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Lola Frangioni : « j’aime bien être malentendante »

15 septembre 2015
Publié le :
Pétillante et volontaire, Lola Frangioni vit à Lutry (VD) et a bientôt 10 ans. Rencontre avec une incroyable enfant malentendante, brillante élève en dépit de son handicap et même… violoniste à ses heures perdues.
Lola, comment es-tu devenue malentendante ?
Je pense que je suis née comme ça. Je me souviens quand mes parents ont découvert ma malentendance… Je devais avoir 4 ans lorsqu’ils ont constaté que je ne répondais pas toujours quand on me parlait. En tout cas, tout le monde a été très surpris d’apprendre que j’avais une perte de 70% dans mes deux oreilles !
Pourquoi ?
Parce que je participais à toutes les discussions et parlais beaucoup en chuchotant ! En fait, je compensais très bien ma perte auditive, par la lecture labiale par exemple !
As-tu été appareillée ?
Oui, des deux côtés, quelques mois après le diagnostic. J’étais très contente le premier jour, je suis restée des heures sur le balcon, à écouter des nouveaux sons, tout en découvrant la belle voix que j’avais !
Alors, les appareils t’ont beaucoup apporté !
Oui, j’entends beaucoup mieux avec, même si des fois, je ne comprends pas tout. Heureusement, je lis sur les lèvres, et je n’hésite pas à faire répéter !
Sais-tu à quoi est due ta perte auditive ?
Non, je suis la seule de la famille à avoir ce handicap ! Mais je fais des tests pour savoir si malgré tout il n’y a pas une anomalie génétique…
Où es-tu à l’école ?
Ici, à l’école communale de Lutry, une école pour entendants.
Et ça se passe comment ?
Très bien, j’ai toujours de très bonnes notes, même si je ne suis pas contente quand je n’ai qu’un 5 et demi !
Pas contente, avec un cinq et demi ?
Oui, j’aime avoir le maximum, c’est important pour moi ! Je suis un peu touche-à-tout, j’aime toutes les activités même si, quand c’est un travail collectif, c’est beaucoup plus difficile pour moi, car je n’entends rien.
Alors finalement, l’école, c’est le pied ?
Oui, sauf avec certains camarades qui n’étaient pas chics avec moi et se moquaient de moi en me traitant de sourde… A la fin, j’en ai eu assez, et j’ai demandé à changer de collège. Ça me faisait souffrir et en plus ça me vexe qu’on me traite de sourde, car je suis malentendante !
Ah d’accord ! Et aurais-tu souhaité être entendante ?
Non, j’aime bien être malentendante et j’aime beaucoup mes appareils auditifs. Parfois c’est même pratique de ne pas entendre ! Mais je n’aime pas que l’on se moque de moi, ni des autres d’ailleurs !
Et comment ça s’est passé dans le nouveau collège ?
Ma maîtresse a reçu un micro et moi un collier, et ça m’aide beaucoup. Avec mes camarades aussi, ça va beaucoup mieux.
Et que souhaites-tu faire comme métier, quand tu seras grande ?
Au début je voulais être docteur. Maintenant, je pense à avocate ou journaliste ! Je veux gagner beaucoup d’argent et le partager avec les malentendants et ceux qui souffrent !
Pourquoi es-tu venue assister à la Journée à thème de forom écoute ? C’était la deuxième fois, et tu étais de loin la plus jeune participante !
Parce que ça m’intéresse ! Parfois, je m’ennuie un peu, mais j’aime bien rencontrer d’autres malentendants, des sourds… J’apprends aussi un peu le langage des signes… ça me plait !
Et pourquoi as-tu souhaité être interviewée dans le magazine aux écoutes ?
Ben, j’avais envie que les autres malentendants me connaissent mieux !
Et en dehors de l’école, que fais-tu ?
Plein de choses ! Dès l’âge de 3 ans, j’ai fait de la danse classique, et à 6 ans, j’ai même commencé le solfège et le violon !
Le violon, pour une malentendante ?
Mais oui, je trouve que c’est un super défi ! En plus j’aime bien la musique que ça fait ! Je prends des cours une fois par semaine ! Je fais aussi du ski, de l’improvisation théâtrale et même du snowboard ! Ce n’est pas parce que je suis malentendante que je ne dois pas faire ce qui me plait…
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