lecture labiale, offrons des informations relatives aux démarches administratives. Nous cherchons surtout à faire connaître, auprès du grand public, les problématiques liées à la malentendance car beaucoup de personnes sont concernées. C’est donc important de trouver de nouveaux membres et soutiens pour nous encourager dans nos démarches. La rencontre avec les autres associations vous a-t- elle permis d’envisager de nouveaux projets communs? Nous avons avant tout profité de cette journée pour nous détendre. Les questions plus techniques seront abordées ultérieurement. De toute évidence, il est important de pouvoir échanger avec les autres associations des difficultés que nous rencontrons, pour nous aider à progresser. Le soutien de forom écoute est aussi primordial pour pouvoir agir sur certaines questions qui concernent les malentendants, au niveau de la Suisse. Quelles difficultés par exemple ? Toutes les associations et amicales sont confrontées à la difficulté de trouver de nouveaux membres, pour envisager sereinement l’avenir. Bien que le nombre de malentendants augmente en Suisse, il n’est pas toujours aisé de développer des activités qui motivent les personnes concernées par la problématique, à nous rejoindre. Comment agir? Il est impératif d’avoir une vision très claire du rôle de notre association sur le plan local. Nos activités en tant qu'amicale sont essentielles pour créer une cohésion de groupe et développer un esprit d'associations solidaires. Combien d’entre-elles étaient présentes ? Quatre d’entre elles, romandes, et l'amicale française de Pontarlier étaient présentes le 23 septembre. J’ajouterai que les membres du comité se sont beaucoup investis depuis le début [CL2] de l’année pour l'organisation de cette journée. La moutarde de Bénichon offerte à tous les participants a été faite maison dans des bocaux souvenir, pour que l'esprit de cette belle rencontre vive plus longtemps que le temps d'une journée. Visite guidée Grâce à une visite guidée en petit train à travers le vieux Fribourg, les participants ont pu apprécier le patrimoine architectural et les magnifiques bâtiments historiques. Christophe Lesimple et ses amis du cor des Alpes ont joué des airs joyeux avant de déguster un repas typique de la Bénichon au Restaurant Aux Tanneurs, qui a accueilli plus de cent convives pour cette occasion. Avez-vous reçu des retours positifs sur cette rencontre ? Les premiers retours sont très positifs. C'est une belle récompense pour tout le comité. Il faut dire que la météo était de notre côté pour découvrir la vieille ville et ses traditions. C'est aussi un moment très convivial pour tous les participants, car ils se retrouvent pour partager des découvertes. Le concert du cor des Alpes a eu beaucoup de succès, même si on peut se poser la question s’il est approprié de jouer de la musique lors d’une rencontre de malentendants ! Il se trouve que beaucoup d’entre eux ont pratiqué ou pratiquent la musique. Il paraissait évident d’intégrer ce moment de musique traditionnelle. Dans une ambiance bon enfant, cette rencontre, rehaussée par une excellente dégustation, a certainement insufflé de nouvelles idées pour les suivantes. Un grand merci à Christophe Lesimple, lui-même malentendant, qui a soufflé avec aisance dans son instrument de musique. « C'est un peu comme faire du sport avec un handicap, sauf que là, ça ne se voit pas !». SUIVANT PRECEDENT

  • Michèle Bruttin, un parcours hors norme, de bénévole à… malentendante | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Michèle Bruttin, un parcours hors norme, de bénévole à… malentendante 15 août 2020 Publié le : Pilier bénévole de forom écoute depuis de très longues années, Michèle Bruttin est depuis 2017 employée par la fondation en tant que responsable. Retour sur le parcours hors norme de celle qui, entrée dans le monde de la malentendance sans rien y connaître il y a 30 ans, est devenue elle-même… malentendante. C’est un drôle de paradoxe, un de ces clins d’œil étranges dont le destin et la vie ont seuls le secret : passer trente ans de sa vie au service de la cause des malentendants pour finir soi-même… malentendante. Tel est le parcours de Michèle Bruttin, 65 ans et actuelle responsable de forom écoute. En 2017, c’est au cours d’un examen de routine auprès de son ORL, destiné à explorer un simple mal de gorge, que sa perte d’audition est découverte. Avec un verdict sans appel, 37,5 % de perte dans chaque oreille de celle dont la maman et le grand père étaient eux même devenus malentendants, mais passé 70 ans. « C’est incroyable, je ne m’en étais tout simplement jamais rendu compte. Tout au plus, en y réfléchissant bien après coup, ai-je pris conscience du fait que j’avais peut-être un peu trop tendance à faire répéter les autres », ajoute-t-elle dans un grand sourire. Et bien évidemment, celle qui tout au long de sa carrière a vu tant et tant de gens répugner à avoir recours à un appareillage, n’hésite pas une seconde, et prend immédiatement rendez-vous chez un audioprothésiste : «Je n’allais tout de même pas faire la fine bouche et snober les aides auditives ! Grâce à de nombreux exemples, surtout chez les jeunes, j’avais pu depuis longtemps mesurer à quel point un appareillage pouvait changer la vie, surtout que la technologie permet désormais des performances incroyables ! » Aujourd’hui, bien entendu, ses appareils ne la quittent plus au point « qu’elle ne peut plus s’en passer ». Il faut dire qu’elle n’a pas lésiné, sa longue expérience au service des malentendants l’ayant menée à un constat : toujours privilégier les appareils hauts de gamme, hélas fort coûteux, bien au-delà des maigres 1650 francs consentis par l’AI. L’occasion pour elle, toujours pragmatique et dotée d’un caractère très volontaire, de délivrer un message qu’elle juge particulièrement important : « A l’âge de 55 ans, j’ai contracté une assurance complémentaire pour moins de 30 francs par mois. Au moment où je me suis fait appareiller, 8 ans plus tard, j’ai été bien heureuse de l’avoir, car elle a payé 90% du solde de ce que l’AI ne prenait pas en charge ! » L’autre leçon tirée de son vécu est tout aussi édifiante : prendre des cours de lecture labiale dès sa première année d’appareillage, là également parce qu’ensuite, l’assurance invalidité, dans le canton de Vaud du moins, ne les finance plus. Début des années 90 Pour Michèle Bruttin, tout a commencé il y a 30 ans, au tout début des années 90, par une petite annonce parue dans le journal lausannois 24 Cités. Jeune maman ayant arrêté de travailler pour élever ses enfants, elle cherche alors une activité caritative pour s’engager au service de la société. L’amicale des malentendants de Lausanne, présidée alors par Marie-Marcelle Rampin est à la recherche de bénévoles pour les postes de secrétaire et de trésorière. Michèle Bruttin devient illico secrétaire et met un pied dans un monde dont elle ignorait tout et où 30 ans après, elle évolue encore. De fil en aiguille et au fil des engagements, elle s’intègre aussi dans la vie de la SRLS, la Société romande pour la lutte contre les effets de la surdité et ancêtre de l’actuelle forom écoute. « Très vite la présidente Nicole Guillermin m’a proposé de siéger, toujours bénévolement, d’abord au comité central puis carrément au sein du bureau directeur », raconte-t-elle. L’année 2001 marque ensuite un grand tournant, puisque la SRLS se transforme en fondation au service des malentendants, l’actuelle forom écoute. Michèle Bruttin en devient aussitôt une des 2 vice-présidentes et y prend de plus en plus de responsabilités. Après trois ans d’intérim de la présidence, alors vacante, elle devient la présidente en titre, plus par devoir que par ambition, «faute de candidatures, précise-t-elle et à l’injonction du registre du commerce qui exigeait une présidence définitive ». Passer le flambeau Une présidence qu’elle quitte en 2016, passant le flambeau à Laurent Huguenin, tout en continuant à siéger au conseil de fondation, en espérant pouvoir passer le relais à la relève « dès que possible ». C’est pourtant le contraire qui se produira, - encore un clin d’œil du destin - quand en 2017, au vu de son expérience, Laurent Huguenin lui propose de prendre directement la responsabilité exécutive de la fondation, dont le poste était alors vacant. Michèle Bruttin ne réfléchit pas longtemps et accepte la proposition après avoir démissionné de son poste de secrétaire à l’établissement Charles-Ferdinand Ramuz où elle travaillait depuis… 17 ans ! Après près de 3 décennies de bénévolat, elle devient donc employée de forom écoute le 1er mai 2017. « C’était une étape un peu folle de ma vie, observe-t-elle encore un brin éberluée. Jamais je n’y aurais cru si on m’avait dit, il y’a trente ans que je finirais comme responsable de forom écoute mais aussi malentendante ! » Et d’ajouter : « Je n’ai vraiment aucun regret car c’est un monde unique où j’ai énormément appris et auquel je dois beaucoup. J’y ai rencontré des personnes admirables qui ont une perte auditive bien plus importante que la mienne. J’ai beaucoup donné après des années de bénévolat, mais j’ai aussi reçu au centuple au retour. J’en veux pour premier exemple que je n’aurais jamais accepté ma perte auditive aussi facilement si je n’avais pas fréquenté ce monde assez extraordinaire ». SUIVANT PRECEDENT

  • Amplificateurs sonores: le retour du cornet acoustique ? | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Amplificateurs sonores: le retour du cornet acoustique ? 15 novembre 2013 Publié le : Migros, la Poste, certaines pharmacies ainsi que de nombreux sites de vente en ligne… Désormais en Suisse, il est possible d’acquérir ce que l’on appelle des amplificateurs d’écoute personnels. Pré-réglés, ces appareils sont en vente libre et ne bénéficient d’aucun conseil spécialisé, ce qui fait bondir les spécialistes de l’audition, médecins et audioprothésistes. Le distributeur de ces appareils en Suisse affirme viser un segment de marché jusque-là inexploré: celui des malentendants qui ne se sont jamais appareillés. Cela fait des années que forom écoute le répète inlassablement: 13% de la population suisse souffre de malaudition. Un chiffre impressionnant qui, sans aucun doute, est appelé à franchement augmenter dans les décennies à venir du fait de l’évolution démographique et du vieillissement de la population. Et si l’on considère également qu’un grand nombre de personnes souffrant de déficience auditive ne s’appareillent pas ou pas suffisamment tôt, on prend facilement conscience de l’ampleur que peut représenter, sur le plan économique, le marché des appareils auditifs. Un marché âpre, ou la concurrence est féroce, mais qui permet aux malentendants de disposer d’appareils à la pointe de la technologie. Seulement voilà: ce marché aiguise les appétits et depuis deux ou trois mois en Suisse, des enseignes qui n’ont rien à voir avec le monde médical, ont commencé à commercialiser en vente libre des appareils présentés comme étant des « aides auditives ». La Poste dans pas moins de 1700 bureaux, Migros, mais aussi des opticiens, des pharmacies (!) et de nombreux sites internet de vente en ligne proposent ainsi des solutions auditives à Monsieur et Madame Tout-le-monde. Mais attention, les mots ont un sens, et ces dispositifs ne sont jamais présentés comme des « appareils auditifs », mais comme des « aides auditives », ou encore des « amplificateurs d’écoute personnels ». Petite enquête D’ailleurs, une petite enquête empirique et anonyme menée sur le terrain auprès de divers bureaux de poste ou d’enseignes Migros le confirme: tous les vendeurs rencontrés jouent le jeu, et ont ainsi tenu à bien spécifier que les produits commercialisés n’étaient en aucun cas des « appareils auditifs », mais bel et bien des « aides à l’écoute ». Sauf que, en dépit de ces précisions sémantiques, bienvenues, demeure une ambiguïté certaine quant aux destinataires de ces amplificateurs d’écoute. Ainsi, Monika Weibel, la porte-parole de Migros précise-t-elle par exemple que les clients ciblés « sont en premier lieu les personnes ayant une certaine difficulté d’audition lors de la communication orale », une formulation floue, dont on ne sait pas très bien qui elle définit réellement. Tout comme d’ailleurs, certaines publicités de sites internet qui présentent leurs produits comme étant destinés à « mieux entendre ». Alors voilà, à quel public s’adressent réellement ces dispositifs ? Les malentendants peuvent-ils y trouver une solution bon marché à leurs problèmes d’audition, à l’heure où le remboursement forfaitaire des appareils auditifs limite drastiquement l’éventail de leur choix d’appareils (lire le dossier dans notre précédent numéro)? Directeur général de la société Claratone, qui distribue nombre de ses appareils en Suisse, notamment pour la Poste et Migros, Christoph Umbricht est quant à lui très clair: « ce que nous distribuons, ce sont des produits non médicaux. Ils s’adressent à des gens qui présentent des problèmes d’audition, mais qui n’ont jamais porté d’aides auditives. Ce ne sont donc en aucun cas des produits de substitution pour des appareils auditifs. En fait, ce que nous souhaitons faire, c’est élargir le marché à des personnes ayant un problème d’audition, mais qui ne sont pas encore éligibles à un appareillage. On sait que les personnes souffrant de troubles d’audition mettent en moyenne plusieurs années à consulter et à s’appareiller. C’est donc à ce niveau que nous souhaitons intervenir, et nous ne nous plaçons pas du tout en concurrence avec les aides auditives médicales ». Bilan des opérations: le marché est désormais inondé par ces « amplificateurs d’écoute », vendus d’ailleurs à des prix très variables (lire notre article ci-dessous), et commercialisés sans véritable conseil à la clientèle. « Pour la vente de ces aides, il n’est pas nécessaire de disposer d’une formation spécifique. En effet, il s’agit de produits standards, très faciles d’utilisation, à l’instar des lunettes de lecture par exemple », explique Nathalie Dérobert Fellay, porte-parole de la Poste suisse. « Pour les normo-entendants » Inutile de dire en tout cas que cette démarche ne plait pas du tout aux acteurs du monde de l’audition. Mais alors vraiment pas du tout. Patrick Müller, chef des ventes pour la Suisse romande chez Amplifon, ne mâche par exemple pas ses mots: « il existe clairement une demande pour des produits bon marché, explique-t-il, et ces amplificateurs surfent sur cette vague. Mais ceux qui les commercialisent ne se rendent pas compte de ce qu’est vraiment une perte auditive. Celle-ci implique une démarche beaucoup plus complète, avec un interrogatoire et un examen approfondi pratiqué par l’audioprothésiste. Les amplificateurs sont en outre des produits pré-réglés qui ne tiennent compte ni de la situation particulière du trouble auditif, ni de son évolution ultérieure. Ils ne représentent en aucun cas une solution appropriée à visée médicale ! » Sans surprise, Akustika, l’association faîtière des audioprothésistes suisses tient un discours très similaire: « les amplificateurs proposés sont des amplificateurs de confort pour normo-entendants, argumente ainsi Nathalie Farner-Harchambois, d’Akustika. Une personne présentant une perte auditive ne pourra pas en tirer le profit escompté car ces amplificateurs ne sont pas adaptables, ni au moment de l’achat, ni ultérieurement. Une adaptation auditive professionnelle inclut la technique qu’elle soit de base ou évoluée, et le travail de l’audioprothésiste qui permet de faire évoluer la correction dans le temps sur des années, environ 6 à 8 ans ». Les ORL surpris et réticents Derniers acteurs du monde de l’audition et non des moindres, les médecins ORL, qui se montrent également et c’est le moins que l’on puisse dire, très réticents. Dans un courrier adressé à la Poste, la Société Suisse d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie cervico-faciale a tenu à faire part de « son étonnement devant le fait que la Poste, en tant qu’entreprise nationale, offre à ses clients, particulièrement les plus âgés, de tels amplificateurs, qui plus est à prix douteux ». « D’un point de vue médical, peut-on également y lire, il paraît plus que discutable que ces amplificateurs, à l’aspect extérieur trompeusement similaire à celui d’appareils auditifs, soient proposés sans aucune consultation médicale préalable. » ChA [zone]Pas de remboursement à attendre Comme souvent, l’argent est le nerf de la guerre. Et les malentendants qui s’aventureraient à faire l’acquisition d’amplificateurs sonores individuels à la Poste ou à la Migros doivent en être clairement avertis. Les amplificateurs sonores mis sur le marché n’ouvrent en aucun cas le droit à un remboursement forfaitaire de la part de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). « Les appareils auditifs de Migros ou de la Poste ne figurent pas sur la liste des appareils satisfaisant aux exigences de l’assurance dressée par l’OFAS, explique ainsi Harald Sohns, le porte-parole de l’institution fédérale. L’AI ne verse en effet une contribution qu’à la condition que l’appareil ait été homologué et autorisé par l’Office fédéral de métrologie METAS. En outre, les appareils auditifs doivent être remis par une personne qualifié, et faute d’une expertise établie par un spécialiste reconnu, l’AI ne paye pas de participation financière ». En clair, si un malentendant décide d’en faire l’acquisition, il ne peut espérer voir l’AI entrer en matière en aucune manière que ce soit. Et c’est peut-être là que la situation est à la fois cocasse et un tant soit peu… aberrante. Car les amplificateurs sonores ne sont pas donnés, puisque si leur prix démarre à 100 francs pour les premiers prix, la plupart d’entre eux atteignent allègrement 400 voire même 700 francs. Toujours consulter Autant dire plus chers que de véritables appareils auditifs d’entrée de gamme, qui eux, font l’objet d’un conseil spécialisé, d’une adaptation personnalisée, d’un suivi audio-prothétique et surtout d’un remboursement forfaitaire de l’AI. Dès lors que l’on pense souffrir d’un problème d’audition, et simplement eu égard à ces considérations strictement économiques, sans compter bien sûr l’incontournable dimension médicale, le mieux est donc tout simplement de consulter un ORL puis un audioprothésiste et de s’appareiller purement et simplement s’il y a lieu. « Nous n’avons pas d’approche dogmatique sur ces questions, réagit Mathieu Fleury, secrétaire général de la puissante Fondation romande des consommateurs (FRC). D’une manière générale, pour tout ce qui concerne le domaine médical, nous ne nous plaçons pas dans le crédo habituel de notre combat sur les prix, car la santé nécessite forcément une approche différente en termes de services et de prestations. Mais si les amplificateurs sonores peuvent atteindre des prix aussi élevés voire plus chers que ceux de certains appareils auditifs, cela ne peut en effet que nous interpeler. »[/zone] [zone]Un amplificateur sonore, c’est quoi ? Incontestablement, de l’extérieur, ils ressemblent à des appareils auditifs traditionnels et peuvent faire illusion. Mais ces amplificateurs sonores ne sont pas des appareils auditifs, et ceux qui les commercialisent ne s’en cachent d’ailleurs pas. Au fond, si l’on devait faire une comparaison pour en comprendre le principe, c’est plutôt, et toutes proportions gardées, au bon vieux cornet acoustique de nos lointains aïeux, popularisés par l’inénarrable professeur Tournesol de Tintin, que l’on devrait les assimiler. Pour une raison simple: comme leur nom l’indique, ils amplifient les sons. Tout simplement. Munis d’un microphone qui capte les signaux du son, l’amplificateur va les renforcer, puis les transmettre à l’oreille par le biais d’un écouteur. S’ils peuvent être utiles à certains, particulièrement dans des environnements bruyants, ils présentent un défaut évident: celui d’être standardisés et de ne pas proposer d’offre adaptée à chaque situation individuelle, et Dieu sait s’il y a autant de troubles de l’audition que de malentendants. Relatif succès Pourtant, ces offres rencontrent un relatif succès, aux Etats-Unis depuis de nombreuses années, mais aussi en Europe. « Depuis que l’on a offert la possibilité aux clients de les essayer avant de les acheter, nous constatons que ça marche pas mal en Suisse. Mais il est trop tôt pour avoir un recul », constate ainsi Christoph Umbricht, le directeur général de la société Claratone qui distribue ces appareils en Suisse. Directeur des ventes d’Amplifon pour la Suisse romande, Patrick Muller assure de son côté faire un autre constat: « nous avons déjà des retours de personnes qui ont fait l’acquisition de ces amplificateurs, observe-t-il. Et ils ne sont pas très bons, car nombre d’entre eux ont l’impression d’avoir été bernés, en raison notamment de l’absence de suivi. D’ailleurs, à ma connaissance, certaines pharmacies ont même cessé d’en proposer à la vente. Au final, ce sont donc les gens qui jugeront ! »[/zone] SUIVANT PRECEDENT

  • Fin d’école obligatoire et après ? | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Fin d’école obligatoire et après ? 9 août 2017 Publié le : Se lancer dans la vie professionnelle avec un handicap à la fin de sa scolarité obligatoire est un sacré défi. Témoignage. « Avoir confiance en soi », la formule magique que des milliards d’entre nous aimeraient posséder, comme Katherine Trendle, qui, en outre, est malentendante. Cette adolescente, née en 2000, raconte ses difficultés à trouver une place d’apprentissage après sa scolarité obligatoire et l’obtention de son certificat VG. « Je voulais me débrouiller seule et trouver une place d’apprentissage, au-delà de l’aide du centre de formation professionnelle spécialisée, Le Repuis, qui gère le lien entre les intervenants », explique-t-elle. Katherine considère qu’elle a beaucoup progressé durant sa scolarité malgré son handicap : seul frein : la confiance en soi. Ces années sont vécues avec des hauts et des bas dépendants des branches et du rapport relationnel avec les enseignants ; un défi supplémentaire pour développer cette confiance tant recherchée. Car il en faut pour entreprendre des démarches et se lancer dans la vie professionnelle. La jeune femme a suivi cinq stages durant ces deux dernières années scolaires ; l’un comme forestière-bûcheronne qui lui a beaucoup plu, mais qui est très physique. « On m’a alors parlé d’un stage d’horticultrice ; j’en ai suivi deux avec engouement et ai décidé d’en faire mon futur métier », poursuit la jeune femme. Du côté des exigences des maîtres d’apprentissage, la barre est élevée et les places rares ; certains demandent aux jeunes d’avoir déjà un peu d’expérience pratique et de connaître bon nombre de noms de plantes avant même de commencer l’apprentissage. N’ayant pas trouvé de recruteur pour cette rentrée 2017, Katherine cède, un peu à contrecœur, à suivre le Raccordement 1. L’Assurance invalidité, elle, offre la possibilité de suivre une formation professionnelle ou une formation en école grâce à des mesures de compensation et des aménagements spécifiques. « Si je choisis d’entreprendre une seconde formation après mon apprentissage en vue d’un autre métier, ce sera par mes propres moyens », précise Katherine. Un parcours rayonnant Lorsque son père pressent un problème auditif, la jeune nicaraguayenne vient s’établir en campagne vaudoise auprès de ses grands-parents. Agée de trois ans et demi, les médecins pratiquent un implant cochléaire et c’est à l’Hôpital Universitaire de Genève, HUG, qu’elle démarre un premier apprentissage quotidien : mettre un mot sur chaque bruit, une expérience éprouvante. La jeune femme, de prime abord réservée, ne déchante pas ! Au contraire, elle a suivi des cours d’improvisation au théâtre pour acquérir de l’assurance et son enseignante scolaire en musique l’a encouragée à chanter dans un cœur et à participer à un festival de Gospel. Une expérience enrichissante, qu’elle a beaucoup appréciée. Son éducatrice sociale au sein de l’Ecole cantonale des sourds, ECES, où elle a suivi la langue des signes durant sa petite enfance, la convainc de s’inscrire dans un atelier d’écriture. Elle va écrire ses propres textes puis les chanter. « Un de mes rêves serait de pouvoir participer à l’émission de télévision française « The Voice», s’exclame-t-elle, rayonnante. De quoi inspirer d’autres jeunes ! En attendant d’effectuer de nouvelles recherches pour une place d’apprentissage d’horticultrice, Katherine veut réaliser un blog afin de sensibiliser les personnes malentendantes à satisfaire leurs ambitions, à créer des projets de toutes sortes et à minimiser leur appréhension face à la malentendance. Et de conclure : « réaliser ses rêves ? On peut y arriver comme les autres. Il faut le vouloir et le croire, dépasser son handicap malgré ce que les gens diront, sans perdre une minute, car la vie est trop courte ! ». A bon entendeur... SUIVANT PRECEDENT

  • Ce que la méthode Tomatis peut apporter aux malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Ce que la méthode Tomatis peut apporter aux malentendants 4 mai 2022 Publié le : Pour faire face aux conséquences de la surdité, nombre de malentendants expérimentent des thérapies diverses, susceptibles de leur venir en aide. Une malentendante fribourgeoise a vu sa vie considérablement améliorée grâce à la méthode Tomatis. Pour elle, cela a été une véritable révolution. Une amélioration tellement considérable de sa qualité de vie, qu’elle a souhaité partager son témoignage. Âgé de 49 ans, Nathalie Ding Margelish, qui vit à Bulle, est malentendante depuis sa naissance, et des deux oreilles. La cause est inconnue, mais une atteinte du nerf auditif est évoquée très rapidement. Grâce à ses appareils auditifs, elle s’est débrouillée dans la vie, réussissant à décrocher un CFC d’employée de commerce, travaillant et élevant une famille. Mais à quel prix ! « Pendant des années et des années, j’étais toujours fatiguée, avec des problèmes de mémoire et l’impression de vivre au ralenti, raconte-t-elle. Il me fallait deux ou trois fois plus d’efforts pour faire ce que les autres faisaient, que ce soit pour la mémoire, l’oralité… » Seulement voilà. Il y a quatre ans, en raison de difficultés dans l’éducation de ces enfants alors âgés de 7 à 8 ans, elle cherche une thérapie pour les aider, et découvre dans la foulée la méthode Tomatis. « Au départ, je ne m’y suis pas intéressé pour des questions de surdité, mais bel et bien pour mes enfants. Quand j’ai vu que ça les aidait vraiment, j’ai décidé de l’essayer pour moi ». Amélioration significative Et là, miracle, une « nouvelle Nathalie » renaît progressivement, avec une amélioration significative de son état : bien plus d’énergie et d’entrain, plus d’interactions avec les autres, moins de fatigue et même une amélioration de ses capacités auditives : « Retrouver autant d’énergie, ça a vraiment été le jour et la nuit, s’enthousiasme-t-elle. Mon esprit est désormais plus clair, l’anxiété a disparu et même mon entourage a pu constater que j’étais bien moins en retrait que par le passé ! » Mais qu’est-ce donc que cette méthode Tomatis dont les effets sur Nathalie semblent si spectaculaires ? Fondée par le médecin et chercheur français Alfred Tomatis dans les années 1950, la méthode éponyme est basée sur une « rééducation de l’écoute ». Elle s’adresse prioritairement aux personnes - enfants et adultes - en prise avec divers problèmes de voix, d'écoute, d'apprentissage ou de communication. Concrètement et après un bilan d’évaluation, le patient est amené entendre, grâce à des écouteurs, des sons modifiés électroniquement, constamment remodulés et graduellement filtrés qui l’amènent à développer une meilleure perspective auditive et une meilleure auto-écoute. Pédagogie de l’écoute « Il s’agit d’une pédagogie de l’écoute qui vise à stimuler le cerveau grâce à des sons filtrés qui se traduisent par un courant électrique, explique la thérapeute Catherine Baron qui exerce à Fribourg. Et un grand nombre de personnes souffrant de troubles auditifs y sont tout à fait éligibles ». Évidemment, la méthode Tomatis n’est pas capable de « réparer » une oreille dont la physiologie est endommagée. Mais elle n’en induit pas moins pour autant des résultats : « Chez nombre de malentendants, l’amélioration se fait à deux niveaux observe Catherine Baron : d’abord un regain dans l’énergie de vie, mais aussi le sentiment que les sons perçus sont plus nets. Enfin, beaucoup de personnes traitées pour des acouphènes rapportent une amélioration, voire même une suppression, de ceux-ci ». Reste que pour être efficace, la méthode Tomatis, en général remboursée par les assurances complémentaires, demande entraînement et régularité. Nathalie, au vu des résultats obtenus, en a ainsi fait une véritable hygiène de vie. « Désormais je ne peux plus vivre sans, sourit-elle. Afin de ne pas retomber dans l’apathie et la fatigue, je fais des séances régulièrement grâce auxquelles je me porte bien mieux ! » Appel à témoignages : Nathalie Ding Margelish est à la recherche de personnes souffrant d’atteintes du nerf auditif pour partager vécus et expériences. Il est possible de la contacter par email à l’adresse : dingmargelisch@bluewin.ch SUIVANT PRECEDENT

  • Portrait de famille | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Portrait de famille 13 décembre 2017 Publié le : Pour son travail de diplôme, une jeune graphiste réalise un travail personnel d’approfondissement, à travers lequel elle raconte son parcours avec des grands-parents sourds. Un touchant hommage et un hymne à la vie de famille. Ines Barrionuevo, diplômée de l’école d’arts appliqués de la Chaux-de-Fonds l’an dernier, a réalisé un poignant ouvrage pour ses examens finaux, inspiré par le handicap de ses grands-parents sourds. « Il m’est paru évident de relater mon expérience depuis ma tendre enfance jusqu’à aujourd’hui, et celle de mes proches, ainsi que la difficulté de communiquer qui chamboule l’aspect relationnel et émotionnel familial », explique la jeune femme de dix-neuf ans. Pour elle, la famille est l’essence même de l’éducation. Inès a passé la plupart de son temps entourée des siens, grandissant dans un quartier isolé où il était difficile de se socialiser. « Nous entretenons une relation très différente d’une famille d’entendants, car nos pensées, notre mode de vie, nos réactions et nos émotions diffèrent. J’entends par-là qu’en langage parlé, la communication est moins intense, animée et caricaturale, alors que l’apprentissage d’une langue universelle en évolution constante, me permet de mieux comprendre les gens par leurs gestes, leurs traits de caractère, leurs expressions accédant à un tout autre mode de communication ». Cet ouvrage est un moyen de découvrir le passé de ses grands-parents vivant depuis toujours en Espagne, de comprendre pourquoi ils sont ce qu’il sont, quelles ont été leurs difficultés au quotidien et de déchiffrer leurs attitudes et leurs ressentis pour développer une relation plus intime avec eux. « Je suis admirative envers eux, car, avec leur handicap, ils ont élevé trois enfants, passé leur permis de conduire, représenté des pièces de théâtre, voyagé dans des pays lointains, des démarches qui paraissent normales mais qui ont dû être difficiles ». En Espagne, un handicap est mieux accepté qu’en Suisse. Inès s’est sentie aussi à l’aise avec ses grands-parents sur leur terre natale que mal à l’aise lorsqu’ils lui rendaient visite près de Neuchâtel. « Plus jeune, j’ai parfois été maladroite, car je ne voulais pas que les suisses m’associent à ce handicap, car je me sentais moi-même handicapée ». Plus tard, au contraire, je trouvais cette différence « cool ». On m’a souvent demandé si j’avais honte ; mes grands-parents ont toujours fait partie de ma vie espagnole, dans laquelle il est normal de sortir, d’aller au restaurant ou à la plage en leur compagnie. A quatre mains Les grands-parents d’Inès subissent une surdité profonde dès leur jeune âge. Ils interprètent les voix comme un langage gestuel plus ou moins fort. Disposer de quatre sens les a parfois mis dans une situation de survie, créant une attention particulière au monde visuel qu’ils ont développé pour comprendre leur environnement. Ils ont appris la langue des signes dans des écoles spécialisées, un monde silencieux où il fallait communiquer avec autrui. Si l’éducation d’un enfant sourd est aujourd’hui bien structurée, à l’époque, l’aide aux personnes handicapées était restreinte. « Depuis toujours, mes grands-parents m’apprennent des signes alimentés de gestuelle et font l’effort d’essayer de parler. Ma mère m’a souvent traduit leurs mots mais dès mon adolescence, je suis devenue plus indépendante pour me focaliser sur mes mains et mes gestes et pour articuler mes paroles de manière plus précise. Cela nous permet d’évoquer des sujets plus en profondeur et mes grands-parents ne manquent pas de me corriger si je me trompe, en reproduisant avec des gestes ce que je leur dis, pour que je puisse voir quels sont les signes et gestes les plus appropriés ». De tempérament indépendant, les grands-parents d’Ines vivent dans le même quartier barcelonais depuis très longtemps, déambulent à pied dans les ruelles à deux pas de la mer, participent à des rencontres dans un centre de sourds-muets., Les commerçants du coin connaissent leurs habitudes et les rapports de voisinage se passent très bien. « Nous correspondons régulièrement par appels vidéo et messages lorsque je ne suis pas en Espagne ». Filiation Pour mieux appréhender la place de ses grands-parents en tant que parents, Inès leur a soumis quelques questions. « Pourquoi n’avez-vous pas forcé vos enfants à parler la langue des signes à la maison ? Il nous paraissait important qu’ils développent au mieux la langue orale durant leur petite enfance. Nos enfants nous parlaient en langue des signes mais entre eux, ils parlaient normalement autour de la table et nous ne savions pas de quoi il était question. Nous devions alors le leur demander et c’était pesant. Nous sommes très soudés dans la famille et nos enfants ont toujours été là pour nous ». Et d’ajouter : « le plus difficile est d’exprimer nos sentiments entre sourds, dans un monde qui nous est propre ». Dans sont travail personnel d’approfondissement, Inès a cherché à comparer l’apprentissage dans les institutions de l’époque et d’aujourd’hui. « Il est évident que les personnes sourdes en Suisse ont bénéficié d’un meilleur enseignement qu’en Espagne où le niveau des prises en charges et des assurances sociales est encore faible, puisque le pays est en difficulté économique. Seuls quelques avantages comme la gratuité des transports publics, le taux de fiscalité réduit, l’aide d’un interprète et des prix préférentiels pour certains loisirs sont de mise. Par ailleurs, elle a réalisé des enquêtes sur la communauté des sourds, qui tendent à rester entre eux, car il leur paraît difficile d’établir un lien amical avec une personne entendante, qui n’a pas forcément la même manière d’appréhender les choses. Ses grands-parents fréquentent des centres qui leur ont permis de s’intéresser à la politique, de développer une grande intelligence et de leur faire rencontrer des amis, avec lesquels ils organisent des voyages à travers l’Europe. Et les implants ? A la question pertinente de leur petite-fille sur les implants, le couple a répondu « nous n’y croyions pas et étions très bouleversés quant à l’idée que les sourds pourraient entendre un jour. Ce qui est incroyable, c’est que nous n’avons pas pensé nous faire implanter une seconde. Après 60 ans de vie dans un monde silencieux, entendre nous faisait peur ». Aujourd’hui, la technologie a évolué et les résultats sont de plus en plus positifs. « Si nous avions des enfants sourds, nous les encouragerions à employer des implants pour leur faciliter l’accès aux études, au travail, à la vie sociale. Nous l’aurions fait nous-mêmes si ça avait été d’actualité lorsque nous étions petits. Le monde des sourds disparaîtra un jour, nous laissant un sentiment de bonheur et de tristesse, car c’est notre monde malgré ce handicap lourd à porter ». Intégration Pour Inès, l’idéal serait d’introduire des hautes écoles spécialisées pour les sourds afin qu’ils puissent entamer des carrières professionnelles plus poussées grâce à leur grande capacité de concentration. Des cours informatiques pour apprendre les programmes web, des logiciels pour Smartphone qui permettraient d’enregistrer la voix d’une personne entendante et la traduire en texte. Une intégration plus intense dans notre société et des aides financières comme les bourses scolaires manquant cruellement en Espagne. « Mon travail met en exergue l’intégration d’un handicapé dans notre société fermée et complexée. Je pense que nous devrions tous aider plus et oser dire les choses négatives pour trouver des solutions. Si nous donnions plus de nous-mêmes, les sourds en feraient autant. Notre société vit de peur et d’apparence. Nous devrions parfois sortir de notre confort en soutenant et encourageant les autres ; une manière d’être solidaires et ouverts à l’inconnu qui nous attend chaque matin ». A travers son expérience, sa prise de conscience, sa démarche enrichissante et son témoignage, la jeune graphiste nous offre un hymne à la vie, ponctué de valeurs familiales, d’amour, d’empathie, d’espoir et d’humanité. Un six sur six ! (Propos et images recueillis de l’ouvrage « un monde silencieux » d’Inès Barrionuevo, 2017). SUIVANT PRECEDENT

  • Participation des personnes handicapées au travail, à la famille etc. La Suisse est en retard. | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Participation des personnes handicapées au travail, à la famille etc. La Suisse est en retard. 15 juin 2017 Publié le : En matière de participation des personnes handicapées dans les domaines du travail, de la formation, de l'habitat et de la famille, la Suisse a un retard à combler. C'est ce que révèle une étude publiée récemment par pro infirmis. Quelle est la participation (possibilités et limites) des personnes avec une déficience physique, intellectuelle ou psychique âgées de 30 à 50 ans dans les domaines du travail, de l’habitat, de la formation, de la famille, du couple, et des loisirs/activités culturelles ? Quels sont les facteurs qui entravent ou favorisent la participation, et quelle est l’attitude adoptée ? Enfin, quelles ressources les personnes ayant une déficience peuvent-elles mobiliser sans aide extérieure, et quelles sont celles qu’elles peuvent mobiliser avec une aide extérieure ? Processus complexes C'est à ces questions cruciales que tente de répondre l'étude « Participation des personnes ayant une déficience » effectuée sur mandat de pro infirmis et réalisée par la Haute Ecole Spécialisée de Lucerne – Travail social, en coopération avec la Haute école intercantonale de pédagogie curative. Les résultats de la présente étude révèlent la complexité des processus de participation. En outre, dans plusieurs domaines – aussi bien dans des cadres séparatifs qu’inclusifs – la participation effective des personnes avec une déficience n’est pas suffisamment garantie. Au regard de la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées, on constate que la Suisse a un retard à combler. Plus de renseignements ici . SUIVANT PRECEDENT

  • Le grand défi de la prise en charge des patients malentendants ou sourds | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Le grand défi de la prise en charge des patients malentendants ou sourds 8 septembre 2022 Publié le : Quand le système de soins paraît hostile Assurer la prise en charge des personnes sourdes ou malentendantes représente un grand défi "Face aux personnes sourdes et malentendantes, le personnel soignant se trouve dans un certain désarroi. Rares sont les projets spécifiques qui proposent actuellement un accès à des soins spécialisés en Suisse." Dans cet article paru dans "Psychoscope, magazine de la Fédération Suisse des Psychologues" du mois de septembre 2022, Corinne Béran (Psychothérapeute FSP, spécialisée en surdité) relève les nombreux dysfonctionnements dans le domaine de la santé de notre beau pays, plus particulièrement, concernant la prise en charge des personnes malentendantes ou sourdes. A savoir que, d urant la période de pandémie de Covid-19, le port du masque obligatoire a été un immense frein à la communication pour les personnes malentendantes. Les personnes malentendantes lisent sur les lèvres pour réussir à comprendre les sons qu'elles n'entendent plus. En les privant de communiquer et en les isolants encore plus de la société, cette action a rendu encore plus vulnérables les personnes malentendantes. Retrouvez l'article par dans son intégralité en cliquant ici SUIVANT PRECEDENT

  • Entendants-malentendants : le grand malentendu | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Entendants-malentendants : le grand malentendu 15 mai 2014 Publié le : A l’origine de bien des quiproquos et des situations parfois cocasses, les couacs de la communication entendants-malentendants engendrent une grande frustration. Partagée de part et d’autre, cette frustration conduit au final à l’isolement, grand ennemi de la personne malentendante. Retour sur les mécanismes d’un malentendu historique, que seules patience et bonne volonté peuvent dissiper. C’était en janvier dernier, à l’issue du traditionnel apéritif organisé chaque année à Lausanne par forom écoute. Solène et Fiona, jeunes malentendantes et membres de la Commission Jeunesse de forom écoute, et leur amie Bérangère, entendante, décident de terminer la journée dans un petit bar branché de Lausanne. Mais, comme souvent dans ce genre d’endroit, la musique est forte. Beaucoup trop forte, au point que l’on ne s’entend plus. Et c’est là que l’anecdote devient intéressante. Car lorsque l’on ne s’entend plus, les malentendants ont une petite longueur d’avance et les entendants sont… perdus. « C’était une situation tout à fait paradoxale, raconte Bérangère, un rien amusée. Fiona et Solène sont habituées à lire sur les lèvres. Mais pour le faire, elles doivent un peu reculer. Du coup, moi qui entendais déjà très peu de ce qu’elles disaient à cause de la musique, je n’entendais plus rien, et je devais tout le temps leur rappeler de se rapprocher vers moi. C’est vraiment très bizarre comme sensation : je me suis sentie très différente, minoritaire, un peu exclue, et obligée de me concentrer tout le temps pour arriver à saisir quelque chose. Pour la première fois de ma vie, j’ai vécu ce que vivent d’habitude les malentendants. C’est une expérience que je conseillerais à tout le monde ! » Solitude du malentendant A elle seule, cette expérience aussi originale qu’imprévue vient révéler, mais de manière inversée, ce que peut être la solitude du malentendant. Le sentiment d’exclusion, la fatigue devant la nécessité de se concentrer au maximum, la frustration de ne pas tout comprendre, l’épuisement à demander aux autres de faire des efforts, de bien articuler et de bien vouloir répéter… Elle montre également l’importance de se mettre réellement à la place de l’autre pour comprendre ce qu’il vit vraiment et dévoile un peu plus le fossé d’incompréhension qui trop souvent, réside entre entendants et malentendants. « Les représentations des entendants vis-à-vis de la déficience auditive sont, et c’est bien normal, largement fausses », observe un psychologue clinicien aujourd’hui à la retraite et qui a longtemps travaillé avec des malentendants, au sein d’une institution spécialisée genevoise. « Par exemple, les entendants pensent que l’environnement sonore d’un malentendant est calme et silencieux. C’est dans la grande majorité des cas faux. On pense qu’ils ne font pas assez d’efforts pour comprendre ce qu’on leur dit. C’est faux. On pense qu’une fois appareillés, tout rentre dans l’ordre, comme par magie. Et c’est encore faux ! » « Mon mari a beau savoir que je suis malentendante, il s’obstine à me parler depuis une autre pièce », témoigne de son côté Françoise, une malentendante quadragénaire originaire du Valais. « Ça m’agace qu’il le fasse et bien sûr, ça l’agace que je ne lui réponde pas » . « Moi, je ne fais même plus d’efforts pour demander aux autres de répéter », renchérit son amie Marthe, qui souffre d’une perte auditive profonde. « Ça me fatigue, ça les énerve, et parfois ça les fait rigoler quand je comprends autre chose que ce qu’ils disent. Franchement, je préfère plutôt me réfugier dans mes livres ». Différence d’appréciation L’incompréhension qui prévaut entre entendants et malentendants peut, il est vrai, faire la part belle aux quiproquos et parfois même à des situations qui peuvent prêter à sourire. Sauf que bien sûr, derrière l’humour, se cache une véritable détresse psychologique… que les entendants tendent à sous-estimer. Ainsi en France, une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES 2007), du Ministère de la Santé et des Affaires sociales, montre que si 48% des personnes sourdes ou malentendantes interrogées déclarent être en situation de détresse psychologique, seuls 35% des entendants estiment qu’elles le sont. Une différence d’appréciation que l’on observe volontiers dans la sphère familiale où des remarques du genre « Il n’entend que ce qu’il veut entendre » (lire encadré) ne sont pas rares. Car c’est d’abord au sein de la famille que les conséquences de la perte d’audition se font sentir. L’exclusion de la personne en situation de perte auditive est en effet le premier écueil à éviter, l’effort supplémentaire de communication que celle-ci induit pouvant conduire les entendants à renoncer à toute interaction. A l’inverse, l’autre risque est que l’entourage familial développe, par excès de sollicitude, une surprotection, dont l’effet infantilisant est tout aussi délétère pour le malentendant surtout s’il est âgé. Sur le plan de la vie en société, la malaudition impacte également très durablement le quotidien du malentendant qui, faute de répondant de la part des entendants qui l’entourent, aura tendance à se replier sur lui-même, afin de ne pas avoir à affronter l’impatience ou l’incompréhension dont peuvent faire preuve ses interlocuteurs. Une impatience qu’il ne s’agit pas de minimiser, ou de pointer du doigt, mais dont il faut bien comprendre les ressorts. Car dans les relations entendants-malentendants, la frustration est tout simplement… partagée, quoique asymétrique. « La personne entendante vit aussi une frustration face à la rupture de communication avec une personne qui est un parent cher, un ami ou un collègue », déclarait ainsi le chercheur canadien René Rivard, au cours de la Première conférence canadienne sur la santé mentale et la surdité, organisée à Ottawa en 2004. « Cette frustration est tout aussi réelle que celle que connaît la personne qui subit la perte de l’ouïe ». Différence d’appréciation Marié depuis 20 ans à une malentendante, lui-même entendant, Jacques, employé de banque à Genève, témoigne ainsi : « au début, cela a été très difficile pour chacun d’entre nous et pour le couple. J’avais l’impression que mon épouse m’en voulait de ne pas être malentendant, comme si c’était de ma faute. Et tous les efforts que je faisais pour rendre mes propos intelligibles se heurtaient à son incompréhension puis à son agressivité. Il nous a fallu beaucoup d’amour et de compréhension mutuelle pour arriver à trouver un modus vivendi. Heureusement, nous avions réglé tout ça avant l’arrivée des enfants ». Jeune étudiante à l’université, Emma ajoute : « de peur de passer pour une sourde, ma grand-mère n’a pas osé nous avouer qu’elle souffrait d’une presbyacousie. Alors comment voulez-vous que l’on répète, si l’on n’est pas informé du problème ? Ce n’est que quand les choses se sont vraiment aggravées que l’on a pris conscience de ce qui se passait ! » Une frustration partagée donc, mais qui demeure fondamentalement asymétrique, comme le souligne encore René Rivard. « Nous devons tous nous rappeler que l’époux/épouse ou le/la collègue entendant/e doit faire face à un problème de communication avec une seule personne, tandis que la personne qui subit la perte auditive a ce problème avec tous les gens qu’elle connaît. En outre, la personne qui subit une perte auditive est également aux prises avec tous les problèmes de la perte et du deuil ». Et de conclure : « faute de comprendre la situation, entendants et malentendants peuvent facilement accumuler des sentiments de frustration et de ressentiment envers l’autre. C’est la principale raison pour laquelle la perte de l’ouïe peut détruire des relations qui ont été sincères, attentives et de longue durée ». ChA [zone]Petit florilège de phrases « cultes » Récoltées au gré des lectures et des rencontres, voici un petit florilège des principales phrases « cultes » qui résument l’incompréhension que l’on peut rencontrer entre entendants et malentendants. « Il n’entend bien que ce qu’il veut entendre » « Tu n’écoutes pas quand on te parle » « Si elle était plus attentive, elle comprendrait mieux » « Je ne suis pas sourde, je n’entends rien, c’est tout ! » « Vous n’entendez pas bien, ces études ne sont pas pour vous » « Tu n’entends rien, comment pourras-tu conduire une auto ? » « Vous n’entendez pas les voitures, il vaut mieux que je vous aide à traverser » « Tu n’as pas compris ? Mais à quoi servent tes cours de lecture labiale ? » « Dans les soirées familiales, je n’existe pas, je suis transparente » « Quelle chance tu as parfois de ne pas entendre ! » « Ne t’inquiète pas, je t’expliquerai plus tard » « Tu lis sur les lèvres ? Il va falloir faire attention à ce que l’on dit » « Tu n’entends toujours pas ? Mais à quoi sert ton appareil ? » « Lui, il est complètement sourd et il a bien fait des études. Pourquoi pas toi ? » « Tu n’entends pas ? Mais tu parles très bien ! » « Vous ne m’avez pas répondu. Vous me snobez ? » « Les entendants ne font aucun effort pour nous » « Tu as de la chance, si tu avais été aveugle, ça aurait été bien pire »[/zone] [zone]Que se passe-t-il au cours d’une conversation entre entendant et malentendant ? Contrairement à la plupart des personnes sourdes de naissance, un malentendant ou devenu sourd maîtrise la langue orale et écrite. Sa communication reste donc naturellement fondée sur le mode verbal, mais celui-ci est plus ou moins largement péjoré par sa déficience auditive. De nombreuses études menées, entre autres, par les chercheurs Claire Prouteau, René Rivard ou Georges Laboulais, toutes consacrées aux interactions verbales entre entendants et malentendants, permettent d’expliquer les mécanismes de cette péjoration aux conséquences délétères. Voici les plus fréquents : Perte de la linéarité de la conversation : les entendants communiquent de manière linéaire. Or, la perte de l’ouïe laisse des trous ou des « blancs » dans le contenu exprimé. Ainsi, là où dans la phrase d’un entendant tous les éléments sont présentés de manière linéaire, certains des éléments sont perdus par le malentendant qui doit improviser avec ces manques, ceci d’autant plus qu’il perçoit moins bien les consonnes que les voyelles. Une perte d’autant plus difficile que le malentendant ne perd pas que des mots, il perd également ce que les chercheurs appellent les éléments supra-segmentaux de la parole, c’est-à-dire toutes les subtilités qui permettent de comprendre le sens réel d’une phrase : intonations, pauses, hésitations, traits d’humour. Le résultat est qu’en fonction du contexte et du niveau de perte auditive, le malententant recevra un message partiel voire même carrément erroné qui peut être à l’origine de bien des fous-rires mais surtout de graves frustrations. Ralentissement du processus de conversation : là où une personne entendante peut presque à coup sûr deviner la fin d’une phrase, le malentendant doit attendre que son interlocuteur ait fini de parler avant d’essayer de rassembler les pièces. Cet intervalle ralentit d’autant plus la communication que, frustré du manque de réponse, l’entendant, sans même s’en rendre compte, est déjà passé à la formulation d’une nouvelle idée. C’est le fameux problème de la gestion des tours de parole. A long terme, le cercle vicieux : au fur et à mesure du développement de la déficience, le malentendant ne fait pas que « ne plus comprendre ». Il cesse au fil des ans, d’intégrer les nouveautés linguistiques que toute langue vivante invente régulièrement, se plaçant en marge de l’évolution linguistique, en matière de mots, d’expressions et même de tournures d’humour. En croyant bien faire, et sans même s’en rendre compte, l’entendant qui s’adapte au langage de son interlocuteur, contribue à aggraver encore plus cet appauvrissement linguistique.[/zone] [zone]Comment « bien » parler à un malentendant… Cela peut paraître évident, mais bien peu de personnes y pensent avant d’avoir été confrontées à la situation, et la plupart l’oublient au moment opportun. On ne parle pas à une personne malentendante comme on parlerait à quelqu’un qui jouit de ses pleines capacités d’audition. Voici donc un petit rappel des règles élémentaires à essayer de respecter pour que la communication entre entendants et malentendants soit la plus harmonieuse possible. Ne jamais parler depuis une autre pièce. Attirer l’attention de la personne, par un petit geste, avant d’entamer la conversation. Privilégier un environnement le moins sonore possible, et penser à fermer la fenêtre pour limiter les bruits extérieurs. Veiller à se placer bien en face, de façon à ce que le mouvement des lèvres du locuteur soit bien visible. Ne pas manger ou fumer en parlant. Veiller à bien articuler. Veiller à s’exprimer d’une voix posée et naturelle, avec un débit assez lent. Répéter si besoin est, particulièrement dans le cas où on lit une incompréhension dans le regard de son interlocuteur. Enfin, faire preuve de patience et NE PAS S’ENERVER. Le site www.voirpourcomprendre.ch et son affiche rappellent de manière visuelle ces quelques conseils pour une meilleure communication. [/zone] [zone]Congrès annuel de forom écoute le 24 mai Pour son 14ème congrès annuel, forom écoute a choisi de traiter ce thème de la cohabitation entre malentendant et entendant qui est une expérience aussi difficile qu'enrichissante, et s’attachera à présenter des pistes afin de mieux se comprendre et vivre ensemble. Isabelle Fruchart, comédienne et malentendante (auteur du spectacle « Journal de ma nouvelle oreille » joué à Vidy-Lausanne en mars dernier) et Jean-Louis Dorey, psychologue clinicien, partageront leur expérience de cette thématique. Le congrès aura lieu au Bâtiment Anthropole de l’Université de Lausanne, de 9h à 16h.[/zone] SUIVANT PRECEDENT

  • BoulevardSanté, "accès aux soins pour tous" | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine BoulevardSanté, "accès aux soins pour tous" 5 septembre 2019 Publié le : Dès le 2 septembre BoulevardSanté regroupe des professionnels de la santé compétents à disposition des personnes malentendantes ou sourdes, dans le but de rendre accessible les soins pour tous. Lever de rideau à Lausanne. « Ces difficultés de prise en charge qu’elles soient d’ordre psychologique, physique, médical ou paramédical sont très préoccupantes. Un pôle regroupant plusieurs professionnels de la santé m’est apparu comme une évidence », explique Corinne Béran, psychothérapeute FSP, spécialisée en surdité. Cette problématique est connue et documentée. Elle avait déjà été abordée durant le Colloque Santé Surdité au CHUV, organisé par « Des Mains pour Le Dire » en 2010. On peut également découvrir ce thème dans le Doctorat d’Odile Cantero « Accès aux soins et communication : vers une passerelle entre la communauté sourde et soignants de Suisse romande », qu’elle a présenté en 2016. « On observe aussi les actions réalisées dans les pays limitrophes comme en France, où le premier pôle santé a été ouvert en 1995. Ces exemples montrent bien que les lieux de soins accessibles aux personnes malentendantes ou sourdes sont prisés et constituent une ressource pour une meilleure prise en charge de leur santé », poursuit la fondatrice et responsable de BoulevardSanté. A ce jour, les personnes présentant un déficit auditif ont peu de références de professionnels accessibles du domaine médical ou paramédical, qui peuvent les accompagner à travers des suivis individuels, en groupe ou en couple et les aider, notamment en proposant une communication adaptée et une certaine compréhension des difficultés rencontrées. BoulevardSanté, accès aux soins pour tous Situés à 300 mètres de la gare de Lausanne, au Boulevard de Grancy 1, les nouveaux locaux accueillent, dès le 2 septembre, une équipe pluridisciplinaire de médecins et thérapeutes. « Ce pôle va rendre visible les diverses prestations et permettre aux personnes malentendantes ou sourdes de demander facilement de l’aide aux treize professionnels de la santé, sensibilisés aux spécificités de cette population ». « Plus de 25 domaines de compétences sont représentés chez BoulevardSanté. D’autres professionnels sont en cours de réflexion pour se joindre à nous ». Psychiatre, psychothérapeutes, sexologues, logopédiste pour petits et grands, art thérapeute, médiateur familial, nutritionniste, masseur, ostéopathe, autant de prestataires de soins indépendants. Parmi eux, certains ont déjà des compétences spécifiques dans le domaine de la surdité, LSF, LPC et une expérience professionnelle, les autres vont suivre des formations en parallèle. « En effet, selon le modèle « Breaking the Silence » proposé dans les hôpitaux, nous organiserons des cours de base de langue des signes (LSF) et de Langage Parlé Complété (LPC), ainsi que de sensibilisation à la malentendance et à la surdité. Notre devise est « l’accès aux soins pour tous » et dans cette optique, nous allons chercher et créer des fonds financiers pour des missions d’interprétation en LSF, l’intervention de codeuse LPC et des thérapies ». Et le Dr Odile Cantero de conclure : « ce projet va pouvoir répondre à des besoins nécessaires de la population sourde de Suisse romande. Il symbolise l’avancée la plus importante dans ce domaine jamais réalisée. Les chiffres, les travaux de Doctorat, de Master ou encore de Bachelor ont permis d’identifier un accès aux soins inéquitables de cette population, les risques médicaux qu’elle encourt et les améliorations possibles. Il est temps de passer à l’action ! » Pour plus d’informations : www.boulevardsante.ch Facebook : BoulevardSanté Copyright : Corinne Béran SUIVANT PRECEDENT

  • 300 kilomètres pour 3 bonnes causes ! | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine 300 kilomètres pour 3 bonnes causes ! 11 décembre 2016 Publié le : GENEVE-JURA - Jeune étudiante malentendante, qui vit entre le Jura et Genève, Elodie Ernst a participé en octobre dernier au défi « Décrochons la Lune ». Durant un mois, elle a parcouru 300 kilomètres et récolté près de 300 francs pour soutenir de très belles causes. C’est à un drôle de challenge que s’est adonnée la jeune Elodie Ernst en octobre dernier. Cette jeune malentendante jurassienne, qui poursuit actuellement ses études à Genève, tombe en effet un jour sur un article du magazine Femina qui lui donne illico envie de relever le défi. Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’une campagne de sensibilisation un peu particulière intitulée « Décrochons la Lune ». A titre individuel, par équipe ou même encore en famille, l’objectif était simple : couvrir la plus grande distance pendant le mois d’octobre et s’engager à verser 1 francs par kilomètre couru, marché, nagé, pédalé ou autre à l’une des causes bénéficiaires du défi. Il s’agissait en fait de mobiliser le plus de monde possible afin de couvrir, très symboliquement, les 380'000 km qui séparent la Terre de la lune. Chaque participant, jeune ou âgé, sportif ou pas, s’est ainsi fixé un objectif « sportif », bon pour sa santé tout en contribuant à trois belles causes : la totalité des fonds ainsi récoltés a été versée aux associations Cookie et ASA (Association Savoir Patient) ainsi qu’à la fondation Just for Smiles (lire ci-dessous). Beau challenge Un tel défi évidemment, ne pouvait pas laisser indifférente Elodie, grande sportive voyageuse qui pratique la boxe, le badminton et a fait du vélo son moyen de transport quotidien, qu’il neige, pleuve ou vente. « C’est un beau challenge, raconte-t-elle et les causes soutenues sont également très belles. Je suis moi-même handicapée, alors je suis très sensible à ce genre de questions qui touchent à la santé. Et puis, je préfère ce genre de défi plutôt que de me contenter d’acheter un pin’s, un ruban ou quoi que ce soit d’autre. Alors, je me suis lancée et me suis fixé pour objectif durant tout le mois d’octobre de parcourir 300 kilomètres. » Au début, la jeune femme pensait relever le défi avec des amis, mais malheureusement le projet tombe à l’eau. « D’une manière générale, je pensais qu'il y aurait plus de personnes qui s’intéresseraient à ce beau défi, c’est un peu dommage ! » Qu’à cela ne tienne, Elodie ne se démonte pas et décide de se lancer tout seule. Elle s’inscrit sur le site comme « activiste », fixe son objectif et se jette à l’eau, enregistrant les distances parcourues grâce à sa montre connectée. « Je me suis tout de même un peu forcée, explique-t-elle, 300 km, c’est un peu plus que ma moyenne mensuelle normale, aux alentours de 250 km. Mais c’était très cool, car cela m’a menée à découvrir de nouveaux endroits, pour moitié à Genève et pour l’autre moitié dans mon Jura natal ». A Genève, elle grimpe ainsi au Salève cette montagne très proche située en France voisine et qui permet d’avoir une vue aérienne sur la ville du bout du lac. Suivi sur facebook Appliquée et volontaire, Elodie poste chaque jour sur facebook son parcours assorti de sympathiques commentaires. « 30 septembre : ça y est, demain c'est le grand départ ! A moi de parcourir 300km durant le mois d'octobre ». « Jour 3 : 16,3 km, petit tour à vélo de Porrentruy à Chevenez pour aller rendre visite à ma sœur ». Le 27 octobre, le défi est relevé avec trois jours d’avance et poste aussitôt : « BOUM !!! Ça y est le compteur a explosé ! Challenge des 300km à parcourir relevé ! Après 27 jours de marche, vélo, badminton et boxe j'ai réussi à atteindre mon objectif en moins de 30 jours et j'en suis fière ! » Outre la performance sportive, Elodie peut également se targuer d’avoir récolté 287 francs de dons prodigués par ses parrains, sa contribution aux 18’000 francs déjà récoltés. « Les dons que j’ai récoltés viennent essentiellement de ma famille et de quelques amis qui m’ont bien soutenue » se réjouit-elle ainsi, avant de s’engager à nouveau : « ça ne m’a rien coûté et ça m’a beaucoup plu, explique-t-elle. Donc l’année prochaine, je remets ça sans aucun doute ! ». [zone]Décrochons la Lune La campagne « Décrochons la Lune » du mois d’octobre a visé à mobiliser le plus de monde possible afin de couvrir les 380'000 km qui séparent la Terre de la lune. « Décrochons la Lune » propose à chacune et chacun, jeune ou âgé, sportif ou pas, de se fixer un objectif durant le mois d’octobre et de courir, marcher, nager, pédaler ou ramer pour son bien, tout en contribuant à de belles causes ! Chaque activiste individuel ou groupe d’activistes s’est fixé un objectif kilométrique - réaliste mais ambitieux ! - pour le mois d’octobre. Ainsi, un objectif affiché de 100 kilomètres correspondait à une somme de 100 francs que l’activiste s’engageait à lever à l’aide de son entourage et avec le soutien actif des médias sociaux. De nombreuses personnalités romandes Stéphane Lambiel, Alexandre Jollien, Ellen Sprunger, Céline Van Till et d’autres encore ont rejoint le mouvement. www.decrochonslalune.ch [/zone] [zone]Les 3 associations soutenues L’association COOKIE COOKIE s’engage actuellement auprès de 10 jeunes athlètes d’élite en Suisse romande avec une aide financière mais également, et surtout, un réseau de connaissance et d’experts. COOKIE cherche à promouvoir le rôle de modèles que représentent les athlètes qu’elle soutient. Cette association basée à Lausanne est également l’instigatrice du projet Décrochons la Lune. L’association ASAP À l’occasion d’octobre rose, nous soutiendrons les femmes dans leur lutte contre le cancer du sein. L’ASAP (Association Savoir Patient) développe des synergies entre les patients, les professionnels de terrain et les chercheurs afin de promouvoir l’amélioration des soins et de la qualité de vie. La fondation Just for Smiles Just for Smiles offre des activités sportives (ski, voile, randonnée) aux enfants et jeunes adultes en situation de polyhandicap. Elle leur offre la possibilité de découvrir des environnements et des sensations qu’ils ne connaissent pas encore.[/zone] SUIVANT PRECEDENT

  • Le point sur le sous-titrage TV | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Le point sur le sous-titrage TV 2 février 2018 Publié le : La SSR et d’autres TV régionales sous-titrent certains programmes, comme les infos. Votre avis compte ! Comme annoncé dans notre rubrique en ligne « solutions malentendants », le sous-titrage des émissions de la RTS, ainsi que des chaînes régionales est une obligation. Celle-ci est inscrite dans la révision partielle de la loi fédérale sur la radio et la télévision, afin de rendre accessible les émissions d’information à toutes les personnes sourdes et malentendantes. Les coûts de préparation des sous-titrages sont soutenus financièrement par la redevance sur la radio et la télévision. Notre fondation a réalisé un premier sondage sur demande des TV régionales suivantes : Canal 9 (VS) Canal Alpha (JU, NE), TeleBielingue auprès des usagers des régions concernées. Les services de sous-titrage de ces TV régionales ainsi que Léman Bleu et La Télé sont à disposition et recevraient volontiers des retours du public (commentaires positifs comme négatifs, questions, réactions, suggestions, etc) à transmettre sur : info@ecoute.ch , tél. 021 614 60 50, fax 021 614 60. Reportage en coulisses Parmi 13 stations de télévisions régionales suisses TeleBielingue, Canal 9 et Canal Alpha nous expliquent leur modus operandi. Après une période test de trois mois, le journaliste et directeur associé de Canal Alpha en charge, Marcello Del Zio, s’explique. « La difficulté principale au niveau humain consistait à une mise en place des collaborateurs qui s’occupent de préparer les sous-titres. Au niveau technique, il a fallu mettre un système en place lié à celui de notre diffusion, que nous avons élaboré tout au long de l’année dernière ». En un clic sur la page 777 de Swiss, la configuration s’effectue facilement. A la première de nos questions « quels types de remarques recevez-vous des usagers ? », S ylvia Monnat, responsable de la rédaction du sous-titrage Swiss TXT, répond: A la RTS, le journal de 19h30 est sous-titré depuis 1996. Les journaux de Léman Bleu et La Télé, depuis janvier 2016. Si les remarques sont positives, car pour la population sourde et malentendante, il est important d’avoir accès à l’information, nous avons reçu des remarques sur la rapidité de nos sous-titres. A savoir : rapidité parfois trop courte et décalage que provoque le sous-titrage en direct par la technique du respeaking. En effet, nous ne sous-titrons pas en direct sur La Télé et Léman Bleu.4 Doit-on et peut-on encore et toujours améliorer les programmes sous-titrés ? On peut toujours les améliorer, car les moyens techniques sont en progrès. Nous faisons de notre mieux pour ne diffuser que des sous-titres relus et corrigés, sauf pour les directs. Est-il prévu d'augmenter ces programmes qui se limitent aux infos ? Pas sur les télévisions régionales, mais sur la SSR, nous sous-titrons 50 % du programme répartis parmi les sept chaînes nationales du service public. Il est prévu d’augmenter à 80 % d’ici 2021, suite à un accord signé en septembre dernier, entre les associations et la SSR. Jugez-vous que ce programme est suffisant ou doit-il s'étendre ? Il doit s’étendre à l’instar d’autres pays d’Europe où les programmes sont sous-titrés à 100 %, notamment en France. Comment a été perçu la mise en place du sous-titrage auprès du personnel ? La mesure a été bien accueillie, même si nous avons dû bouleverser nos horaires et engager de nouveaux collaborateurs. C’est donc plutôt positif. Avez-vous ressenti une pression ou des freins des autorités législatives ? Non, les freins sont uniquement budgétaires. La responsable de l'organisation, des processus, de l'assurance qualité et du sous-titrage de Telebielingue, Chrystel Breuer, quant à elle, constate que depuis janvier 2017, la mise en place de la structure technique et humaine était également nécessaire à la création de sous-titres pour les émissions de l’information. « Le plus gros challenge de TeleBielingue est de produire au quotidien ces sous-titres en deux langues car tous nos programmes sont bilingues. Une partie de l’équipe bilingue traduit les passages de suisse-allemand pour poser les sous-titres en allemand et une autre partie se charge du français. Un travail conséquent au service des usagers, requérant plus d’une flèche à son arc ». D’après certains usagers, c’est un soulagement de pouvoir suivre les actualités suisses et régionales en complément d’autres émissions sous-titrées françaises. Du côté de la loi La Société suisse de radiodiffusion et télévision, SSR, est tenue d'augmenter peu à peu jusqu'à un tiers du temps total de transmission la proportion d'émissions télévisées sous-titrées diffusées dans le cadre du programme rédactionnel de chaque région linguistique. Cette obligation concerne également les diffuseurs qui transmettent leur programme en collaboration avec la SSR conformément à l'art. 25, al. 4, LRTV. Elle doit diffuser quotidiennement dans chaque langue officielle au moins une émission d'information transcrite en langue des signes et annuellement dans chaque région linguistique au moins 24 émissions télévisées accompagnées d'une description audio pour les malvoyants. Les contenus à sous-titrer et les autres prestations fournies par la SSR, ainsi que le calendrier d'application de ces mesures, sont fixés dans un accord conclu entre la SSR et les associations de handicapés concernées, ou si celui-ci est résilié, le DETEC fixe les prestations que la SSR doit fournir. L'OFCOM examine tous les trois ans au moins la possibilité d'augmenter la proportion des émissions télévisées adaptées aux besoins des malentendants et des malvoyants. Si la réglementation en vigueur ne semble plus appropriée, le DETEC charge le Conseil fédéral de la modifier. (sources www.droit-bilingue.ch). Législation auprès d’autres diffuseurs régionaux Les diffuseurs de programmes de télévision nationaux ou régionaux-linguistiques qui ne diffusent pas leur programme en collaboration avec la SSR doivent proposer aux malentendants ou aux malvoyants au moins une fois par semaine, aux heures de grande audience, une émission adaptée à leurs besoins. L'OFCOM exempte les diffuseurs de l'obligation d'adapter les émissions pour les malentendants et les malvoyants si leurs charges d'exploitation annuelles n'atteignent pas 1 million de francs, si leur programme ne se prête pas à l'adaptation pour les malentendants et les malvoyants ou s'ils diffusent un programme ayant une faible activité d'antenne. Les diffuseurs de programmes de télévision régionaux titulaires d'une concession doivent sous-titrer au plus tard la deuxième diffusion de leur principale émission d'information ainsi que les rediffusions suivantes. Pour ceux qui diffusent leurs principales émissions d'information dans deux langues, cette disposition vaut pour chacune des deux langues. L'OFCOM fixe à l'avance pour chaque diffuseur le montant maximum de l'indemnité en fonction des moyens à disposition et du montant prévu des dépenses imputables liées à l'exécution de l'obligation inscrite à l'al. 3. Le décompte définitif est établi dès que le diffuseur a remis son décompte final. (sources www.droit-bilingue.ch). Votre avis compte ! Afin de poursuivre notre enquête en collaboration avec les responsables du sous-titrage TV, nous avons besoins de vos commentaires, questions, réactions, à transmettre sur : info@ecoute.ch , tél. 021 614 60 50, fax 021 614 60 51. Copyright SWISS TXT SA SUIVANT PRECEDENT

  • Polyarthrite et déficience auditive: un lien avéré | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Polyarthrite et déficience auditive: un lien avéré 17 février 2017 Publié le : Les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde (PR) présentent plus de risques de déficience auditive comparativement aux personnes qui ne souffrent pas de cette maladie. La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique qui cause de la douleur, de la rigidité, des gonflements ainsi qu’un fonctionnement et mouvement limité de nombreuses articulations. Les petites articulations dans les mains et les pieds ont en outre tendance à être les plus impliquées. Une étude évaluant l'association entre la déficience auditive et la polyarthrite rhumatoïde vient de conclure que les patients atteints de cette pathologie ont un risque plus élevé de déficience auditive par rapport aux personnes en bonne santé. Avec une prévalence de 25-72%, on a ainsi constaté que la déficience auditive neurosensorielle était le type le plus courant chez les patients atteints de PR. Les résultats de l'audiométrie tonale pure ont également révélé que les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde présentent une prévalence de la déficience auditive plus élevée à toutes les fréquences. Selon l'étude publiée dans The Open Rhumatology Journal, les patients atteints de PR devraient subir des tests audiométriques ainsi qu’un test à émissions otoacoustiques évoquées transitoires (TEOAE) afin de dépister le plus tôt possible une éventuelle déficience auditive. Il semble en outre que les antioxydants (par exemple la vitamine E) peuvent jouer un rôle protecteur pour l'oreille interne. (Source: http://www.hear-it.org ) SUIVANT PRECEDENT

  • « Koh Lanta m’a appris tant de choses » | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine « Koh Lanta m’a appris tant de choses » 17 mars 2016 Publié le : Il y a une année, la Française Isabelle Haouzi qui vit en région parisienne, a participé, à l’âge de 54 ans, à la célèbre émission de téléréalité-aventure Koh-Lanta diffusée par TF1. Retour sur un défi hors du commun pour une malentendante sportive et exigeante avec elle-même. Pourquoi dites vous toujours que les malentendants sont votre famille ? Pour deux raisons : d’abord parce qu’au sens propre, j’appartiens à une famille de malentendants. Du côté de mon père, j’ai un oncle et une tante qui sont malentendants et mon papa lui même était fortement malentendant. Et la seconde raison ? Parce que j’estime qu’au sens large, les malentendants sont vraiment ma famille : on ressent les mêmes choses, on a la même écoute et on communique de la même manière ! Et vous, depuis quand êtes-vous malentendante ? En réalité, je suis malentendante de naissance, mais avec une surdité évolutive. Ce qui est fou, c’est que jusqu’à 40 ans, je pensais que j’entendais bien, alors que j’avais de vrais soucis de compréhension. Mais je les attribuais à mon côté artiste (rires), je ne voulais vraisemblablement pas admettre que les choses s’aggravaient ! Quand s’est produit le déclic ? Je travaillais dans une troupe de chant et de danse, et en fait, je chantais faux (rires), au risque de perdre ma place ! Finalement, à 44 ans, en 2003, j’ai enfin accepté que j’avais vraiment un problème. Aujourd’hui, j’ai des appareils des deux côtés, et c’est vraiment très efficace. Sans eux, je serais vraiment perdue ! Et en plus, depuis, je chante juste ! Et comment vous êtes-vous retrouvée à participer à l’aventure Koh-Lanta ? C’est une émission que je suivais à la télévision et j’ai toujours eu envie d’y participer ! Déjà, en 2003-2004, j’avais essayé en vain de m’inscrire. Mais ce n’était pas le bon moment, ou alors j’avais trop de travail. En 2014, ça a finalement marché ! Et d’où vous est venue cette envie si forte ? En fait, j’avais envie de me surpasser, de me prouver que j’étais capable de le faire, que j’étais capable de surmonter les soucis d’audition, ma phobie de l’eau. Je voulais aussi prouver que j’étais capable de m’intégrer dans un groupe… Et puis, c’était aussi important pour moi de montrer aux autres que le fait d’être handicapée ne restreignait aucun potentiel ! De montrer à mes amis malentendants que tout est toujours possible ! Avez-vous informé TF1 (qui diffuse l’émission Koh-Lanta, ndlr) de votre handicap ? Bien sûr, immédiatement. Et leur réaction a été superbe, puisqu’ils ont dit : si vous gérez le problème, il n’y a pas de raison que votre handicap nuise à votre potentiel sportif ! Je leur en serai toujours reconnaissante ! Et quelle ont été les réactions de vos proches ? Mes trois enfants ont été très fiers ! Avec eux, nous nous soutenons toujours dans ce que nous faisons ! Et en plus, je suis grand-mère ! J’étais d’ailleurs la doyenne de l’émission (rires) ! Comment s’est déroulée l’émission ? Je suis partie en Malaisie du Sud-Est le 8 octobre 2014 et j’y suis restée près de 20 jours, jusqu’à ce que je sois éliminée, en fait. Et je dois dire que c’est une aventure très dure sur le plan physique et sans aucun trucage ! Pourtant je suis très sportive et je m’entraîne énormément. Ce qui a été le plus dur pour moi, cela a été clairement les épreuves sur l’eau, où je ne suis vraiment pas à mon aise. Qu’est-ce qui vous a le plus déplu ? Faire des calculs, monter des stratégies, ce n’est pas vraiment mon truc, je suis une personne trop directe et je ne sais pas tricher. Si c’était à refaire, pour gagner, je resterais moi-même, c’est à dire franche et honnête, mais je tournerais sept fois ma langue dans la bouche avant de parler (rires). Les problèmes d’audition ont-ils joué un rôle dans votre élimination ? Bien sûr, ne serait-ce que parce que dans l’eau, par exemple, il me fallait enlever mes appareils ! Et puis la malentendance rend compliqué tout ce qui a trait à l’intégration à un groupe, qu’en plus je ne connaissais pas. Imaginez : être malentendante et la doyenne d’un groupe de jeunes, qui sont entre eux et qui parlent très vite… Alors, je décrochais, et contrairement à ce que l’on pouvait croire, ce n’était pas parce que je ne voulais pas m’intégrer, mais tout simplement parce que malgré moi, je décrochais ! Et qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez été éliminée ? J’ai eu une peine énorme, vraiment ! J’ai vraiment l’esprit de compétition, je suis une teigneuse et je ne lâche rien (rires). Alors même si je suis très fière de mon parcours, j’aurais vraiment voulu aller plus loin, surtout en individuel, et je m’en veux un peu. Heureusement, cette expérience m’a appris plein de choses sur moi, sur la vie en société ! Comment voyez-vous la suite ? Eh bien c’est sûr, si les producteurs de l’émission me rappelaient dans le cadre du « Retour des héros », je dirais oui sans hésiter ! J’aime trop l’aventure et me confronter à des choses différentes. D’ici six-huit mois d’ailleurs, je postulerais pour l’émission « The Island » ! Et dans l’intervalle, je continue à enseigner la danse… Propos recueillis par Charaf Abdessemed SUIVANT PRECEDENT

  • Fête de l’Escalade : visite guidée pour les malentendants | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Fête de l’Escalade : visite guidée pour les malentendants 27 novembre 2017 Publié le : A l’occasion de la prochaine Fête de l’Escalade de Genève qui se déroulera du 8 au 10 décembre prochain, la Compagnie de 1602 organise une visite guidée pour les malentendants. Dans le cadre de la Fête de l’Escalade de Genève du 8 au 10 décembre prochain, la Compagnie de 1602 recrée des scènes de la vie quotidienne de la Genève de la fin du XVIe siècle. La première visite pour les malentendants a été organisée en 2014 avec l’aide de Philippe Le Coq-Vallon, membre entendant costumé de la Compagnie de 1602, guidée par Marie-Thérèse Roberts, membre également malentendante. L’objectif consiste à rendre les manifestations accessibles au plus grand nombre. Le concept est né sous le mandat de l'ancien Président pour créer un échange entre malentendants et entendants qui partagent la même visite. De fait, la balade est offerte et ouverte à tous, sans inscription ni limitation de places. Cette visite 2017 sera bénévolement guidée par Marie-Thérèse Roberts, et simultanément par une personne entendante ; une mixité du public et des échanges intéressants. « Il a fallu de nombreux mois de préparation avec une équipe de personnes entendantes et sourdes/malentendantes ; une expérience et une collaboration très enrichissantes pour tous », se réjouit-elle. Rendez-vous est pris le samedi 9 décembre, SUIVANT PRECEDENT

  • Une entreprise qui forme un apprenti malentendant | FoRom Ecoute

    Retour au Magazine Une entreprise qui forme un apprenti malentendant 15 mai 2016 Publié le : FRIBOURG - Située à Enney, près de Bulle dans le canton de Fribourg, l’entreprise de construction métallique Morand SA n’a pas hésité à recruter le jeune malentendant Julien Pasquier comme apprenti. Au point que celui-ci enchaîne cette année avec un deuxième apprentissage (lire « Les jeunes ont la parole » en page 22). Rencontre avec le directeur opérationnel Jean-François Suchet, qui réaffirme la vocation sociale de son entreprise. Au moment où il a été accepté en apprentissage dans votre entreprise, et lorsqu’il a fait mention de ses problèmes d’audition, le jeune Julien Pasquier s’est vu répondre : « Bah, ce n’est qu’un problème technique » … Jean-François Suchet: Ce n’est pas moi qui ai recruté à l’époque Julien, mais je fais volontiers mienne cette phrase. D’autant que ses soucis d’audition n’ont jamais prétérité son travail. Pour moi, Julien est un apprenti comme les autres, et on ne ressent aucune différence dans son travail quotidien. D’ailleurs, ici, peu de gens dans son entourage proche le savent. Sauf son responsable d’atelier, qui fait juste attention à se mettre du bon côté lorsqu’il lui parle. De nombreux jeunes malentendants éprouvent de réelles difficultés à trouver une place d’apprentissage… Concevez-vous qu’un handicap puisse être un frein pour eux ? Bien sûr. Mais de nombreux handicaps n’empêchent pas de travailler. En fait, tout dépend du niveau et de la nature du handicap de la personne ainsi que du poste auquel elle se destine. Par exemple, il est difficile d’exercer en atelier si on souffre d’un handicap moteur important. Avez-vous dû prendre des mesures particulières pour Julien ? Non pas du tout ! En dehors bien sûr, des classiques mesures de protection au travail, valables pour tout le monde, comme les lunettes, les chaussures adaptées ou les protections auditives habituelles. En fait, Julien est traité exactement comme tous les autres employés. Et je dois dire qu’il a fait preuve d’une très grande motivation dans son apprentissage de constructeur, pour lequel je l’ai suivi tous les six mois dans le cadre des traditionnels entretiens d’évaluation. Il y a d’ailleurs obtenu d’excellentes notes. Ensuite, je lui ai proposé un stage dans notre bureau technique pour voir si le travail de dessinateur pouvait lui convenir. Et ça a été le cas, puisque depuis septembre dernier, il a entamé un deuxième apprentissage ! Tout se passe très bien et il devrait terminer d’ici la fin de l’année 2017. Et je compte bien sur lui pour la suite si tout se déroule aussi bien. Avez-vous d’autres apprentis souffrant d’un handicap ? Non. Mais nous jouons un rôle en aval, car travailler sur un chantier est usant. Pour nos employés qui sont en reconversion professionnelle, nous essayons, dans la mesure du possible, de toujours trouver des postes adaptés. D’une manière générale, nous trouvons dommage de perdre des gens motivés, et si on peut les garder, on le fait toujours. En outre, en partenariat avec l’ORIF (Organisation romande d’intégration et de formation professionnelle, ndlr), nous offrons également des places de stages pour des personnes extérieures qui sont en processus de reconversion. D’où vous vient cette fibre sociale ? Même si nous comptons plus de 170 employés, nous sommes à la base une entreprise familiale et à ce titre nous sommes conscients de notre responsabilité sociale. En fait, on s’inscrit pleinement dans la lignée des fondateurs de l’entreprise. Et puis, nous sommes conscients que tout miser sur le profit immédiat condamne une entreprise à vivre sur le court terme. C’est la raison pour laquelle nous formons chaque année une dizaine d’apprentis, aussi bien en atelier, que dans notre bureau technique ou dans l’administration. Si notre entreprise veut durer, elle doit former la relève. Propos recueillis par Charaf Abdessemed [zone]Une société centenaire Depuis plus de 100 ans, l’entreprise R. Morand & Fils est active avec succès dans le domaine de la construction métallique. Fourniture de charpentes, de façades vitrées de façades industrielles, mais aussi rénovation de toitures, serrurerie et autres travaux font partie des prestations qu’elle assure à sa clientèle. Le début des activités de l’entreprise remonte à 1899. Louis Morand exploite alors une forge qui sera reprise dès 1950 par son petit-fils, René Morand. A cette époque, la taillanderie est «le» secteur d’activité de la forge et des outils destinés au bûcheron ou à l’agriculteur y sont fabriqués. Aujourd’hui, la société emploie quelque 200 personnes dont 27 apprentis répartis sur les sites d’Enney, Vallorbe, Genève et Conthey.[/zone] SUIVANT PRECEDENT

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