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Pierre Badoux : « J’ai hérité d’une belle amicale »

15 mai 2014

Publié le :

Notaire au Sentier, et lui-même malentendant, Pierre Badoux préside l’Amicale des malentendants de la Vallée de Joux depuis le printemps 2013, succédant à Jean-Paul Guignard, président pendant plusieurs décennies. Rencontre avec un président affable qui s’inscrit dans la continuité et a fait de l’engagement pour la communauté un des piliers de sa vie. Comment êtes-vous devenu président de l’Amicale des malentendants de la Vallée de Joux ? D’une manière assez drôle… Cela faisait longtemps que mon prédécesseur, Jean-Paul Guignard et son comité cherchaient un successeur à la tête de l’amicale. Mais jusque-là, quoique me sachant malentendant, ils n’avaient jamais osé me solliciter car ils savaient que j’avais déjà de nombreuses responsabilités : mon étude, une famille de quatre enfants ainsi qu’un important engagement pour la collectivité. Alors, pour finir, qu’est-ce qui a emporté votre adhésion ? Un jour, les membres du comité de l’amicale sont venus me voir, mais en tant que notaire. Et pas pour n’importe quelle raison : ils venaient se renseigner sur la manière de dissoudre leur association, faute de relève. L’Amicale des malentendants de la Vallée de Joux réunissant beaucoup de gens et disposant même d’une petite fortune, j’ai trouvé ça vraiment dommage d’autant qu’elle avait été fondée en 1933. Alors, pour que l’amicale vive, et moyennant une version allégée du fonctionnement de la présidence, j’ai fini par me résoudre à la présider. C’était au printemps 2013 et je dois dire que je suis celui qui a le beau rôle, car c’est la secrétaire qui fait la plus grande partie du boulot (rires) ! Il vous tenait donc à cœur de ne pas laisser cette amicale mourir de sa belle mort ? Bien sûr ! En premier lieu, le fait que je sois malentendant moi-même me rend naturellement solidaire ! Et puis une des particularités de notre amicale est qu’elle entretient des liens étroits avec les paroisses et les églises, au sein desquelles j’étais déjà très actif. J’avais donc déjà une connivence très forte avec les amicaliens et j’en connaissais beaucoup, depuis 20 ans que je vis dans la Vallée de Joux ! Vous avez succédé à M. Guignard qui l’avait dirigée pendant plusieurs décennies… Oui et c’est quelque chose de vraiment marquant ! Jean-Paul Guignard est un homme de grande culture qui a fait un travail extraordinaire. C’est grâce à son charisme, à ses compétences que j’ai pu reprendre une amicale aussi belle ! Quelles sont les activités de votre amicale ? C’est une amicale composée principalement de personnes âgées, grosso modo une cinquantaine de membres. L’essentiel de nos activités est donc d’organiser deux ou trois repas-sorties par an au sein de refuges, un Noël de l’amicale en présence d’un pasteur, et bien sûr notre assemblée générale annuelle qui est aussi l’occasion d’un grand repas pris tous ensemble. Et quels sont désormais vos projets pour l’amicale ? En raison de l’âge élevé de nos membres, nous n’avons pas d’ambition de développer des relations avec d’autres amicales, ou de participer à des cours de lecture labiale, etc., même si on s’intéresse aux boucles magnétiques. Ce qui est important à mes yeux, c’est de continuer ce qui a été fait en termes de rencontres et de convivialité. Vous savez, il y a vraiment quelque chose de magique à voir le regard de personnes âgées ou isolées s’émerveiller ! Et c’est mon privilège en tant que président d’inviter les gens à aller vers les autres, vers le bonheur de la vie communautaire. L’engagement en faveur des autres apporte infiniment plus qu’il ne peut coûter, même si la vie associative n’est pas toujours facile. Comment financez-vous vos activités ? Nous ne touchons aucune subvention communale ou autre. Nous avons la chance de disposer d’une petite fortune de 20 à 30'000 francs, principalement issue d’un petit héritage et surtout des gros efforts consentis dans le passé en termes de ventes lors d’animations. Nous vivons aujourd’hui de ce capital qui nous permet de fonctionner et même de donner un petit coup de pouce, par exemple en participant par un don de 100 francs à l’achat d’un appareil auditif. Au rythme actuel de nos dépenses, et avec la modeste cotisation de 10 francs demandée à nos membres, on a de quoi tenir 10-15 ans. On avisera ensuite… Envisagez-vous de transmettre la présidence à quelqu’un d’autre ? Dans la mesure où la charge est légère, je peux sans souci l’assumer encore un bon moment. Mais s’il y avait quelqu’un de plus disponible que moi, je pense à un ou une jeune retraitée par exemple, je la remettrais volontiers ! Propos recueillis par Charaf Abdessemed
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