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Le paiement échelonné des appareils auditifs, une facilité difficile à mettre en œuvre

8 juillet 2020

Publié le :

Payer son appareil auditif de manière échelonnée peut apparaître comme étant la meilleure solution pour acquérir des appareils de haute technologie et onéreux. Mais attention, il faut savoir négocier avec son audioprothésiste, être solvable, et parfois être prêt à payer des intérêts. Sans oublier les offres aussi alléchantes que peu crédibles qui pullulent sur internet. « Un appareil auditif de dernière génération pour le prix d’un abonnement téléphonique », « Une révolution dans l’acquisition des appareils téléphoniques » « Un modèle de miniaturisation sans débourser une somme astronomique »… Depuis quelques temps, le net regorge d’offres publicitaires promettant monts et merveilles aux malentendants. Seulement voilà, dans ce cas comme dans bien d’autres, sur le web le paradis n’est pas à portée de clic. Pour bien comprendre le problème, un petit rappel : en Suisse, les appareils auditifs des malentendants sont pris en charge par l’AI sur la base d’un remboursement forfaitaire, 840 francs pour une aide auditive et 1650 francs pour 2 aides auditives. Et à ce prix-là évidemment, les appareils restent de qualité modeste et de nombreux malentendants choisissent systématiquement des appareils d’une gamme nettement plus élevée, en acceptant d’y aller de leur poche pour payer la différence entre le prix réel et le remboursement consenti par l’AI. « A 1650 francs, il n’y a aucun doute que les appareils ne sont pas très performants, explique un audioprothésiste indépendant vaudois. Nombre de mes clients, pour garantir leur confort auditif et une qualité d’audition optimale, choisissent donc des appareils de qualité plus élevée». Sauf que la différence à payer peut atteindre plusieurs milliers de francs et que tout le monde ne peut pas forcément s’acquitter d’une telle somme d’un seul coup. C’est là que le principe des paiements échelonnés peut permettre au malentendant d’acquérir malgré tout l’appareillage dont il y besoin, moyennent une facture étalée dans le temps. Audioprothésistes Dans ce processus, les audioprothésistes sont en première ligne, car ce sont eux qui, la plupart du temps, commercialisent les appareils. Certains refusent le principe d’un paiement échelonné, par crainte de mauvais payeurs ou par nécessité d’honorer rapidement leurs propres factures, tandis que d’autres, au cas par cas, le concèdent. « Personnellement, je l’accorde sans intérêts tant que c’est raisonnable, explique notre audioprothésiste. 3 à 4 paiements sur une année, je les accepte. Mais un échelonnement sur 3 ou 4 ans, je le refuse ». D’une manière générale, les fabricants d’appareils quant à eux, ne se préoccupent pas de la question financière, la déléguant aux audioprothésistes. « Nous ne délivrons pas directement d’appareils aux malentendants, explique Luca Mastroberardino de la société Phonak. Les audioprothésistes nous commandent leurs appareils auditifs et les paient dans le délai de paiement prévu. La manière dont ils vendent ensuite les appareils auditifs n'est pas de notre responsabilité et se base sur la situation concurrentielle du marché. » « Compte tenu du fait que le forfait AI n’est pas toujours suffisant et des difficultés financières des malentendants à l’âge où la plupart ont besoin d’appareils, Amplifon offre des possibilités de financement » explique Patrick Müller, membre de la Direction d'Amplifon Suisse. « Sans être partie prenante, nous mettons en contact les personnes concernées avec une institution financière qui propose au patient la possibilité de paiements échelonnés, moyennant intérêts. Mais il faut savoir que c’est relativement contraignant et qu’il y a des refus car la solvabilité des clients est toujours contrôlée et que légalement une rente AVS ne peut pas être saisie en cas de soucis financiers ». « A prendre avec des pincettes » Reste donc ces offres alléchantes que l’on peut trouver sur internet ou sous forme de publicités sur les réseaux sociaux, nées d’un marketing digital aussi agressif qu’opaque. Plusieurs d’entre elles renvoient à des sites vitrines avec des noms de domaine suisses, et des numéros de téléphones suisses, mais visiblement achetés par des sociétés basées à l’étranger. « Ces offres sont à prendre avec des pincettes », met en garde un audioprothésiste valaisan. « Les prix « d’abonnements » mensuels indiqués au départ paraissent alléchants car bas au premier abord, mais la facture est souvent en réalité bien plus élevée, ce qui fait que le patient est souvent désorienté. Et puis surtout, ces sites ne font que diriger vers des audioprothésistes partenaires pour y placer leurs appareils et c’est avec ces derniers que le malentendant devra au final négocier la réalité du prix et de l’échelonnement. Car il ne s’agit évidemment pas d’un abonnement, mais bel et bien d’un paiement échelonné ».
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