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Charline Barras : « Il faut arrêter de porter des préjugés sur les sourds et malentendants !»

11 mai 2022
Publié le :
Agée de 20 ans, sourde de naissance, Charline Barras est selon son propre aveu, un véritable « garçon manqué ». Rencontre avec une jeune Valaisanne très déterminée, dont le rêve est de faire… l’armée.
Depuis quand es-tu malentendante ?
En fait je suis née sourde ! Un jour à la faveur d’un courant d’air une porte a claqué, et c’est là que ma maman, qui était en train de me changer s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas. J’avais 1 an et demi et les tests ont confirmé que quelque chose n’allait pas.
Sait-on la cause de cette surdité ?
Non. J’ai une sœur qui est malentendante, sans que l’on sache également pourquoi…
Es-tu appareillée ?
Très jeune, j’ai eu un appareil auditif, mais sans grand résultat. J’ai donc été implantée de l’oreille droite à l’âge de 3 ans et à gauche vers l’âge de 8-9 ans, sur les conseils de ma logopédiste, qui nous l’avait recommandé pour des raisons d’équilibre.
Tu as une élocution parfaite, au point qu'on ne soupçonne même pas que tu es implantée…
Surtout quand je n’attache pas mes cheveux (rires) ! Plus sérieusement, j’ai suivi une scolarité avec des entendants et je pense que c’est grâce à ça. Et puis aussi bien sûr les séances de logopédie que j’ai suivies une à deux fois par semaine jusqu’à l’âge de 14-15 ans…
Tu as donc pu suivre ta scolarité dans une école pour entendants ?
Oui, à Chermignon-d'en-Bas, un village au-dessus de Sierre.
Et ça c’est bien passé ?
Très bien, les enseignants étaient adorables et les élèves aussi. Grâce aussi à une maîtresse d’appui et à partir du 8harmos d’une codeuse.
Tu as sans doute dû beaucoup travailler…
Oui bien sûr. Je devais toujours être plus attentive aux paroles des profs. A la fin de la journée, je dormais tellement j’étais fatiguée (rires)…
A la fin de ta scolarité obligatoire qu’as-tu fait comme choix d’orientation ?
J’ai fait un CFC d’assistante en soins et santé communautaire que j’ai fini en juin 2021. Ma maman est infirmière anesthésiste donc ce domaine m’a toujours intéressé et j’adore accompagner les personnes, les soigner…
Pourquoi ne pas avoir choisi carrément le métier d’infirmière ?
Même si ma surdité ne m’a jamais bloqué pour mes choix, mais je ne pouvais pas donner plus ce que je pouvais, vu que mes notes n’étaient pas suffisantes pour rentrer à l’ECG. Et puis je me suis dit aussi que le fait d’avoir à la fois de la pratique et de théorie me donnerait plus d’expérience.
Finalement décrocher ce CFC c’était difficile ?
Les deux premières années ça a été, mais la dernière a été très compliquée du fait du Covid qui a imposé les masques et les vidéo-conférences. La difficulté est venue d’une de mes profs qui ne voulait faire aucun effort, ni enlever le masque avec la fenêtre ouverte ni mettre un masque transparent, et ce, malgré des rencontres avec l’AI et ma maman. Finalement, grâce au soutien de ma codeuse et de mes camarades, j’ai fini par surmonter tout cela.
Et au niveau de l’entreprise où tu as fait ton apprentissage ?
Ah non là, ils étaient tous vraiment adorables et m’ont soutenue pour tout. Je dois dire aussi que tout le monde dans ma famille a aussi été à mes côtés, cela compte beaucoup.
Finalement ce CFC, c’est une sacrée victoire…
Ah ben oui, j’étais fière et remplie de joie tellement j’avais été stressée. Mais cela m’a permis de montrer ce que je savais faire et surtout de démontrer qu’il faut arrêter de porter des préjugés sur les sourds et les malentendants…
Comment vois-tu désormais la suite de ta carrière professionnelle ?
Je commence à travailler dans un hôpital dès ce mois d’avril et j’en suis très contente. Mais comme je suis intéressée par la police, j’ai essayé d’y postuler. A Fribourg, j’ai été refusée à cause de ma surdité, en Valais, j’ai réussi les examens physiques, mais malheureusement pas le français. Alors comme je suis un vrai garçon manqué, je me tourne vers l’armée, car c’est aussi un rêve pour moi.
L’armée ?
Oui ! J’aimerais bien ouvrir ce chemin et montrer qu’un sourd et en plus une femme peut faire l’armée ! J’ai fait les 2 jours de recrutement, mais mes implants cochléaires ont posé problème. Alors j’ai envoyé une lettre au service médical et on va bien voir si cela donne quelque chose…
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