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Alan Gross : « Renoncer au football a été très difficile ! »

15 juillet 2015
Publié le :
Malentendant depuis tout petit, Alan Gross est né à Yverdon et vit juste à côté, à Epautheyres (VD). Très sportif, doté d’un véritable esprit de compétition, ce jeune homme de 18 ans croque la vie à pleines dents.
Depuis quand êtes-vous malentendant ?
Probablement depuis la naissance, mais mes parents, alors que je devais avoir 2 ans, se sont rendus compte que quelque chose n’allait pas. Au passage, ils ont même dû beaucoup insister pour que le pédiatre se décide à m’envoyer faire des tests. Avec à la clé, un diagnostic de perte auditive, probablement d’origine familiale, même si on n’en est pas sûr. Toujours est-il que, dès ce moment-là, j’ai été appareillé !
Tout est rentré dans l’ordre ensuite ?
Oui, mais jusqu’à l’âge de 12 ans ! A ce moment-là, les choses se sont aggravées et je suis passé à une surdité sévère de l’oreille droite, alors que l’oreille gauche restait à peu près stable. C’était vraiment un moment difficile à passer ! Ensuite, pendant des années, je me suis adapté, en augmentant progressivement le volume du son de mes appareils, jusqu’en juillet 2013…
Et là, que s’est-il passé ?
J’ai été implanté, parce que je n’entendais presque plus et que mon quotidien devenait vraiment de plus en plus difficile ! Je dois dire que l’implant a été un vrai cap psychologique, car pour moi, il a été difficile à accepter : j’avais l’impression que l’implant était plus visible, que les appareils auditifs…
Et maintenant, qu’en pensez-vous, avec deux ans de recul ?
Franchement, je suis très content et cela a été clairement une bonne décision ! Avant, j’avais tendance à me replier sur moi-même mais avec l’âge, j’ai pris de l’assurance et l’implant m’a aidé par la suite. Je suis par exemple devenu beaucoup plus ouvert aux autres… Le seul bémol, c’est qu’à cause de l’implant et des risques de choc, j’ai dû renoncer à ma grande passion, le football !
Vous aimez le foot à ce point-là ?
Ah oui, et mon club fétiche est le Real Madrid ! D’ailleurs, tout petit, je rêvais de devenir footballeur professionnel, c’est dire ! Alors, renoncer au foot a été très difficile, d’autant que j’étais un bon attaquant, et que les entraîneurs me sollicitaient beaucoup ! Enfin bon, depuis, je suis passé au tennis, nettement moins dangereux pour l’implant !
Apparemment, le sport occupe une place importante dans votre vie…
Tout à fait ! Je fais beaucoup de tennis, de fitness, de course à pied, du ski et même du vélo ! Le sport, c’est un peu ma raison de vivre, une manière de me surpasser, et j’y consacre effectivement beaucoup de temps !
Et quels sont vos autres hobbies ?
J’aime beaucoup retrouver mes amis et écouter de la musique. Et puis, j’adore lire, la lecture est clairement mon autre grande passion.
Comment s’est déroulée votre scolarité ?
J’ai fait toute ma scolarité intégrée avec les entendants.
Et avez-vous bénéficié d’une aide quelconque ?
Oui, j’ai eu le soutien d’une logopédiste et j’avais un enseignant SPS (ndlr : soutien pédagogique spécialisé). En classe, j’ai également bénéficié de l’aide d’une codeuse jusqu’à l’âge de 10 ans. Et puis, à ce moment-là, j’ai décidé de m’en passer, car je trouvais sa présence, un peu… stigmatisante (rires) !
Et comment vous êtes-vous débrouillé dans ce cas ?
Mais bien ! J’ai beaucoup eu recours à la lecture labiale et j’obtenais de bonnes notes. En réalité, ce qui a été difficile, ce n’est pas tant le côté scolaire que les relations avec les camarades qui, à partir de la 8ème année, ont été plutôt délicates à gérer.
Qu’avez-vous fait à la fin de votre scolarité obligatoire ?
J’ai entamé un apprentissage d’employé de commerce.
Et cela a-t-il été facile à trouver ?
Disons que comme j’avais obtenu de bonnes notes, je décrochais quasi systématiquement des entretiens ! En revanche, après l’entretien, cela devenait subitement plus difficile, et je ne serais pas étonné que mes problèmes d’audition aient joué un rôle !
Aujourd’hui, comment se déroule votre apprentissage ?
Très bien, actuellement, je suis en dernière année et sauf mauvaise surprise, je vais obtenir mon CFC en juillet !
Et qu’envisagez-vous de faire une fois votre CFC décroché ?
Je vais faire la maturité professionnelle ! Et si tout se passe bien, pourquoi ne pas continuer les études ? Et puis, mais c’est pour plus tard bien sûr, j’ai un grand rêve, celui de parcourir le monde pour découvrir les merveilles de la nature et rencontrer des nouvelles personnes d’une autre culture.
Propos recueillis par Charaf Abdessemed
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