Vous êtes malentendant ? Vous avez 4 fois plus de chances d’être au chômage!

En comparaison avec la population active en Suisse, le taux de chômage des personnes sourdes et malentendantes est environ trois à quatre fois plus élevé que la moyenne nationale, soit environ 10%. En collaboration avec la Fédération suisse des sourds, la Haute école spécialisée de Lucerne, a pour la première fois, mené une enquête quantitative auprès d'employeurs pour savoir dans quelle mesure les personnes sourdes et malentendantes étaient intégrées dans les entreprises et quels sont les chances et les défis qui se présentent aux entreprises lorsqu'elles emploient des personnes souffrant de déficiences auditives. L'échantillon de cette enquête quantitative inédite comprend 120 entreprises (directeurs ou responsables du personnel) et 49 personnes évoluant dans l’environnement de travail de collaboratrices et collaborateurs sourds et malentendants. Parmi les entreprises interrogées, environ 48% ont déclaré qu'elles employaient des personnes sourdes ou malentendantes. Presque toutes les entreprises ont souligné que leurs employés sourds et malentendants étaient des collaborateurs importants, flexibles et qui restent dans l'entreprise pendant une période relativement longue. Les résultats de la recherche montrent que les employés sourds et malentendants ayant participé à l'étude ont approximativement le même niveau d'études que les entendants, pour un taux de chômage presque quatre fois plus élevé. Environ 40% d'entre eux ont terminé des études supérieures, alors que la proportion d'employés sourds et malentendants occupant des postes de direction est bien inférieure à la moyenne nationale. Ainsi, seuls 3% de tous les employés sourds ou malentendants occupent des postes de direction. En outre, 69% des personnes sourdes et malentendantes employées n'ont jamais été promues au cours de leur carrière professionnelle. A relever que la majorité des sourds et des malentendants travaille dans les services et la vente (23 %), suivis par les professions académiques et techniques (16 % chacun). De nombreuses entreprises estiment enfin que les sourds et malentendants ont souvent des emplois qui ne correspondent pas à leurs capacités. « Cela alimente l'hypothèse selon laquelle de nombreuses personnes sourdes et malentendantes sont recrutées en dessous de leur potentiel », déclare Anina Hille, directrice des études et chargée de cours à la Haute école spécialisée de Lucerne. Il y a plusieurs raisons à cela, dit-elle: « Les employeurs qui n'ont aucune expérience avec des employés sourds ou malentendants sous-estiment leur valeur ajoutée pour l'entreprise ».