top of page
Rose Paynel, ou l’art de transformer le handicap en force

18 décembre 2022
Publié le :
Avec ses vidéos et ses posts de sensibilisation à la malaudition, cette jeune française, elle-même implantée cochléaire, fait un tabac sur les réseaux sociaux.
Elle a 22 ans, la tête bien sur les épaules et pleine d’idées. Et son destin, comme celui de bien des malentendants ou sourds, est à la fois banal et exceptionnel. Rose Paynel est française et vit à Paris. Étudiante en master après une licence en écogestion, cette jeune femme fait le buzz sur les réseaux sociaux. Son compte tiktok arbore pas moins de 33'000 followers, et instagram 5000, ce qui est considérable pour une quasi-inconnue. Ce qu’elle y poste ? Comme tous les jeunes, des témoignages sur sa vie et surtout sur ses expériences en tant que malentendante, exhibant fièrement sur tous ses posts, son implant cochléaire.
Son parcours de vie, difficile et émouvant est celui de bien des malentendants. Née avec une déficience auditive, son handicap n’est découvert qu’à l’âge de… 8 ans. « Au début des années 2000, le dépistage systématique de la surdité n’existait pas encore, explique-t-elle. Alors pendant 8 ans, en particulier à l’école, on m’a prise pour une insolente, quelqu’un qui n’écoutait pas, qui restait jouer dans la cour au lieu de rentrer à la fin de la récréation comme tout le monde etc. »
Donner le change…
Il faut dire que la jeune Rose sait donner le change, lit sur les lèvres, devine les propos des personnes en déchiffrant leurs mimiques faciales... Et puis un jour, son pédiatre découvre le pot aux roses, et le diagnostic tombe : - 40% de perte auditive à une oreille, - 50% à l’autre.
Et la « rencontre » avec les appareils auditifs est… décevante voire même très difficile. Car comme bien des malentendants, l’enfant de 8 ans a bien du mal à les accepter : « Pour moi c’était insupportable, le son n’était pas naturel, il était fort, tous les bruits comme celui de l’eau, des oiseaux, des klaxons de voiture ou même du papier m’agressaient ».
Alors que son moniteur de colonie de vacances lui égare ses appareils, elle finit par prendre conscience que ces aides qu’elle abhorrait lui étaient devenues… indispensables. Un grand pas sur le chemin de l’acceptation est franchi et Rose décroche son baccalauréat en 2018. L’université est également l’objet d’un autre choc. Aucune aide, jusqu’à ce qu’enfin on lui attribue « un preneur de notes », les micros HF étant totalement inutiles dans des amphithéâtres bruyants et bondés. « Je suis une tête de mule et je me suis accrochée, en travaillant trois fois plus que les autres. La rage de réussir m’a animée, tant on m’avait souvent dit qu’il était impossible de faire des études avec un handicap auditif »
Implantation
Alors qu’elle entame un master en alternance (mi-études, mi travail en entreprise), Rose subit un nouveau choc. Il y a trois ans, une dégradation brutale de son audition la laisse complètement sourde. Et là pas de choix, c’est l’implantation cochléaire. « Cela m’a sauvée, raconte-t-elle, car avec le recul je me rends compte à quel point j’étais fatiguée. Je ne regrette pas du tout et réfléchit à l’option d’une implantation de mon autre oreille ».
Un choix d’autant plus important que Rose Paynel suit en parallèle de ses études, une carrière… d’artiste. Elle fait du théâtre et passe des castings, participe à des tournages. « Enfant, j’étais très timide et ma mère m’a inscrite à des cours de théâtre pour m’aider. Et à la grande surprise de toute le monde, je me suis lâchée. Aujourd’hui, j’assume bien mieux mon handicap et mon parcours. Je me suis rendu compte que si on explique les choses aux gens en rigolant, cela passe bien mieux et les autres ne me voyaient plus comme quelqu’un de différent ».
Réseaux sociaux
Son aventure sur les réseaux sociaux commence le jour où elle donne une interview dans le magazine ohmymag. Du jour au lendemain le nombre de ses abonnés s’envole. « C’est quand j’ai vu qu’on me suivait de plus en plus que j’ai commencé à faire des vidéos et des posts de sensibilisation sur l’audition et la perte auditive. Mon but est que les gens arrêtent d’avoir des comportements douteux avec les malentendants ou sourds, et qu’il y ait moins de harcèlement. Je suis si contente que cela puisse venir en aide à beaucoup de personnes, en particulier à bien des mamans affolées et désemparées devant la perte auditive de leur enfant. Beaucoup d’entre elles m’écrivent souvent, et cela m’encourage énormément à persévérer »
bottom of page