Les tournois de tennis réservés aux malentendants connaissent un essor sans précédent

20 février 2025
Publié le :
Alors qu’en France, vient de s’achever la 3e édition de l’Open Dyapason, un tournoi réservé aux sourds et malentendants, retour sur un sport qui connait désormais un franc succès auprès de nombreux déficients auditifs.
Il y a une année, Aux Ecoutes donnait la parole au Lausannois Guillaume Markwalder. La particularité de ce malentendant père de famille de 33 ans ? S’adonner, malgré son handicap, au tennis, et ce depuis sa plus tendre enfance.
Guillaume Markwalder n’est pas le seul. Un peu partout en Europe, des malentendants de plus en plus nombreux choisissent le tennis comme sport de prédilection et même de compétition. Au point que des tournois réservés aux sourds et malentendants voient désormais le jour, en Pologne, en Allemagne ou en Slovénie. En France également, s’est achevée la semaine passée à Rouen la 3ème édition de l’Open Dyapason, un tournoi international de tennis pour sourds et malentendants qui a regroupé pas moins de 33 joueurs parmi les meilleurs du monde et issus de 11 nationalités en provenance de 3 continents.
Lancé en 2023 sous l’égide de la Fédération française de tennis, l’Open Dyapason, du nom de réseau d’audioprothésistes indépendants éponyme qui le parraine, s’inscrit dans l’ambition du Comité international des sports des sourds : aboutir à court terme à l’organisation d’un tournoi pour sourds et malentendants à Roland-Garros, comme l’a déjà fait l'Open d’Australie, et à plus long terme à la mise en place d’un Grand Chelem de tennis « Sourds et malentendants ».
Perte d’au moins 55 db
L’Open Dyapason est ouvert aux joueurs présentant une perte auditive moyenne d’au moins 55 décibels à la meilleure oreille et ce sur les 3 fréquences de 500, 1000, et 2000 Hz. Durant les matchs, le port d’appareils auditifs est en outre interdit afin d’éviter toute tricherie.
« Au-delà de ces conditions, le tournoi se déroule tout à fait normalement, explique Magali,une jeune Genevoise malentendante, passionnée par le concours au point de souhaiter s’y inscrire l’année prochaine. Ce sont exactement les mêmes règles que pour les matchs ordinaires, et la seule chose qui change, c’est l’usage de signaux visuels pour l’arbitrage. L’arbitre va indiquer les scores avec ses mains, et en cas de let par exemple, il lancera une balle sur le terrain pour marquer l’arrêt du jeu ».
Et d’ajouter : « Pour le malentendant en revanche, la pratique de ce sport reste tout de même plus exigeante que pour les normo-entendants, car être privé de son audition empêche de suivre la balle et même le jeu de manière optimale. Alors pour compenser, on se concentre beuacoup sur le visuel mais aussi sur les vibrations, ce qui est très fatigant sans rempêcher d’ailleurs d’être capable d’atteindre un très haut niveau ».
Yannick Noah
Signe de l’intérêt croissant pour le tennis réservé aux sourds et malentendants : la présence du célèbre Yannick Noah sur les lieux de l’Open Dyapason. Le gagnant de l’édition 1983 de Roland Garros, devenu coordonnateur national du paratennis à la Fédération française de tennis y a en effet effectué le déplacement pour assister aux matchs et tenter de mieux comprendre les besoins de ces joueurs un peu particuliers.
"Avec le handicap, on est parfois un peu mis de côté, et le tennis peut prendre une autre dimension,a-t-il raconté à Ici, anciennement France Bleu, le réseau des radios locales publiques françaises. On me demande si, à haut niveau, je vais rapporter des médailles. C'est l'objectif, mais ce qui est important c'est qu'un gamin qui a un jour une galère se dise qu'avec le tennis il peut avoir une possibilité de se sentir un peu moins mal, voire carrément très bien, grâce au jeu. »