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« Les méduses n’ont pas d’oreilles », une rêverie sur les angoisses et les joies de la perte auditive…

3 juillet 2022

Publié le :

Comment s’adapte-t-on à la perte auditive ? Doit-on ou non accepter l’implantation cochléaire ? Dans un premier roman tout en humour et délicatesse, Adèle Rosenfeld raconte avec talent les affres qui accompagnent sa tombée dans la surdité profonde. Voici un livre qui va parler à nombre d’entre vous. Premier roman de la Française Adèle Rosenfeld, « Les méduses n’ont pas d’oreilles » est en effet une plongée dans le monde des sourds et des malentendants et des innombrables questions qui assaillent celles et ceux qui souffrent de perte auditive. C’est ainsi le cas de Louise, héroïne du roman : quelques sons parviennent encore à son oreille droite, mais plus rien à gauche. Et la situation ne s’améliore pas : alors qu’elle s’est construite depuis son enfance sur un entre-deux – ni totalement entendante, ni totalement sourde – elle voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l’ORL. Face à cette perte inéluctable, son médecin lui propose un implant cochléaire. Une option qui loin d’apaiser ses craintes, ne fait que les raviver. L’implant est ainsi vécu comme un vrai dilemme cornélien, car l’intervention est irréversible et lourde de conséquences pour son ouïe puisqu’elle perdrait sa faible audition naturelle au profit d’une audition synthétique, et avec elle, son rapport au monde si singulier, plein d’images et d’ombres poétiques. Fabuleux personnages… Doit-elle accepter l’implant ou assumer sa surdité jusqu’au bout, en continuant comme elle l’a toujours fait, à lire sur les lèvres des autres pour entendre ? Car c’est bien grâce à la lumière qu’elle a jusqu’à présent pu comprendre les mots qu’elle enfile ensuite, tels des perles de son, pour reconstituer les conversations. Mais parfois le fil lâche et surgissent alors des malentendus, des visions loufoques qui s’infiltrent dans son esprit et s’incarnent en de fabuleux personnages : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus ou encore une botaniste fantasque qui l’accompagnent pendant ces longs mois de réflexion, de doutes, au cours desquels elle tente de préserver son univers grâce à un herbier sonore. Car le temps presse : l’ouïe se détériore insidieusement et une décision doit être prise… Dans ce texte plein d’humour et de douceur, Adèle Rosenfeld tient en joue la peur du silence en explorant les failles du langage ainsi que la puissance de l’imaginaire. « Les méduses n’ont pas d’oreilles » Adèle Rosenfeld, éditions Grasset, 2022.
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