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L’initiative pour une redevance à 200 francs menace-t-elle le sous-titrage ?

20 février 2023

Publié le :

Alors qu’est lancée une initiative pour diminuer la redevance à 200 francs par ménage, le directeur de la Radio-Télévision suisse a averti : en cas d’acceptation, certaines prestations « essentielles » pourraient être touchées. Voilà une initiative qui fait trembler la SSR, société mère de la Radio-télévision suisse (RTS). Et pour cause : si elle venait à être adoptée, elle se traduirait par une baisse drastique des ressources de l’entreprise. Lancée l’année dernière par l'UDC, l'Union suisse des arts et métiers (USAM) et les Jeunes PLR, l’initiative, intitulée « 200 francs, ça suffit! » prévoit ainsi : « La Confédération perçoit une redevance de 200 francs par an, exclusivement auprès des ménages privés. Les personnes morales, les sociétés de personnes et les entreprises individuelles ne paient aucune redevance ». Pour tout un chacun donc, la redevance passerait de 335 francs à 200 francs, une baisse substantielle pour les ménages et bien sûr… pour les recettes de la RTS, estimée à 50% par l’entreprise. Une perspective qui, on s’en doute, ne réjouit pas le patron de la RTS, Gilles Marchand, qui monte déjà au créneau, alors que la récolte des signatures bat son plein. « Prestations touchées » Dans une interview accordée au journal Le Temps le 21 janvier dernier, il avertissait ainsi : « Par définition, le service public est généraliste et il ne choisit pas son public en fonction, par exemple, de la publicité. Nous travaillons pour tout le monde. Que diriez-vous si nous devions abandonner la langue des signes et le sous-titrage pour les malentendants, des services aussi essentiels que coûteux ? » En cas d’acceptation de la redevance à 200 francs, la RTS pourrait donc devoir « tailler » dans ses prestations à destination des sourds et malentendants, dont le coût s’élève à une moyenne de 17 millions de francs par an. « Comme l’ensemble de l’offre proposée aujourd’hui, ces prestations seraient également touchées si l’initiative « 200 francs, ça suffit » devait être acceptée », explique Sibylle Tornay, porte-parole de la SSR. La SSR a pourtant consenti de gros efforts ces dernières années en matière de sous-titrage et d’accessibilité pour les personnes handicapées sensorielles. Elle sous-titre aujourd’hui 80 % de son offre télévisée linéaire et s’est même engagée à sous-titrer 100% de ses émissions rédactionnelles diffusées à la télévision, d'ici à 2027.   Gamme élargie « Il s’agit d’un effort volontaire de la SSR, détaille Sibylle Tornay, puisque la loi sur la radio et la télévision précise que les diffuseurs de programmes de télévision nationaux ou destinés aux régions linguistiques doivent rendre accessibles aux personnes atteintes de déficiences sensorielles une proportion appropriée de leurs émissions, sans toutefois préciser de nombre ou de pourcentage». Et de préciser : «En tant qu’entreprise de service public, il est en effet important que l'accès à nos contenus soit amélioré continuellement pour tout le monde. C'est la raison pour laquelle nous élargissons plus encore la gamme de nos prestations ». Contactée, une ancienne cadre de la RTS tempère néanmoins les propos de Gilles Marchand : « C’est sûr que l’acceptation de l’initiative par le peuple imposerait des choix difficiles à la RTS explique-t-elle. Mais pour l’instant, les propos de Gilles Marchand me semblent plutôt s’inscrire dans une stratégie de communication destinée à faire monter la pression dans le cadre de la bataille politique qui s’annonce autour de l’initiative. Et gageons que des économies pourraient être faites ailleurs que dans le sous-titrage… qui représente un investissement très limité en regard du budget global de la SSR ».
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