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Fanny Germain: «J’ai fait ce documentaire pour que l’on se rende compte de la beauté des sourds et des malentendants!»

6 avril 2022

Publié le :

« L’entre-deux mondes des devenus sourds » est un documentaire qui sera très bientôt diffusé par France télévisions et peut être même la RTS. Émouvant, touchant, il propose une immersion sensorielle et humaine dans le monde particulier de ceux qui ne sont ni sourds ni entendants. Interview avec sa réalisatrice, la journaliste Fanny Germain. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à la surdité ? Fanny Germain: Un jour, dans le cadre d’un article à rédiger qui n’avait rien à voir avec la surdité, j’ai rencontré un audioprothésiste. En discutant avec lui, qui parlait très bien, il me dit : « pouvez-vous bien me regarder et articuler je suis sourd ?». Or pour moi un sourd, soit il ne parle pas, soit il parle avec une voix bizarre. C’est comme ça que tout a commencé, en prenant conscience que seuls 10% des sourds à peine utilisent la langue des signes ! Pourquoi avoir décidé ensuite d’en faire un documentaire ? Comme la plupart des gens, ma principale angoisse a toujours été de perdre la vue. Quelle n’a pas été ma surprise d’apprendre qu’il y a en réalité beaucoup plus de dépressions et de suicides chez les personnes sourdes-malentendantes que chez les aveugles. Cela m’a énormément touchée, et c’est comme cela qu’est née l’idée de faire ce documentaire, qui pour moi est vraiment un film militant ! En regardant votre documentaire, on y trouve une esthétique très cinématographique, presque digne d’une fiction… C’est voulu, parce que j’adore l’image et le cinéma et j’ai mis tout mon cœur dans ce film, que j’ai voulu le plus beau qui soit pour qu’il puisse toucher le public en l’immergeant dans cet univers sensoriel et émotionnel. Cette esthétique, je l’ai voulue pour que l’on puisse prendre conscience de la beauté des sourds et malentendants auxquels j’ai voulu rendre hommage car personne ne parle de leur solitude et de leur souffrance. L’idée finalement, c’est qu’en voyant ce film, on puisse être à la fois dans leur cœur et leurs oreilles. Finalement, à qui est adressé votre documentaire, aux sourds-malentendants ou au grand public ? Au deux bien sûr. Il est donc pour que les entendants se rendent compte de la chance qu’ils ont d’entendre et prennent conscience des difficultés que vivent ceux qui ont ce handicap, même lorsqu’ils sont appareillés ou implantés, et qu’ils sachent comment se comporter avec eux. Enfin il est aussi pour les sourds-malentendants, aussi bien ceux qui savent et assument leur malaudition, que ceux qui n’ont pas encore pris conscience qu’ils ont ce handicap et que ce film peut aider dans leur chemin. Tourner avec des malentendants, c’est difficile ? J’ai rencontré beaucoup de personnes et en ai retenu 4 pour le documentaire en raison de la diversité de leurs parcours. Ils sont d’ailleurs tous devenus des amis ! Bien sûr, tourner avec des malentendants demande une certaine agilité car parfois on oublie de leur parler en face,  par exemple (rires). Par contre, travailler a quelque chose de très beau car ce sont des personnes qui sont beaucoup dans l’écoute ! Financer et réaliser un documentaire sur la surdité c’est facile ? Le handicap, quel qu’il soit, n’est pas un sujet très glamour, même si ce documentaire met beaucoup l’accent sur la notion de résilience. Après j’ai eu beaucoup de chance, car France 3 Bretagne a tout de suite dit oui, et tout s’est très vite enchaîné ensuite. Finalement, que vous a appris ce documentaire ? Tellement de choses ! Il m’a appris la force et le courage des êtres,  car j’ai été très touchée par le poids de ce handicap invisible. Et puis, en voyant comment toutes ses personnes ont réussi à vivre avec la déficience auditive, j’ai aussi appris à quel point le cerveau humain est capable de s’adapter.  

Un documentaire tout en finesse…

Le documentaire de Fanny Germain est un condensé d’émotions de subtilité et de finesse. En suivant le parcours de 4 protagonistes devenus sourds au gré d’histoires bien différentes, il donne un aperçu du vécu émotionnel et concret du vécu de toute personne confrontée à sa propre perte auditive.  D’une esthétique irréprochable et quasi-cinématographique, « L’entre-deux mondes des devenus sourds » accorde également une attention toute particulière au son,  absent ou omniprésent et véritable « acteur » à part entière du film.  A noter qu’une partie du documentaire a été tournée à Rennes dans les locaux du Messageur, l’entreprise qui à maintes reprises, a assuré les retranscriptions simultanées des Journées à thème de forom écoute. « L’entre-deux mondes des devenus sourds », un documentaire de Fanny Germain. Nola films No school productions.
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