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Jordan Fuchs : « On ne comprenait pas que je ne comprenne pas ! »

16 mars 2015

Publié le :

Né à Fribourg, Jordan Fuchs a passé toute son enfance à Domdidier, où il vit encore avec ses parents et sa jeune sœur. Âgé de 16 ans, ce jeune homme très volontaire est actuellement en apprentissage d’employé de commerce. Et consacre le reste de sont temps au football, sa grande passion. En juin de l’année dernière, vous avez reçu le Prix aux élèves malentendants décerné par forom écoute… Oui, et je ne m’y attendais pas ! Je vous laisse imaginer ma surprise lorsque mon prof m’a appelé pour me remettre mon diplôme de fin d’études obligatoire et m’a informé que forom écoute me décernait son prix ! J’ai été très agréablement surpris. Depuis quand êtes-vous malentendant ? C’est un peu compliqué (rires). En fait, ma déficience auditive n’a été diagnostiquée que quand j’avais sept ans. Mais en réalité, mes parents avaient déjà remarqué, - j’avais trois ans -, que j’articulais et parlais mal. J’avais donc été suivi par une logopédiste qui m’a ensuite envoyé chez un ORL pour un contrôle de mon audition. Et qu’a dit ce médecin ? Que tout était normal ! Mais la logopédiste a continué à douter et un an plus tard, je me suis retrouvé au CHUV pour des tests ! Et aussi incroyable que cela puisse paraître, là encore, tout était normal. Ce n’est qu’à la troisième tentative que le CHUV m’a endormi pour procéder à des examens très approfondis, à l’aide d’électrodes, etc. Et là, le diagnostic a-t-il enfin été posé ? Oui, enfin ! J’avais une perte auditive bilatérale de plus de 70% à chaque oreille ! Dans la foulée bien sûr, j’ai été appareillé ! Avez-vous remarqué un changement ? Evidemment, j’entendais l’eau couler, les oiseaux chanter ! Et au niveau de votre scolarité ? Je l’ai faite entièrement dans une école normale à Domdidier. Mais dès que mon problème d’audition a été diagnostiqué, j’ai reçu le soutien d’une enseignante spécialisée de l’Institut Saint-Joseph (Centre scolaire et éducatif pour sourds et malentendants, à Fribourg, ndlr) qui venait une ou deux fois par semaine. Les choses se sont un peu compliquées après l’école primaire, en cycle d’orientation, car il a fallu déployer beaucoup d’efforts pour expliquer aux enseignants ce qu’est un malentendant ! Je me souviens d’un prof qui me disait : « je ne comprends pas que tu ne comprennes pas ! » D’ailleurs, on a même dû fournir un certificat médical pour que je sois dispensé de l’évaluation en chant ! Cela ne vous a pas empêché de décrocher votre certificat de fin d’études obligatoires, comme tous les autres jeunes ! Oui, j’ai été très fier et j’ai fait la fête juste après, car quand on est malentendant, il faut quand même travailler plus que les autres ! Heureusement, j’ai eu le soutien de ma famille. Et avec les autres élèves ? Bah, ils ont appris à faire avec ma déficience auditive, et il n’y a pas eu de problème ! Et aujourd’hui, que faites-vous ? Depuis septembre dernier, j’ai commencé un apprentissage d’employé de commerce dans une grande entreprise internationale, dans mon village à Domdidier. J’ai eu beaucoup de chance, j’avais déjà fait trois jours de stage chez eux, et quand j’ai postulé, ils m’ont pris ! Et ça vous plait ? Oui, tout se passe très bien. Je n’ai même pas eu à parler de mon handicap, car je n’ai aucun problème avec le téléphone. Quant aux cours théoriques, j’ai juste informé ma professeur responsable de classe au cas où… Pour l’instant tout va bien et mes premières notes sont correctes. Et une fois votre apprentissage terminé, dans trois ans, que pensez-vous faire ? C’est encore tellement loin ! Mais peut-être m’engagerais-je dans une maturité pour viser une fonction supérieure dans le domaine du commerce. Et si je rêvais encore, je ferais même des études d’architecture, une passion chez moi. Dans ce cas-là bien sûr, il me faudrait énormément travailler, car c’est vraiment très exigeant ! Et en dehors de vos études, à quoi consacrez-vous votre temps libre ? Au sport, et particulièrement au foot que je pratique depuis une dizaine d’années. Autant dire qu’entre les entraînements en semaine et les matchs en week-end, il ne me reste pas énormément de temps (rires) !   Propos recueillis par Charaf Abdessemed        
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