L’EPFL a mis au point un implant cérébral qui promet de mieux restaurer l’audition

22 mai 2025
Publié le :
Des chercheurs de l’EPFL ont mis au point un implant auditif cérébral souple qui s’adapte à la forme du cerveau et présage d’une excellente restitution de l’audition. Si les premiers résultats observés sur des singes sont très encourageants, les applications cliniques chez les humains prendront encore de nombreuses années.
L’implant cochléaire, dont une bonne part de la conception s’est déroulée à Genève, a permis à plusieurs centaines de personnes en Suisse de recouvrer l’audition, avec une qualité de restitution variable, mais également au prix de gros efforts d’apprentissage, avec le soutien d’un logopédiste. Une condition sine qua non à la réussite de toute implantation : l’existence d’un nerf auditif intact et préservé.
Pour les malentendants ou sourd dont le nerf serait atteint ou endommagé, la médecine avait recours à des implants auditif du tronc cérébral. Seulement voilà : trop rigides, la pose de ceux-ci conduisait à de nombreux effets secondaires, tels que des vertiges ou des contractions faciales, avec à la clé, des sons vagues, et même des paroles perçues comme étant peu intelligibles.
C’est là qu’intervient une découverte majeure : un implant auditif cérébral souple et ultra fin, récemment mis au point par le laboratoire d’interfaces bioélectroniques souples (LSBI) de l’EPFL. « Composé d’électrodes en platine de l’ordre du micromètre intégrées dans une couche de silicone, il forme un dispositif flexible de seulement quelques fractions de millimètre d’épaisseur. Cette approche novatrice, publiée dans Nature Biomedical Engineering, permet un meilleur contact avec les neurones, réduisant ainsi l’activation de nerfs non ciblés et les effets secondaires associés » explique la prestigieuse école dans un communiqué publié en avril dernier.
Etape cruciale
« Concevoir un implant souple qui s’adapte véritablement à l’environnement du tronc cérébral est une étape cruciale pour restaurer l’audition chez les personnes ne pouvant pas utiliser d’implants cochléaires. Nos résultats chez le macaque sont très encourageants pour une future application clinique et ils ouvrent la possibilité d’offrir une audition plus riche et plus précise », explique encore Stéphanie P. Lacour, responsable du LSBI.
« Notre objectif principal était d’exploiter les interfaces bioélectroniques souples pour améliorer la proximité entre l’électrode et les cellules nerveuses afin d’obtenir une audition à haute résolution », ajoute Alix Trouillet, ancienne postdoctorante à l’EPFL et première coautrice de l’étude. « Si la matrice d’électrodes suit naturellement la courbure du tronc cérébral, les seuils d’activation sont abaissés, permettant ainsi de diminuer l’amplitude de la stimulation et maintenir plus d’électrodes actives. »
L'un des résultats remarquables de l’étude est l’absence d’effets secondaires notables, notent les chercheurs qui constatent que dans la gamme de courants électriques testée, l’animal n’a montré aucun signe d'inconfort ou de contractions musculaires autour du visage, ce dont se plaignent souvent les utilisateurs d’implant auditif du tronc cérébral.