Intelligence artificielle et appareils auditifs: à quoi faut-il s’attendre ?

9 février 2025
Publié le :
La très grande majorité des appareils auditifs et même des implants cochléaires actuellement commercialisés fonctionnent en ayant recours à l’intelligence artificielle. Pour les malentendants, les bénéfices potentiels sont énormes.
Il suffit de parcourir les sites de fabricants d’appareils auditifs ou se rendre dans leurs magasins pour constater l’évidence : l’intelligence artificielle, dite IA, est devenue un argument marketing majeur pour mieux commercialiser leurs produits. Mais qu’en est-il réellement ?
« Les nouvelles aides auditives, sont dotées de l’intelligence artificielle pour leur fonctionnement, confirme Raphaël Furioux, audioprothésiste indépendant basé à Yverdon. C’est-à-dire que lors de la programmation, on a utilisé l’apprentissage de l’intelligence artificielle. En revanche une fois l’appareil sur le marché, le programme ne peut pour l’instant plus évoluer. »
Une précision en premier lieu. Par intelligence artificielle, on entend des processus reposant sur la création et l'application d'algorithmes exécutés dans des environnements informatiques dynamiques qui permettre à des ordinateurs de penser et d'agir comme des êtres humains, avec à la clé des processus adaptatifs extrêmement rapides.
« Machine learning »
Et parmi celles-ci, la création de systèmes qui apprennent ou améliorent leurs performances en fonction des données qu’ils traitent, ce que l’on appelle communément le « machine learning ». Et c’est d’abord dans ce domaine particulier que l’IA procure d’ores et déjà des développements significatifs en termes de performances des appareils auditifs.
« Actuellement, l’IA permet d’améliorer le quotidien des malentendants au moins de deux manières, explique un ingénieur qui travaille en France, dans la région lyonnaise. Leur premier avantage est qu’elles permettent en temps réel une adaptation automatique des réglages d’écoute des appareils en fonction des modifications de l’environnement sonore de ceux qui les portent. Cela veut dire que la qualité d’écoute s’auto-ajuste automatiquement, avec un gain énorme pour le malentendant ».
« Jusqu’à il y a quelques années, j’avais envie d’arracher mes appareils lorsque je me trouvais dans des environnements très bruyants, témoigne Fabrice. Désormais, je n’en ai plus besoin puisque l’appareil opère une correction automatique de l’intensité, et ce avant même que j’éprouve une gêne. C’est quasiment magique ».
Moins d’abandons
Autre conséquence : « Non seulement notre travail d’audioprothésiste s’en trouve facilité avec des réglages de base de plus en plus performants, mais le processus d'habituation du patient lorsqu’il prend son appareil pour la première fois est grandement amélioré, ce qui réduit le risque d’un échec d’appareillage par un abandon pur et simple, fréquent chez les personnes âgées » explique une audioprothésiste qui travaille à Genève pour une grande chaine.
Et ce n’est pas tout : l’IA permet donc non seulement de s’adapter à son environnement, mais aussi… au malentendant lui-même, un peu comme le font les smartphones qui apprennent de nos habitudes de vie et s’ajustent en fonction de nos préférences ou de nos besoins. Ce n’est du reste pas par hasard que nombre de fabricants, aussi bien d’appareils auditifs que d’implants cochléaires, ont noué des partenariats avec des grandes majors de l’économie numérique comme google, seules entreprises capables à ce jour de mettre à disposition leurs impressionnantes capacités de calcul.
Beaucoup d’énergie
« De nombreux développements sont à prévoir, conclut notre ingénieur. Dans les années qui viennent, les appareils vont pouvoir de mieux en mieux auto-diagnostiquer leurs pannes, voire un jour se réparer eux-mêmes sur le plan logiciel et qui sait, servir aussi d’instruments de diagnostic pour mesurer certains paramètres du corps humain comme le font les montres connectées etc. La seule limite que je vois à tout cela, c’est que ces fonctionnalités vont consommer énormément d’énergie, ce qui nécessite des batteries performantes alors que les appareils sont de plus en plus miniaturisés ».