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Enseigner au Congo-Kinshasa…

15 novembre 2014

Publié le :

C’est à une escapade peu ordinaire que nous vous invitons pour cette édition. Âgée de 28 ans et malentendante de naissance, la Fribourgeoise Virginie Michel vient de rentrer d’une année en République démocratique du Congo. Une année consacrée non pas au tourisme, mais à l’enseignement dans une école primaire de la capitale de ce grand pays d’Afrique. Avec à la clé, une aventure humaine hors du commun ! Avec ses yeux bleus et ses cheveux si lisses, rien ne pourrait laisser croire que Virginie Michel, née Fribourgeoise, et élevée à Fribourg, est en fait une Africaine. Et pourtant ! Cette jeune femme de 28 ans, malentendante de naissance, vient en effet de rentrer d’une année entière passée en République démocratique du Congo. Une année entière d’immersion au sein de la société de cet immense état d’Afrique, qui aura fait d’elle une vraie enfant du pays. Pour cette habituée des grands voyages, tout a commencé il y a un peu plus de 18 mois, par un petit pépin de santé, qui l’aura maintenue clouée au lit pendant quelques semaines. Une période propice à la réflexion et à l’introspection et qui l’a conduite à prendre d’importantes décisions. « Ce souci de santé, lié au stress, m’a fait beaucoup réfléchir », raconte-t-elle. « Il m’a poussée à chercher une manière de vivre plus tranquillement et m’a donné envie d’aller voir ailleurs. C’est comme ça que j’ai pensé à l’Afrique ». 2000 élèves L’Afrique, un continent pas tout à fait inconnu pour Virginie, puisque sa mère a hébergé chez elle durant plusieurs années, Suzanne, une jeune Congolaise, étudiante à Fribourg et devenue une amie de la famille. Ni une ni deux, Virginie décroche le téléphone et appelle sa « sœur » congolaise en France, pays où elle réside désormais. « Mais c’est très simple, tu n’as qu’à venir chez nous à Kinshasa ! », répond immédiatement celle-ci, en toute spontanéité. Voici donc Virginie qui débarque dans la capitale congolaise un beau jour du mois d’août 2013, aussitôt accueillie par sa famille d’adoption. Diplômée de la Haute Ecole Pédagogique, et forte de plusieurs années d’enseignement à Romont, la jeune femme n’entend pas rester oisive. Alors qu’elle était encore en Suisse, elle a établi des contacts avec une école congolaise, dans la ferme intention d’y enseigner. « C’est sûr, ils se sont montrés sceptiques au départ. Une Blanche qui voulait venir enseigner chez eux, qui plus est bénévolement ! » Et pourtant, très vite après son arrivée, elle rejoint l’équipe d’enseignement du Complexe scolaire Monseigneur Moke, une école catholique d’enseignement primaire forte de 2000 (!) élèves répartis dans pas moins de 37 classes. Evidemment, c’est de manière très progressive que l’intégration professionnelle de la jeune enseignante se fait : « Au début, j’ai commencé comme stagiaire, m’occupant de tâches administratives pendant les premières semaines. Après une période d’observation dans les classes, j’ai ensuite commencé à enseigner de plus en plus fréquemment ». Très vite, l’expérience d’enseignement se mue en véritable échange pédagogique avec les enseignants. « Nous nous sommes enrichis mutuellement », se réjouit Virginie. « J’ai beaucoup appris avec eux, dans un environnement très différent du nôtre, mais eux aussi, petit à petit, en sont venus à me questionner sur ma propre expérience et sur la manière dont on travaillait ici en Suisse ». Seul bémol à cette extraordinaire aventure professionnelle, les châtiments corporels auxquels Virginie n’a jamais pu se faire. « Cela peut parfois être très violent, et jamais je n’aurais pu accepter cette manière de faire ! », déplore celle qui, chaque jour un peu plus, s’intègre en profondeur dans la société de Kinshasa. Seule Blanche à enseigner dans son école, ce qui lui vaudra d’ailleurs la curiosité de nombre de petits Congolais, elle vit, grâce à sa famille d’accueil, en pleine immersion dans le pays. Immersion Alors que la plupart des Occidentaux, humanitaires ou fonctionnaires des Nations-Unies se cantonnent à Gombe, dans le quartier résidentiel de la capitale, érigé en véritable périmètre de sécurité en plein centre-ville, Virginie elle, jouit de sa pleine liberté de mouvement. Et elle ne s’en prive pas. Sans la moindre inquiétude, elle sort beaucoup et se mêle aux Congolais, partageant leur vie quotidienne et leurs habitudes. « Ma grande chance, c’est d’être tombée sur une famille aisée, ce qui m’a permis d’avoir un vrai confort par rapport aux Congolais. Et comme cette famille faisait preuve de beaucoup d’ouverture d’esprit, elle m’a parrainée, soutenue et expliqué les codes culturels de son pays ». Car pour qui ne le connait pas, le Congo peut être un pays très hermétique. Là-bas, tout est à mille lieues des standards européens : pas de noms dans les rues, pas d’agences ni d’offices du tourisme, pas de stations de taxis qui d’ailleurs, déterminent eux-mêmes des itinéraires auxquels le client doit s’adapter, etc. Il faut donc se familiariser avec la manière de vivre de la population et Virginie apprend même peu à peu le lingala, le dialecte local, au point que, progressivement, et malgré sa couleur de peau, on en vient même à l’identifier comme quelqu’un de là-bas. « Cela m’a permis, dans ce pays très corrompu tout de même, de bénéficier des prix que l’on réserve aux Congolais », observe-t-elle en riant. « Ou de faire comprendre aux personnes en quête d’un plan de drague que je ne voulais pas être « dérangée » comme on dit joliment là-bas ! » Du temps au temps Après à peine quelque mois de séjour, Virginie parle donc congolais, mange congolais, pense congolais, et crée des liens avec les Congolais. « Un peu par hasard, je me suis retrouvée dans le jury d’un concours culturel, ce qui m’a permis d’aller dans de nombreuses écoles et communes du pays et de rencontrer un nombre incroyable de personnes. Là-bas, les gens ont fini par me dire « tu es une vraie kinoise » », rigole-elle, avant d’ajouter : « même le Consul de Suisse m’a dit : tu connais le pays mieux que moi ! » Après une année au Congo, Virginie est rentrée en Suisse en août dernier, profondément marquée par son expérience. « Le plus dur a été de se réadapter au mode de vie d’ici. Là-bas, malgré toutes les difficultés de ce pays très complexe, les gens prennent le temps de vivre et donnent du temps et de la valeur aux relations humaines. Du coup, c’est incontestable, on y vit infiniment moins stressé que chez nous ! » Bien entendu, celle qui vient de retrouver un emploi d’enseignante dans une école fribourgeoise, entend bien y retourner rapidement. Et pour cause : dans cet immense et lointain pays d’Afrique, devenu son pays d’adoption, elle a trouvé… l’Amour. Mais ça bien sûr, c’est une autre histoire… ChA  
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