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Sonia Schwerdtel: «La plus belle chose que j’aie entendue: tu n’es pas seule!»

17 août 2023
Publié le :
Née malentendante, âgée de 26 ans, cette Française dont le papa est allemand et la maman indienne prépare actuellement un CFC en Valais pour compléter sa formation initiale d’architecte d’intérieur. Rencontre avec une jeune femme déterminée, passionnée de volley et de beach volley, et à qui l’effort ne fait jamais peur…
Depuis quand êtes-vous malentendante ?
En fait, je suis née malentendante en raison d'une probable cause héréditaire, car j'ai un grand-père malentendant et une cousine éloignée qui a également une perte auditive. Du reste, selon mon audioprothésiste, mon audiogramme évoque clairement une surdité de type héréditaire…
Comment a été découvert votre handicap auditif ?
Très jeune, j'entendais un peu, mais mes parents ont remarqué que je ratais certaines choses. Ils m'ont emmenée voir un médecin qui a décrété que je n'avais rien, et que mon problème venait du fait que mon papa parlait l'allemand et que ma maman parlait l'anglais. Pour lui, il suffisait de me parler dans une seule langue et tout rentrerait dans l’ordre (rires).
Et cela a-t-il réglé le problème ?
Pas du tout ! Ma mère a vite constaté que ça n'allait toujours pas, et à l’âge de 2 ans, mes parents m’ont emmenée consulter un ORL qui leur a annoncé : « votre fille est malentendante ! ». A l'époque, ma perte auditive était de 65% pour les 2 oreilles. Aujourd’hui, j’en suis à 90%, mais au moins c’est stabilisé…
Vous avez donc dû être appareillée…
Oui, mais finalement assez tard, puisque je ne l’ai été qu’à l'âge de 2 ans et demi. Cela dit, grâce aux appareils, j'ai appris à parler, j'ai pu communiquer… Et depuis le mois de janvier dernier, j'ai de nouveaux appareils beaucoup plus performants : je peux désormais aller au restaurant ou évoluer dans des environnements bruyants sans trop de difficultés.
Où avez-vous suivi votre scolarité obligatoire ?
Dans une école normale, en France, à Prévessin, près de Genève, où j'ai grandi. L'école primaire s'est très bien déroulée car j'ai été suivie par une assistante de vie scolaire et une enseignante spécialisée qui m'expliquait les cours en dehors de la classe.
Et ensuite ?
J'ai été au lycée, où j’ai également été soutenue avec quelqu'un qui prenait les notes pour moi, ce qui me permettait de me concentrer sur ce qui se disait en classe et de décrocher en 2015, mon baccalauréat scientifique ! Je crois que sans tous les soutiens que j’ai eus, j’aurai certainement également réussi, mais au prix d'un burn-out !
Que faites-vous après votre baccalauréat ?
J'étais vraiment très fatiguée, j'ai donc pris une année sabbatique durant laquelle j'ai voyagé, en particulier au Japon. Ensuite, j’ai pris des cours de japonais et de piano, j'ai fait beaucoup de sport, beaucoup cuisiné et j'ai même passé mon permis de conduire. En fait, je n'aime pas perdre mon temps ! (rires)
Quelles études décidez-vous de suivre ensuite ?
Après une année de passerelle au Centre de formation professionnelle art de Genève, j’ai fait un bachelor à la HEAD, la Haute École d’Art et de Design, toujours à Genève, en architecture d'intérieur. Très jeune, j’ai été sensible à l'importance de créer un espace capable de faire ressentir les choses aux gens…
Ces études ont-elles été faciles ?
Non pas vraiment ! A la HEAD, je n’ai eu aucune aide, alors que ces études impliquaient beaucoup de travail d’équipe et de communication ! J'ai tellement souffert que j'ai même pensé arrêter et puis heureusement un jour, ma mère m'a poussée à contacter la fondation a capella pour essayer de trouver du soutien.
Et cela vous a aidée ?
Oui, car la chose la plus extraordinaire que j'ai pu y entendre a été : « tu n'es pas seule ». Dès lors, j'ai pu découvrir le monde de la surdité, apprendre à mieux maîtriser le code, évoluer avec des gens qui comprenaient ce handicap.
Aujourd’hui, travaillez-vous comme architecte d'intérieur ?
Non, en Suisse contrairement à la France, cette profession n'est pas très reconnue et il est difficile de trouver un travail. Je suis donc actuellement une formation accélérée de 2 ans à Morges pour avoir un CFC de dessinatrice en bâtiment dans le but d’apprendre la technique de construction et de compléter mon métier d’architecte d’intérieur, ce qui m’aidera à trouver plus facilement du travail ou même pourquoi pas devenir indépendante. Et je me suis établie le temps de mes études près de Martigny, car mon entreprise formatrice est juste à côté.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Normalement, je termine mon CFC l'année prochaine. Pour la suite, j'ai beaucoup d'idées mais je ne suis pas encore décidée : peut-être faire un master en design de produits car il y a un côté artistique qui me plaît beaucoup, mais aussi peut-être faire de la bande dessinée…
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