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Justine Aymon: « les humains me passionnent »

19 juillet 2011

Publié le :

A 23 ans, Justine Aymon, est tout juste diplômée en soins infirmiers. Et depuis 6 mois, elle travaille comme infirmière gériatrique à l’hôpital de Sion. Modeste et déterminée, celle qui avoue « avoir beaucoup de chance » envisage l’avenir avec confiance. Et nous confie avec simplicité son ambition de mettre sa vie au service des autres. Vous venez de recevoir le Prix aux élèves malentendants. Quel effet cela vous fait-il ? Je dois dire que j’ai été très agréablement surprise! Au début, je n’ai pas très bien compris pourquoi on me le décernait… Et après coup, je me suis dit: « ah, il y a quelqu’un qui comprend les efforts que j’ai pu faire ! » Comment êtes-vous devenue malentendante ? Je suis malentendante de naissance. Apparemment, il y a eu un problème au cours de la grossesse de ma maman. Mais on ne s’en est rendu compte que lorsque je suis entrée à l’école. Avant, mes parents pensaient que j’étais discrète et pas très obéissante ! Dès mes débuts à l’école, j’ai dû faire des tests, et on s’est rendu compte, que des deux côtés, j’avais une déficience auditive importante, 80% pour les aigus, 60% pour les sons graves… Pourtant, vous avez appris à parler avant même d’entrer à l’école ? Oui, j’ai appris en mettant l’oreille sur le thorax de mes parents. Tout le monde pensait que j’étais très affectueuse (rires) ! Par contre, dès que j’ai été appareillée, j’ai beaucoup rigolé car je me suis rendu compte qu’il y avait des voix à la télévision ! Comment s’est déroulé votre parcours scolaire ? Au début, on a conseillé à mes parents de me placer dans une école spécialisée. Mais ils ont souhaité tenter une école classique et ça a très bien marché, sauf pendant les dictées. D’ailleurs, du jour où mes profs ont porté un micro, toutes mes notes ont décollé ! Quel rôle a joué votre famille ? Très positif. Mes parents ont su me soutenir sans me surprotéger. Sans ça, je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui ! D’une manière générale, je n’ai subi aucune discrimination, ni dans ma famille, ni à l’école. Et les quelques moqueries que j’ai pu entendre, c’est ma grande sœur qui les prenait très mal ! En fait, je ne me suis jamais sentie vraiment différente ! Que faites-vous à la fin de votre scolarité obligatoire ? Je décide de faire l’Ecole de culture générale et une fois diplômée au bout de trois ans, j’essaie d’entrer à l’école de physiothérapie, parce que j’ai toujours voulu travailler dans la santé. Malheureusement, j’ai échoué à l’examen oral, et il est possible, même si je n’en suis pas sûre, que ma malaudition ait joué un rôle ! C’est là que je m’oriente vers l’école de soins infirmiers et je suis très heureuse de ce choix, qui me correspond parfaitement ! Travailler avec les êtres humains, comprendre comment ils fonctionnent, tant sur les plans physique que psychologique, ça me passionne ! Et puis, j’aime accompagner les personnes qui sont dans la souffrance pour qu’elles ne soient pas seules… Et en octobre 2010, vous décrochez votre diplôme d’infirmière ! C’est quand même une belle performance. Je ne m’en rends pas vraiment compte, même si pendant mes études, une de mes camarades, elle aussi malentendante, a dû abandonner, essentiellement en raison de problèmes de communication liés à son handicap. J’ai récemment dû changer mes appareils auditifs. Et c’est quand l’audioprothésiste a paru vraiment étonné que j’aie pu faire des études avec un tel niveau de surdité, que j’ai pris conscience que c’était un véritable effort. En fait, j’étais sourde sans le savoir (grand sourire) ! Aujourd’hui, je prends conscience que mon parcours peut encourager d’autres malentendants. Etes-vous aujourd’hui engagée dans la vie professionnelle ? Oui, depuis six mois je travaille comme infirmière en gériatrie à Sion. Mais j’entends suivre bientôt une formation pour travailler aux urgences ! Et puis, à plus long terme, j’aimerais bien tenter une expérience dans l’humanitaire ! Propos recueillis par Charaf Abdessemed
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