top of page

« Koh Lanta m’a appris tant de choses »

17 mars 2016

Publié le :

Il y a une année, la Française Isabelle Haouzi qui vit en région parisienne, a participé, à l’âge de 54 ans, à la célèbre émission de téléréalité-aventure Koh-Lanta diffusée par TF1. Retour sur un défi hors du commun pour une malentendante sportive et exigeante avec elle-même. Pourquoi dites vous toujours que les malentendants sont votre famille ? Pour deux raisons : d’abord parce qu’au sens propre, j’appartiens à une famille de malentendants. Du côté de mon père, j’ai un oncle et une tante qui sont malentendants et mon papa lui même était fortement malentendant. Et la seconde raison ? Parce que j’estime qu’au sens large, les malentendants sont vraiment ma famille : on ressent les mêmes choses, on a la même écoute et on communique de la même manière ! Et vous, depuis quand êtes-vous malentendante ? En réalité, je suis malentendante de naissance, mais avec une surdité évolutive. Ce qui est fou, c’est que jusqu’à 40 ans, je pensais que j’entendais bien, alors que j’avais de vrais soucis de compréhension. Mais je les attribuais à mon côté artiste (rires), je ne voulais vraisemblablement pas admettre que les choses s’aggravaient ! Quand s’est produit le déclic ? Je travaillais dans une troupe de chant et de danse, et en fait, je chantais faux (rires), au risque de perdre ma place ! Finalement, à 44 ans, en 2003, j’ai enfin accepté que j’avais vraiment un problème. Aujourd’hui, j’ai des appareils des deux côtés, et c’est vraiment très efficace. Sans eux, je serais vraiment perdue ! Et en plus, depuis, je chante juste ! Et comment vous êtes-vous retrouvée à participer à l’aventure Koh-Lanta ? C’est une émission que je suivais à la télévision et j’ai toujours eu envie d’y participer ! Déjà, en 2003-2004, j’avais essayé en vain de m’inscrire. Mais ce n’était pas le bon moment, ou alors j’avais trop de travail. En 2014, ça a finalement marché ! Et d’où vous est venue cette envie si forte ? En fait, j’avais envie de me surpasser, de me prouver que j’étais capable de le faire, que j’étais capable de surmonter les soucis d’audition, ma phobie de l’eau. Je voulais aussi prouver que j’étais capable de m’intégrer dans un groupe… Et puis, c’était aussi important pour moi de montrer aux autres que le fait d’être handicapée ne restreignait aucun potentiel ! De montrer à mes amis malentendants que tout est toujours possible ! Avez-vous informé TF1 (qui diffuse l’émission Koh-Lanta, ndlr) de votre handicap ? Bien sûr, immédiatement. Et leur réaction a été superbe, puisqu’ils ont dit : si vous gérez le problème, il n’y a pas de raison que votre handicap nuise à votre potentiel sportif ! Je leur en serai toujours reconnaissante ! Et quelle ont été les réactions de vos proches ? Mes trois enfants ont été très fiers ! Avec eux, nous nous soutenons toujours dans ce que nous faisons ! Et en plus, je suis grand-mère ! J’étais d’ailleurs la doyenne de l’émission (rires) ! Comment s’est déroulée l’émission ? Je suis partie en Malaisie du Sud-Est le 8 octobre 2014 et j’y suis restée près de 20 jours, jusqu’à ce que je sois éliminée, en fait. Et je dois dire que c’est une aventure très dure sur le plan physique et sans aucun trucage ! Pourtant je suis très sportive et je m’entraîne énormément. Ce qui a été le plus dur pour moi, cela a été clairement les épreuves sur l’eau, où je ne suis vraiment pas à mon aise. Qu’est-ce qui vous a le plus déplu ? Faire des calculs, monter des stratégies, ce n’est pas vraiment mon truc, je suis une personne trop directe et je ne sais pas tricher. Si c’était à refaire, pour gagner, je resterais moi-même, c’est à dire franche et honnête, mais je tournerais sept fois ma langue dans la bouche avant de parler (rires). Les problèmes d’audition ont-ils joué un rôle dans votre élimination ? Bien sûr, ne serait-ce que parce que dans l’eau, par exemple, il me fallait enlever mes appareils ! Et puis la malentendance rend compliqué tout ce qui a trait à l’intégration à un groupe, qu’en plus je ne connaissais pas. Imaginez : être malentendante et la doyenne d’un groupe de jeunes, qui sont entre eux et qui parlent très vite… Alors, je décrochais, et contrairement à ce que l’on pouvait croire, ce n’était pas parce que je ne voulais pas m’intégrer, mais tout simplement parce que malgré moi, je décrochais ! Et qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez été éliminée ? J’ai eu une peine énorme, vraiment ! J’ai vraiment l’esprit de compétition, je suis une teigneuse et je ne lâche rien (rires). Alors même si je suis très fière de mon parcours, j’aurais vraiment voulu aller plus loin, surtout en individuel, et je m’en veux un peu. Heureusement, cette expérience m’a appris plein de choses sur moi, sur la vie en société ! Comment voyez-vous la suite ? Eh bien c’est sûr, si les producteurs de l’émission me rappelaient dans le cadre du « Retour des héros », je dirais oui sans hésiter ! J’aime trop l’aventure et me confronter à des choses différentes. D’ici six-huit mois d’ailleurs, je postulerais pour l’émission « The Island » ! Et dans l’intervalle, je continue à enseigner la danse…   Propos recueillis par Charaf Abdessemed
bottom of page